Précaution

Chapitre 39

 

Dites, quel discours peut charmer de si cruels regrets ?

GOLDSMITH.

Le lendemain de l’arrivée des Moseley à larésidence de leurs ancêtres, Mrs. Wilson remarqua qu’Émilie mettaitsa pelisse en silence, et que sans rien dire elle sortait seule,presque furtivement. Il y avait dans son air, sur tous ses traits,une teinte de mélancolie qui fit soupçonner à sa tante pleine deprudence, qu’elle ne faisait cette promenade que pour se livrerplus librement à des sentiments qu’elle devait au contrairecombattre de tout son pouvoir ; et ses soupçons prirent unenouvelle force lorsqu’elle la vit se diriger vers le berceau, versce même lieu où Denbigh s’était jeté au-devant du coup qui lamenaçait. Mrs Wilson mit précipitamment son manteau, et ellesuivit sa nièce dans le double motif d’éclaircir ses doutes, etd’interposer en même temps son autorité s’il était nécessaire, pourprévenir à l’avenir de pareilles excursions qui, pour de jeunesimaginations, ont toujours leur danger.

Émilie, en approchant du berceau (car elle s’yrendait en effet), vit que la verdure était flétrie, et que toutautour d’elle était triste et désolé. Quelle différence avec lespectacle que le même lieu lui avait offert, la dernière foisqu’elle y était venue ! Comme tout alors était riant etanimé ! Hélas ! la même révolution s’était opérée dansson cœur ; le doux espoir avait fait place à de tristesréalités ! Puis elle se rappelait la conduite de Denbigh surce lieu même, ses attentions toujours si délicates, si prévenantes,surtout lorsqu’elle en était l’objet. Tous ces souvenirs venaientl’assaillir à la fois, et, oubliant le motif pour lequel elle étaitvenue, subjuguée par son émotion, elle se laissa tomber sur un bancde gazon, et donna un libre cours à ses sanglots.

Tout à coup elle entend marcher auprès d’elle.À peine a-t-elle le temps de s’essuyer les yeux et de rassemblerses pensées en désordre, que Mrs Wilson entre sous le berceau.Regardant sa nièce d’un air sévère que jamais elle n’avait prisavec elle, et qui fit trembler Émilie.

– La religion nous impose l’obligation,lui dit-elle, et cette obligation, nous devons nous l’imposer ànous-mêmes, de chercher à étouffer les passions qui sontincompatibles avec nos devoirs, et que condamnent nos principes, etil n’y a point de faiblesse plus grande que de chercher à lesnourrir lorsque nous sommes convaincus de notre erreur. C’est unaveuglement qui peut avoir pour nous les conséquences les plusfunestes que de persévérer à croire innocents ceux que l’évidencenous a démontrés coupables. Plus d’une femme a mis elle-même lesceau à son malheur par cette obstination volontaire. Que sera-cesi l’on y joint la vanité impardonnable de penser qu’on exerceraune influence salutaire sur un homme que la crainte de Dieu a puretenir dans le devoir !

– Ô ma chère tante ! ne me parlezpas avec cette rigueur, s’écria la pauvre fille ensanglotant ; je n’ai point cette faiblesse dont vousm’accusez ; puis, levant sur sa tante ses grands yeux où sepeignait la plus touchante résignation, elle ajouta :

– Ici, à l’endroit même où il me sauva lavie, je venais prier pour que son âme s’ouvrît au repentir, etqu’il revînt de toutes ses erreurs.

Mrs Wilson, attendrie presque jusqu’auxlarmes, la considéra un moment avec un mélange de joie à la vue desa pieuse ferveur, et de pitié à l’aspect de cette trop grandesensibilité dont elle était la victime.

– Je vous crois, ma chère, luirépondit-elle d’un ton plus doux, je ne doute pas que, quel quesoit l’amour que vous ayez pu ressentir pour Denbigh, vous n’aimiezencore plus votre Dieu et ses commandements, et je suis sûre quelors même qu’il serait libre, et que vous fussiez seule au monde,sans autre guide que vous-même, vous ne vous oublieriez jamais aupoint de consentir à lui donner votre main. Mais ce n’est pasassez ; ne sentez-vous pas comme moi que tous vos effortsdoivent tendre à bannir à jamais de votre cœur un homme qui nemérite pas d’y occuper plus longtemps la place qu’il a indignementusurpée ?

– Oui, sans doute, dit Émilie d’une voixtremblante et qu’on entendait à peine, et c’est l’objet de toutesmes prières.

– Très bien, mon enfant, ditMrs Wilson en l’embrassant ; avec de tels moyens, etgrâce à de constants efforts, vous finirez infailliblement partriompher de vos plus grands ennemis, de vos passions. Lesobligations qui sont imposées à notre sexe sont bien pénibles, jele sais, mais nous n’en avons que plus d’honneur à les remplir.

