Précaution

Chapitre 35

 

Amis, embarquons-nous pour le Portugal ! Ce sont de bonschrétiens qui habitent ce pays.

PRIOR.

Rien de remarquable ne se passa pendant lespremiers jours qui suivirent le départ de lady Laura ; lesMoseley menaient une vie assez retirée ; mais dès qu’ilsparaissaient dans une réunion, Derwent était aux côtés d’Émilie, àlaquelle il semblait faire la cour la plus assidue ; en mêmetemps les attentions de Chatterton pour lady Henriette devenaientde jour en jour plus marquées, et tous les deux jouaient le rôle devéritables amants.

Vers cette époque la douairière reçut unelettre de Catherine, qui la suppliait d’arriver le plus tôtpossible à Lisbonne, où son mari, après beaucoup de doutes etd’indécision, venait de fixer sa résidence.

Lady Herriefield, sans expliquer la cause deses chagrins, faisait entendre qu’elle était malheureuse, et que sisa mère ne venait pas l’aider à supporter ses maux, il lui seraitbientôt impossible d’y résister plus longtemps.

Lady Chatterton, qui aimait sincèrement sesenfants, quoiqu’elle n’agît pas toujours dans leurs véritablesintérêts, se décida sur-le-champ à partir pour le Portugal par lepremier paquebot. Chatterton sentait qu’il devait accompagner samère : les yeux de lady Henriette lui disaient derester ; le devoir et l’amour se combattaient dans son cœur,lorsque John, prenant pitié de ses souffrances et n’étant pas fâchéde faire faire ce voyage à sa jeune épouse, offrit ses services àla douairière.

Chatterton se laissa persuader par John que samère pouvait en toute sûreté traverser l’Océan sous saprotection ; en conséquence, après avoir fait toutes lesdispositions nécessaires, le jour fut fixé où la douairière devaitpartir pour Falmouth avec les jeunes époux.

Lady Chatterton ayant intention de rester enPortugal avec sa fille aînée, Jane offrit à sa belle-sœur de veniravec elle, de lui tenir compagnie au retour ; et ses parents,appréciant ses motifs, permirent ce voyage, espérant qu’elle ytrouverait une diversion utile à ses chagrins.

Grace ne put s’empêcher de verser quelqueslarmes en se séparant d’Émilie et de ses autres amis ; maiselle ne pouvait ressentir longtemps l’atteinte du chagrin, envoyant l’air de joie et de contentement de son mari. La saisonétait belle, et nos voyageurs arrivèrent bientôt à Falmouth, où ilsdevaient s’embarquer.

Le lendemain matin le paquebot mit à la voile,et une brise favorable leur fit bientôt perdre de vue leur paysnatal. Pendant quelques jours les dames souffrirent trop du mal demer pour monter sur le tillac ; mais la beauté du ciel et lecalme de l’Océan les engagèrent enfin à sortir de la cabine pourrespirer un air plus frais.

Le paquebot ne portait que peu depassagers ; il s’y trouvait, entre autres, plusieurs femmesd’officiers au service de l’Espagne, qui allaient rejoindre leursmaris ; la vie errante qu’elles avaient menée souvent lesavait habituées à lier facilement connaissance ; nosvoyageuses se trouvèrent donc bientôt à l’aise avec leurscompagnes, et leur société contribua à diminuer l’ennui de latraversée.

Tandis que Grace, appuyée sur le bras de sonmari, oubliait auprès de lui la frayeur que lui avaient d’abordcausée les mouvements du navire, Jane s’aventura, avec une desjeunes dames dont nous avons parlé, à faire quelques pas sur letillac ; mais, peu habituées encore au roulis du vaisseau,elles couraient risque d’être renversées, lorsqu’un jeune hommequ’elles n’avaient point encore vu vint obligeamment à leursecours. Ce léger accident, et le service auquel il avait donnélieu, amenèrent une conversation que le jeune homme sut rendreintéressante, et qu’il saisit avec empressement l’occasion derenouveler. Il se fit présenter par le commandant du vaisseau sousle nom de M. Harland, et lady Chatterton ayant mis en jeu tousles ressorts de son génie pour apprendre ce qu’il était, où ilallait, et pour quel motif, parvint bientôt à recueillir lesdétails suivants :

