Nouveaux Mystères et aventures

Chapitre 6

 

– En chasse pour dix autres milles àpied, vieux camarade.

– Ah ! oui, pour un autre morceau desel gemme, à douze shillings la tonne…

– Ne parlons plus de cela, Jack, me ditTom avec un large rire, si vous avez de l’affection pour moi.Maintenant faites attention, Jack. Quels sots, quels fous nousavons été de nous laisser jeter à bas par une bagatelle ?Asseyez-vous seulement, un instant sur cette souche, et je vousrendrai la chose aussi claire que le jour. Vous avez vu plus d’unefois un bloc de sel gemme incrusté dans de la roche, et moi aussij’en ai vu, quoique j’aie fait tant d’affaires avec celui-ci. Ehbien, Jack, avez-vous jamais vu de ces morceaux-là briller dansl’obscurité à peine autant qu’une luciole ?

– Non, je ne peux pas dire que j’en aievu.

– Je puis m’enhardir jusqu’à prédire quesi nous attendions jusqu’à la nuit, ce que nous ne ferons pas, nousverrions cette lumière briller de nouveau parmi les rochers. Donc,Jack, quand nous avons détaché ce sel sans valeur, nous nous sommestrompés de cristal. Il n’y a rien d’étrange, dans ces collines, àce qu’un morceau de sel gemme se trouve à un pied de distance d’undiamant. Il en a pris l’éclat, et nous étions surexcités, nous noussommés conduits sottement, et avons laissé en place la véritablepierre. Vous pouvez y compter, Jack, la pierre précieuse de Sasassaest incrustée dans le périmètre du cercle magique tracé à la craiesur la surface de ce rocher de là-bas. Venez, vieux camarade,allumez votre pipe, et reprenez votre révolver, et nous serons bienloin avant que ce Madison ait eu le temps d’additionner deux etdeux.

Je ne crois pas avoir montré un bien vifenthousiasme cette fois.

J’avais déjà commencé à regarder ce diamantcomme un fléau sans compensation. Mais décidé à ne point jeterd’eau froide sur les espérances de Tom, je me déclarai tout prêt àpartir.

Quelle marche ce fut ?

Tom avait toujours été bon marcheur demontagne, mais ce jour-là l’excitation paraissait lui donner desailes, pendant que je m’évertuais de mon mieux à gravir derrièrelui.

Quand nous fûmes arrivés à moins d’undemi-mille, il prit le pas de charge, et ne s’arrêta que quand ilfut devant le cercle blanc tracé sur le rocher.

Pauvre vieux Tom ! quand je l’eusrejoint, son état d’esprit avait changé.

Il était là, debout, les mains dans lespoches, et le regard distrait, flottant devant lui, la minepiteuse.

– Voyez, examinez, dit-il en me montrantle rocher.

Il ne s’y voyait absolument rien quiressemblât à un diamant.

Dans le cercle on n’apercevait que la surfacelisse de couleur ardoisée, avec un gros trou, celui d’où nousavions arraché le morceau de sel gemme, et un ou deux petits creux.Quant à la pierre précieuse, pas de trace.

– Je l’ai examiné pouce par pouce, dit lepauvre Tom ; elle n’est pas là ; quelqu’un sera venu etaura remarqué le cercle, et l’aura prise. Rentrons à la maison,Jack, je me sens énervé, fatigué. Oh ! y eut-il jamais unemauvaise chance pareille à la mienne.

Je faisais demi-tour pour partir, mais jejetai d’abord un dernier coup d’œil sur l’escarpement.

Tom avait déjà fait une dizaine de pas.

– Holà ! criai-je, n’apercevez-vousaucun changement dans ce cercle depuis hier ?

– Que voulez-vous dire ? demandaTom.

– Retrouvez-vous une certaine chose qui yétait auparavant ?

– Le sel gemme ? dit Tom.

– Non, mais le petit corps saillant etarrondi dont nous nous sommes servi comme point d’appui. Je supposeque nous l’aurons descellé en manœuvrant le levier. Regardons unpeu de quoi il était fait.

En conséquence, nous cherchâmes parmi lescailloux détachés qui se trouvaient au pied de l’escarpement.

– Nous y voilà, Jack. Nous avons réussienfin. Nous voilà redevenus des hommes.

Je fis demi-tour et me trouvai en face de Tomqui rayonnait de joie et qui tenait à la main un petit morceau deroche noire.

Au premier coup d’œil, on eut pris cela pourun éclat de la pierre, mais tout près de la base, il en sortait unobjet que Tom me montrait avec enthousiasme.

On eut dit tout d’abord un œil de verre, maisil y avait là, un éclat et une profondeur transparente que jamaisne donna aucune espèce de verre.

Cette fois, il n’y avait pas erreur, nousétions bien possesseurs d’une pierre précieuse de grandevaleur.

Nous quittâmes donc la vallée d’un cœur léger,en emportant le « démon » qui y avait régné silongtemps.

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