– Oh ! comment ne serait-on pastrompé par les apparences, si… s’écria Émilie en serrant ses mainsl’une contre l’autre avec énergie, si un homme tel que Denbigh a puse laisser aller… à autant de bassesse, voulait-elle dire, mais lahonte lui imposa silence.

– Il est heureusement peu d’hommes quisachent se couvrir aussi habilement du voile de l’hypocrisie.L’exemple de Denbigh fait exception à une règle sacrée : quel’on reconnaît l’arbre à ses fruits prouve que, malgré nosprécautions et notre prudence, nous pouvons nous tromper encore. Leseul moyen de diminuer le danger, c’est d’être continuellement surnos gardes ; et si c’est un devoir pour les jeunes personnes,c’en est un bien plus impérieux encore pour leurs parents, qui nepeuvent jamais le négliger sans crime.

Émilie, qui pendant ce discours avait reprisquelque empire sur ses sentiments, pressa en silence la main de satante contre ses lèvres, et s’éloigna la première d’un lieu où toutlui parlait trop de celui dont il lui fallait bannir l’image de soncœur.

Elles reprirent sans se parler le chemin de lamaison, et à leur retour elles trouvèrent heureusement une lettrede Julia, qui fit quelque diversion aux tristes pensées qui lesoccupaient. Elle leur annonçait son prochain départ, et le désirqu’elle avait de prendre congé d’elles à Londres avant de quitterl’Angleterre. Comme elle indiquait l’époque probable où le vaisseausur lequel elle devait s’embarquer mettrait à la voile, la tante etla nièce virent avec joie que cette époque était postérieure àcelle que sir Edward avait fixée pour leur voyage à Londres.

Si Jane eût été à la place d’Émilie, en serappelant que Mrs Fitzgerald avait été la cause, bieninnocente sans doute, de ses peines, ses passions violentes etaveugles lui auraient fait confondre dans son ressentimentl’innocent avec le coupable, ou, si la réflexion eût justifié cettedame à ses yeux, cependant son orgueil et une délicatesse malplacée lui auraient fait regarder son nom seul comme un reproche,et l’auraient empêchée d’avoir jamais aucune relation avecelle.

Il n’en était pas ainsi d’Émilie. Les malheursde Mrs Fitzgerald lui avaient inspiré le plus tendre intérêt.Malheureuse elle-même, elle n’en avait pour cette dame que plus decompassion encore. Si son nom seul lui rappelait le souvenir deDenbigh, elle avait trop de raison pour lui en faire un crime, etelle espérait que le temps guérirait sa faiblesse. Une premièrepassion ne s’efface pas en un instant ; elle laisse dans lecœur des traces profondes qu’il est bien difficile de fairedisparaître entièrement.

L’arrivée de John avec sa femme et sa sœurrépandit un peu de gaieté dans la famille. M. Haughton fut undes premiers à venir féliciter les jeunes époux.

Quelques jours avant celui où ils devaientpartir pour Londres, John, dans un de ses accès de folie, dit àM. Benfeld avec un grand sérieux, que, quoiqu’il admirâttoujours le goût que Peter Johnson déployait dans sa toilette, ilne savait pas trop si le costume de l’honnête intendant quisemblait narguer la mode, ne causerait pas un véritable scandaledans la capitale.

John avait en effet remarqué, lors du premiervoyage que Peter avait fait à Londres, qu’une troupe de polissonss’étaient mis à ses trousses en le poursuivant de leurs raillerieset de leurs propos injurieux ; que des injures ils en étaientvenus aux menaces, et que peut-être même ils se seraient permis desvoies de fait si le prudent vieillard n’avait battu en retraite etne s’était réfugié dans un fiacre. C’était donc pour lui éviter àl’avenir de semblables, désagréments qu’il faisait cetteobservation.

On était alors à dîner et l’intendant était àson poste auprès du buffet. En entendant prononcer son nom, ils’approcha, jeta un coup d’œil sur toute sa personne pour voir sitout y était en règle, puis s’inclinant d’un air modeste, il rompitle silence, déterminé à plaider lui-même sa cause.

– En vérité, monsieur John !monsieur John Moseley ! s’il m’est permis de dire ma façon depenser, il me semble que pour un homme de mon âge, pour un ancienserviteur, ma mise n’a rien qui puisse faire rougir mon respectablemaître.

Le plaidoyer de Johnson en faveur de soncostume attira sur lui les regards de tous les convives ; etun sourire involontaire dérida toutes les figures à la vue del’accoutrement bizarre du vieil intendant.

– Je pense comme John, mon cher oncle,dit à son tour sir Edward ; votre intendant pourraitintroduire quelque amélioration dans sa toilette sans mettre à latorture l’adresse de son tailleur.

– Sir Edward… mon cher maître…,permettez-moi, messieurs…, s’écria le vieillard tout ému, quicommençait à trembler pour ses vieux compagnons, ces jeunes genspeuvent aimer leurs habits à la mode, mais mon maître et moi noussommes accoutumés aux vêtements que nous portons, et nous y tenonsparce que nous y sommes accoutumés.