Le révérend et honorable M. Harland étaitle plus jeune fils d’un comte irlandais, et il était depuis quelquetemps dans les ordres. Il venait de prendre possession d’une bellecure qui était à la nomination de la famille de son père. Le comtevivait encore, et il était dans ce moment avec sa femme et sa filleà Lisbonne, où il avait conduit son fils aîné qu’une lenteconsomption entraînait dans la tombe, et auquel les médecinsavaient recommandé l’air du midi. Le devoir qui retenait le jeuneministre au milieu de ses paroissiens l’avait empêché d’être duvoyage ; mais la prière d’un frère mourant, qui lui écrivaitde se hâter s’il voulait l’embrasser encore, le désir de porter desconsolations à ses malheureux parents l’avaient décidé à ne plusdifférer de les rejoindre.

La découverte du rang de leur nouvelleconnaissance ; la probabilité qu’il allait hériter de lapairie, augmentait beaucoup son importance aux yeux de ladouairière ; tandis que ses chagrins, sa piété sansaffectation, ses vœux désintéressés pour la guérison de son frère,lui assuraient l’estime de ses autres compagnons de voyage.

Il semblait y avoir une sorte de sympathieentre Jane et Harland, quoique leurs chagrins provinssent de causesbien différentes. La mélancolie empreinte sur les traits de Janeajoutait un nouveau charme à sa beauté, et son image séduisantevenait souvent se placer entre le ministre et ses tristespensées.

Leur voyage ne présenta aucun incidentremarquable, et longtemps avant d’avoir atteint le but, ladouairière avait assuré à sa fille que Jane serait comtesse avantpeu. Grace désirait bien sincèrement qu’elle ne se trompât pointdans ses conjectures, et que sa nouvelle sœur fût aussi heureuseque tous les parents de John lui paraissaient le mériter.

Ils entrèrent de grand matin dans la rade deLisbonne, et comme le vaisseau y était attendu depuis quelquesjours, M. Harland y trouva une barque qui avait été envoyéeau-devant de lui, et qui lui apportait la triste nouvelle de lamort de son frère. Il s’y jeta précipitamment, et fit faire forcede rames pour arriver plus tôt où il avait à remplir un doubledevoir comme fils et comme ministre de l’évangile.

Lady Herriefield reçut sa mère avec un plaisirmêlé d’amertume ; mais elle ne put dissimuler une sorte defrayeur en voyant ses trois compagnons de voyage. Ces derniersn’eurent pas de peine à deviner que leur arrivée n’était pointattendue par le vicomte, et qu’il était douteux qu’elle lui fûtagréable. Un seul jour passé dans la maison de ces nouveaux épouxsuffit pour les convaincre que jamais le bonheur n’y avaithabité.

Du moment où lord Herriefield soupçonna qu’ilavait été dupe des artifices de la douairière et de Catherine, ilne vit plus cette dernière qu’avec la prévention la plusdéfavorable. Il connaissait trop le monde pour ne pas découvrirbientôt l’égoïsme et la frivolité de sa femme ; et comme ellene croyait avoir aucun défaut, elle ne faisait aucun effort pourles cacher. Son désir de plaire n’avait eu que le mariage pourbut ; elle avait réussi ; que lui restait-il àfaire ? Si le vicomte avait eu seulement pour elle les égardsque tout homme bien né doit à une femme, elle se fût trouvéeheureuse de partager son rang et sa fortune. Mais dès qu’ilsétaient seuls, Catherine avait beaucoup à souffrir des emportementsde son mari, qui voulait la punir d’avoir mis en défaut laconnaissance parfaite qu’il croyait avoir du caractère desfemmes.

Un des privilèges dont les hommes sont le plusjaloux, c’est celui de se choisir une épouse sans se laisserinfluencer par qui que ce soit ; et ceux même qui souventn’ont été guidés dans leur choix que par le goût des autres sepersuadent qu’ils n’ont suivi que le leur, et ils ne sont heureuxqu’autant qu’ils le croient. Mais lord Herriefield avait perducette flatteuse illusion ; et au mépris qu’il sentait pour safemme, se joignait beaucoup d’humeur contre lui-même de n’avoir pasété plus clairvoyant.

