Nouveaux Mystères et aventures

Chapitre 4

 

Nous entrâmes dans le défilé, en trébuchantparmi les éboulis.

Tout à coup j’entendis une exclamation courte,vive, lancée par Tom.

– Le voici, le rocher, s’écria-t-il endésignant une grande masse qui se dressait devant nous dansl’obscurité.

– Maintenant, je vous en supplie, faitesbon usage de vos yeux. Nous sommes à environ cent yards de lafalaise, à ce que je crois. Avancez lentement d’un côté ; j’enferai autant de l’autre. Si vous apercevez quelque chose,arrêtez-vous et appelez. Ne faites pas plus de douze pouces àchaque pas et tenez les yeux fixes sur l’escarpement à environ huitpieds de terre. Êtes-vous prêt ?

– Oui !

À ce moment j’étais encore plus excité quelui.

Quelle était son intention, qu’avait-il envue ?

Je n’avais pas même de supposition à ce sujet,si ce n’est qu’il se proposait d’examiner en plein jour la partiede la falaise d’où venait la lumière.

Mais l’influence de cette situation romanesqueet de l’agitation que mon compagnon éprouvait en la comprimant,était si forte que je sentais le sang courir dans mes veines et lepouls battre violemment à mes tempes.

– Partez, cria Tom.

Et alors nous nous mîmes en marche, lui àdroite, moi à gauche, en tenant les yeux fixés sur la base durocher.

J’avais avancé d’environ vingt pas, quand lachose m’apparut soudain.

À travers la nuit de plus en plus noire,brillait une petite lueur rouge, une lueur qui diminuait, quiaugmentait, papillotait, oscillait, qui à chaque changement faisaitun effet de plus en plus étrange.

L’antique superstition cafre s’empara de monesprit et je sentis passer en moi un frisson glacial.

Dans mon agitation, je fis un pas enarrière.

Alors la lueur disparut instantanément,laissant à sa place une profonde obscurité.

Je m’avançai de nouveau.

Elle reparut, la lueur rouge, à la base durocher.

– Tom, Tom ! criai-je.

– Oui, j’y vais, l’entendis-je crier àson tour, comme il accourait à moi.

– La voici… là, en haut, contre lerocher.

Tom était tout près de moi.

– Je ne vois rien, dit-il.

– Voyons, là, là, ami, en face devous.

En disant ces mots, je m’écartai un peu versla droite, et aussitôt la lueur disparut à mes yeux.

Mais à en juger par les exclamations joyeusesque lançait Tom, il était évident qu’après avoir pris la place quej’avais occupée, il voyait aussi la lueur.

– Jack, s’écria-t-il en se tournant et meserrant la main de toutes ses forces, Jack, vous et moi nousn’aurons plus lieu de nous plaindre de notre malchance.

« Maintenant faisons un tas de pierres àl’endroit où nous sommes. C’est cela.

« À présent nous allons fixer solidementnotre poteau indicateur au sommet. Voilà !

« Il faudrait un vent bien fort pourl’abattre et il nous suffit qu’il tienne bon jusqu’au matin.

« Oh ! Jack, mon garçon quand jesonge que nous parlions hier de nous faire employés, et vous quirépondiez que personne ne sait ce qui l’attend.

« Par Jupiter, Jack, voilà qui ferait unejolie nouvelle.

À ce moment, nous avions fixé solidement lepiquet vertical entre deux grosses pierres.

Tom se baissa et visa au moyen du montanthorizontal.

Il resta un bon quart d’heure à le fairemonter et descendre tour à tour ; enfin, poussant un soupir desatisfaction, il fixa le support dans l’angle et se redressa.

– Regardez sur cette ligne, Jack, dit-il.Vous avez le coup d’œil le plus juste que j’aie jamaisrencontré.

Je regardai sur la mire.

Là-bas, à portée de la vue, brillait la tachescintillante.

On eût dit qu’elle était au bout de la mire,tant la visée avait été exactement faite.

– Et maintenant, mon garçon, dit Tom,mangeons un peu et dormons.

« Il n’y a plus rien à faire cette nuit,mais demain nous aurons besoin de tout ce que nous aurons d’espritet de force.

« Ramassons du bois et faisons un feuici. Alors nous serons en état d’avoir l’œil sur notre poteauindicateur et de veiller à ce que rien ne lui arrive pendant lanuit.

Nous fîmes du feu, et nous soupâmes pendantque le démon de la Sasassa nous contemplait face à face de son œilmobile et étincelant.

Il continua de le faire pendant toute lanuit.

Toutefois ce ne fut pas toujours du mêmeendroit, car, après souper, quand je regardai le long de la mirepour le revoir, il était entièrement invisible.

Mais cette information ne troubla nullementTom ; il se borna à cette remarque :

– C’est la lune, et non l’objet, qui achangé de place.

Puis, se recroquevillant sur lui-même, ils’endormit.

Le lendemain, dès la pointe du jour, nousétions debout, et nous examinions le rocher au bout de notre mire.Nous ne distinguions rien, qu’une surface terne, ardoisée,uniforme, peut-être un peu plus raboteuse à l’endroit où arrivaitnotre ligne de mire, mais sans autre particularité remarquable.

– Maintenant mettons à exécution votreidée, Jack, dit Tom Donahue, en déroulant d’autour de sa taille unelongue ficelle, fixez-la par un bout, tandis que j’irai jusqu’àl’autre bout.

En disant ces mots, il partit dans ladirection de la base de l’escarpement, en tenant un bout de lacorde, pendant que je tirais sur l’autre en l’enroulant autour dupiquet, et le faisant passer par la mire du bout.

De cette façon, je pouvais dire à Tom d’allerà droite ou à gauche.

Notre corde était maintenue tendue depuis sonpoint d’attache, par le point de mire, et de là dans la directiondu rocher, où elle aboutissait à environ huit pieds du sol.

Tom traça à la craie un cercle d’environ troispieds de diamètre autour de ce point.

Alors il me cria de venir le rejoindre.

– Nous avons combiné l’affaire ensemble,Jack, dit-il, et nous ferons la trouvaille ensemble, s’il y en aune.

Le cercle, qu’il avait tracé, comprenait unepartie du rocher plus lisse que le reste, excepté au centre, ou seremarquaient quelques noyaux saillants et rugueux.

Tom m’en montra un en poussant un cri dejoie.

C’était une masse assez irrégulière, de teintebrune, qui avait à peu près le volume du poing d’un homme, et qu’oneût pris pour un tesson de verre sale incrusté dans le murescarpé.

– C’est cela ! s’écria-t-il, c’estcela !

– Cela, quoi ?

– Eh ! mon homme, undiamant, et un diamant tel qu’il n’y a monarque au mondequi n’en envie la possession à Tom Donahue ! Jouez de votrebarre de fer, et bientôt nous aurons exorcisé le démon de la valléede Sasassa.

J’étais si abasourdi que pendant un instant jerestai muet de surprise, à contempler le trésor qui était tombéentre nos mains de façon si inespérée.

– Allons, dit Tom, passez-moi le levier.À présent, en prenant comme point d’appui la saillie qui sort icidu rocher, nous pourrons le faire sauter… Oui, il cède. Je n’auraisjamais cru qu’il serait venu aussi facilement… À présent, Jack,plus nous nous dépêcherons de retourner à la cabane, et de làd’aller au Cap, mieux nous ferons.

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