Comme le malheureux objet de sa colère étaitcomplètement en son pouvoir, le vicomte semblait déterminé à ne luilaisser aucun sujet de s’applaudir du succès de ses artifices.Naturellement jaloux, il l’était devenu bien davantage uni à unefemme qui ne l’aimait pas, et dont les principes n’étaient pointétablis sur une base solide.

Privée de tous plaisirs, accablée de reprochesqu’elle ne savait point repousser, ne jouissant d’aucun desavantages que sa mère lui avait toujours fait envisager dansl’avenir comme les douces prérogatives des femmes mariées, elleavait écrit à cette dernière de venir la joindre, dans l’espoir quesa présence serait un frein pour son mari, ou que la douairière,par ses conseils l’aiderait à s’opposer avec succès à la conduiteoutrageante du vicomte.

Elle ne s’était mariée que pour jouir desplaisirs du monde ; la douairière le savait, et la réclusionoù la tenait son mari lui prouvait plus que les plaintes les plusvéhémentes combien Catherine devait se trouver malheureuse. Bientôtil ne put même lui rester aucun doute, et tous les chagrinsdomestiques de sa fille se montrèrent à découvert à ses yeux.

La présence et l’exemple de John et de Graceavaient forcé le vicomte pendant quelque temps à montrer plusd’égards pour sa femme ; mais la glace une fois rompue, ils’abandonna sans contrainte à sa jalousie et à sa brutalité.

Lorsqu’une scène désagréable éclatait entreles époux, Grace, triste et effrayée, se retirait dans sa chambre,et Jane la suivait avec dignité, tandis que John, forcé d’êtretémoin de ces querelles matrimoniales, avait bien de la peine àcomprimer son indignation, et s’échappait à son tour dès qu’il entrouvait l’occasion, pour tâcher d’oublier auprès de sa femme et desa sœur ces fâcheux différends.

John n’avait jamais aimé ni même respectéCatherine, qui ne possédait aucune des qualités attachantes qui luifaisaient chérir sa sœur ; mais elle était femme, elle étaitdevenue sa parente, et il lui était impossible de rester pluslongtemps tranquille spectateur des mauvais traitements qu’ellerecevait souvent de son mari. Il fit donc tous les préparatifsnécessaires pour quitter le Portugal par le premier paquebot, aprèsun séjour d’environ un mois.

Lady Chatterton s’épuisait en efforts pourrétablir la bonne intelligence entre sa fille et son mari ;mais c’était une tâche au-dessus de son pouvoir. Il était trop tardpour remédier à la mauvaise éducation de Catherine, et pour luiapprendre par quelle douceur et quelle soumission elle eût pureconquérir le cœur de son mari. Après avoir engagé sa fille à semarier dans la seule vue d’acquérir un rang et des richesses, ladouairière vit bien qu’il ne lui restait plus qu’un parti àprendre, celui d’amener une séparation décente entre lord et ladyHerriefield, et d’assurer du moins à sa fille une partie de lafortune à laquelle elle l’avait sacrifiée.

John désirait profiter du reste de leur séjourà Lisbonne pour en montrer les environs à sa femme et à sa sœur.Dans une de leurs excursions, ils rencontrèrent leur compagnon devoyage, monsieur, maintenant lord Harland. Il fut enchanté de lesrevoir et d’apprendre leur prochain départ ; car il sepréparait aussi à quitter le Portugal, où ses parents s’étaientdécidés à passer encore l’hiver.

Les deux familles se virent plusieurs foisavant le jour de l’embarquement, et toujours avec un nouveauplaisir.

Lady Chatterton resta avec Catherine, pourl’aider à exécuter les plans qu’elle n’aurait pas été capable depoursuivre seule ; et elles se donnèrent toutes deux autant depeine pour rompre ce mariage qu’elles en avaient pris pour leformer.

Le désœuvrement qu’on éprouve à bord d’unvaisseau établit des relations plus intimes entre ceux qui, dansd’autres moments, se seraient peut-être bientôt perdus de vue. Onsent plus le besoin de faire des frais pour paraître aimable etdiminuer ainsi l’ennui de la traversée ; et de cette intimité,d’abord presque forcée, naît souvent le désir de se revoir, etbientôt après un attachement qui, pour avoir une cause légère, n’endevient pas moins sérieux.

Lord Harland en offrit une nouvelle preuve. Ils’était embarqué sur le même vaisseau que ses nouveaux amis. Àpeine était-on en mer qu’il devint passionnément amoureux, et Janegoûtait un plaisir d’autant plus pur qu’elle n’avait pas encorecherché à se rendre compte des sentiments qu’elle avait faitnaître. L’amour n’était pas entré un seul instant dans sespensées ; mais il est si doux d’inspirer l’intérêt lorsqu’onéprouve un vide cruel ! les compliments, les propos flatteurs,sont un baume si agréable lorsque l’âme est ulcérée, que Janeécoutait avec un plaisir infini le jeune ministre, qui ne laissaitéchapper aucune occasion de lui adresser la parole.

Cependant la conversation d’Harland roulaitquelquefois sur des sujets plus graves et plus sérieux, et Gracealors ne l’écoutait pas avec moins d’attention que sa sœur. C’estun fait digne de remarque que les femmes se sentent plus portéesaux sentiments religieux immédiatement après leur mariage qu’àtoute autre époque de leur vie. Grace éprouvait cette influencesalutaire de l’union qu’elle venait de former. Élevée dans lamaison de sa mère, au milieu des distractions sans cesserenaissantes de la société, elle n’avait pas encore réfléchi surtoute l’importance de ses devoirs. Le jeune ministre, sansaffectation, et avec une douceur vraiment persuasive, lui en fitsentir toute l’étendue ; et, préparée comme elle l’était àrecevoir ses leçons ou plutôt ses conseils, elle en retira lesfruits les plus heureux, et dut se rappeler toute sa vie avecplaisir son voyage sur mer.

Tout en s’occupant de porter la convictiondans l’âme si docile de Mrs Moseley, Harland n’en était pasmoins sensible aux charmes de sa sœur, qu’il n’avait que tropd’occasions de contempler pour son propre repos ; et lorsquele bâtiment entra dans le port de Falmouth, il était décidé àoffrir son cœur et sa main à miss Jane Moseley.

Jane n’aimait pas Egerton, il ne lui inspiraitplus que du mépris ; mais le temps n’était pas encore éloignéoù l’image du perfide remplissait son cœur, occupait toutes sespensées, et sa délicatesse se refusait à ce qu’une autre image pritsi vite, prit même jamais possession de ce cœur à peine guéri de sablessure.

Ces objections auraient pu s’affaiblir avec letemps, si elle eût voulu laisser quelque espérance à Harland, etqu’elle eût consenti à recevoir encore ses soins ; mais ilétait un obstacle qu’elle regardait comme insurmontable, et quis’opposait à ce que jamais elle se mariât. Elle n’avait point cachéau colonel la passion qu’il lui avait inspirée ; il avait reçude sa bouche même l’assurance de son amour, et elle n’eût pu donnerà Harland que les restes d’un cœur qui s’était déjà donné hautementà un autre. Lui en faire mystère, c’eût été manquer à la bonne foi,à la délicatesse ; le lui avouer, c’eût été une humiliation àlaquelle la fierté de Jane n’eût jamais pu se résoudre. Harland sedéclara : il fut refusé ; cependant elle avait déjà conçupour lui une estime qui sans doute aurait bientôt donné naissance àun sentiment plus tendre, et l’attachement fondé sur une pareillebase aurait été plus solide et plus durable que celui que lecolonel Egerton avait su lui inspirer.

Harland éprouva de ce refus une douleurd’autant plus vive qu’il y était moins préparé ; et, osant àpeine espérer que le temps apporterait quelque changement à unerésolution qui semblait si bien prise, il fit à Falmouth de tristesadieux à une famille dans laquelle il s’était flatté d’entrer. Nosvoyageurs continuèrent leur route vers le petit village de B***,où, pendant leur absence, la famille de sir Edward était revenuepasser un mois avant d’aller s’établir à Londres pour le reste del’hiver. Leur retour rendit la vie à Moseley-Hall, et y ramena unegaieté qui depuis quelques mois en était bannie. Jane avait biendes choses à raconter ; John bien des observations malignes àfaire, et il s’établit de nouveau entre eux une petite guerre danslaquelle Émilie remplit les fonctions importantes demédiatrice.

Comme la saison était alors avancée, et quedepuis quelque temps tout le beau monde était de retour dans lacapitale, le baronnet se prépara à prendre possession de sa maisonde ville, après un intervalle de dix-neuf ans. John fut envoyé enavant pour faire les dispositions nécessaires, retenir desdomestiques, acheter des meubles, enfin prendre toutes les mesuresindispensables pour que la famille de sir Edward pût reparaître àLondres avec éclat. Il revint bientôt annoncer que tout était prêtpour leur entrée triomphale.

Sir Edward ne voulut pas faire une absenceaussi longue sans prendre congé de M. Benfield, à qui son âgefaisait trouver les séparations doublement pénibles ; ilespérait d’ailleurs le décider à les accompagner. Émilie futchargée d’en faire la première la demande ; elle s’y prit avecbeaucoup d’adresse, et ses négociations furent couronnées d’unsuccès qu’elle osait à peine espérer. Seulement le vieillard mitpour condition que Peter serait du voyage, car il ne pouvait sedécider à se séparer de lui.

– Vous me faites faire une folie, moncher neveu, dit M. Benfield lorsqu’il se vit forcé dans sesderniers retranchements ; et cependant, après tout, il y a desexemples de bons et dignes gentilshommes qui, sans être duparlement, vont passer l’hiver à Londres. Eh parbleu !vous-même d’abord ; et puis, vous rappelez-vous le vieux sirJohn Cowell, celui qui ne put jamais entrer dans la chambre,quoiqu’il se mît sur les rangs pour représenter toutes les villesdu royaume ? eh bien ! l’hiver il n’en retournait pasmoins habiter Soho-Square. Oui, tout considéré, la chose estfaisable. Si j’avais su plus tôt vos projets, je me serais faitnommer par mon bourg pour son représentant ; d’autant plus,ajouta-t-il en branlant la tête, que les ministres de Sa Majestéont besoin de quelques bonnes têtes dans ces temps critiques.Parbleu ! que voulez-vous qu’un vieillard comme moi aillefaire à Londres, si ce n’est point pour aider son pays de sesconseils ?

– Et si par sa présence il peut faire lebonheur de ses amis, mon cher oncle ? dit Émilie en prenant lamain de M. Benfield entre les siennes, et en le regardant avecun doux sourire.

– Ah ! ma bonne Emmy, s’écria levieillard en se retournant vers elle, il est impossible de vousrésister. C’est tout comme la sœur de mon vieil ami, lordGosford : avec ses cajoleries elle me faisait faire tout cequ’elle voulait. Un jour, il m’en souvient, le comte lui disaitdevant moi qu’après toutes les dépenses qu’il faisait pour elle ilne pouvait encore lui acheter des boucles d’oreilles de diamant,dont elle avait envie ; elle ne dit pas un seul mot… Emmy…,pas un seul ! mais elle me regarda d’un air… ! ah !si vous aviez vu son regard, Emmy ! Je n’y pus résister !je courus chez un orfèvre pour lui acheter les boucles d’oreillequ’elle désirait.

– Est-ce qu’elle les accepta, mononcle ? lui demanda sa nièce d’un air de surprise.

– Parbleu ! si elle lesaccepta ! Je lui dis que si elle me refusait, je les jetteraisdans la rivière, parce que personne ne porterait jamais ce qui luiavait été destiné. Ce n’est pas l’embarras, elle fit bien desfaçons, la pauvre enfant ! Il fallut la convaincre qu’ellesavaient coûté trois cents livres sterling ; alors elle pensaque ce serait dommage de jeter trois cents livres sterling dans larivière. C’eût été une obstination déplacée, c’eût été del’entêtement, n’est-ce pas, chère Emmy ? et elle n’en avaitpas ; oh ! non, elle n’avait aucun défaut.

– Ce devait être une personne bienparfaite en vérité, s’écria le baronnet en souriant ; et ilprit congé de M. Benfield pour aller donner les ordresnécessaires pour leur départ.

Mais il est temps que nous allions rejoindrela société que nous avons laissée à Bath.

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