Johnson parlait avec une gravité et en mêmetemps avec un feu vraiment comique. Son maître l’examina à son tourde la tête aux pieds ; après avoir réfléchi en lui-même quejamais il n’avait vu à aucun membre de la chambre un domestiqueaffublé de la sorte, il crut qu’il était temps d’émettre aussi sonopinion.

– Je me souviens, dit-il, que le valet dechambre de lord Gosford ne portait jamais la livrée ; mais envérité, Johnson, je vous assure que je ne l’ai jamais vu se mettrecomme vous. Chaque membre avait son domestique, et assez souvent onprenait le valet pour le maître. Lady Juliana, après la mort de sonneveu, avait aussi un ou deux domestiques sans livrée, mais quiétaient habillés d’une tout autre manière. Ainsi, Peter, je suis del’avis de John Moseley ; il faut faire quelque changement àvotre toilette, par égard pour les convenances.

– Et vous aussi, Votre Honneur !balbutia Johnson, plus alarmé que jamais en voyant que son maîtrese rangeait contre lui. Que M. John Moseley, que tous cesjeunes seigneurs suivent la mode, rien de mieux, c’est de leur âge.Ah ! Votre Honneur, ajouta-t-il en se tournant vers Grace, eten s’inclinant presque jusqu’à terre, si j’avais une jeune et joliedame à qui je voulusse plaire, je pourrais alors désirer dechanger ; mais, Monsieur, à mon âge on tient à ses vieilleshabitudes, et mes beaux jours sont passés. Et Peter soupira ausouvenir de Patty Steele et de ses amours. Grace le remercia de soncompliment par un sourire, et elle dit avec gaieté qu’un hommeaussi galant devait mettre plus de soin à sa toilette.

– Peter, lui dit son maître d’un tondécisif, je crois que Mrs Moseley a raison. Si j’allais rendrevisite à la vicomtesse (lady Juliana avait alors plus desoixante-dix ans), vous m’y suivriez, et votre bizarre accoutrementne pourrait manquer de choquer son goût délicat. Maintenant que jevous regarde avec attention, vous me rappelez le vieil Harris, legarde-chasse du comte, un des hommes les plus insupportables quej’aie jamais connus.

Peter ne balança plus ; il connaissaitl’antipathie que son maître avait conservée contre le vieil Harris,qui, au lieu d’aider lady Juliana à passer au-dessus d’unebarrière, dans un moment où elle était poursuivie par un taureaufurieux, s’était amusé à poursuivre un braconnier. Le fidèleintendant n’eût voulu pour rien au monde conserver un vêtement quirappelait de fâcheux souvenirs à son excellent maître ;cependant il pensa un moment à ne faire d’innovations que dans lapartie inférieure de son costume, car, quoiqu’il se creusât la têtepour se rappeler celui du coupable garde-chasse, il n’y pouvaittrouver de rapport que dans une vieille culotte de peau qu’ilportait depuis une trentaine d’années.

Mais, craignant d’être trahi par sa mémoire,il s’offrit à l’inspection de John, et se soumit à tous leschangements qu’il lui indiqua. Trois jours après la conversation àlaquelle sa toilette avait donné lieu, il parut vêtu à la mode,d’un habit complet couleur tabac d’Espagne.

Lorsque ce grand changement fut opéré, Peters’admira longtemps dans une glace, et pensa que si le goût deM. John eût pu diriger sa toilette dans sa jeunesse, le cœurendurci de Patty Steele n’eût pas toujours été inaccessible.

Sir Edward désirait réunir encore une fois sesbons voisins avant de les quitter pour tout l’hiver ; et laveille du départ de toute la famille pour la capitale, le docteurYves et sa femme, Francis et Clara, et les Haughton, vinrent dînerà Moseley-Hall. Les hommes venaient de quitter la table pourrejoindre les dames, lorsque Grace rentra dans le salon, avec unephysionomie rayonnante.

– Votre air de satisfaction semble nousannoncer quelque bonne nouvelle, dit le docteur en voyant sa figureépanouie.

– Une bien bonne, sans doute, réponditGrace, du moins je l’espère et je le crois sincèrement. Une lettrede mon frère m’annonce son mariage et me donne l’espoir de le voirarriver bientôt à Londres.

– Son mariage ! s’écriaM. Haughton en jetant involontairement les yeux surÉmilie ; lord Chatterton marié ! Oserai-je vous demanderavec qui ?

– Avec lady Henriette Denbigh, au châteaude Denbigh dans le Westmoreland. Ils se sont mariés sans bruit etbien secrètement, je vous assure, puisque Moseley et moi noussommes ici ; mais rien ne pouvait me faire plus de plaisir quecette nouvelle.

– Lady Henriette Denbigh ! répétaM. Haughton… quoi ! une parente de notre ancien ami… devotre ami, miss Émilie, ajouta-t-il en se rappelant la scène duberceau. Émilie eut assez d’empire sur elle-même pourrépondre :

– Je crois, Monsieur, que c’est sacousine germaine.

– Lady Henriette ? commentdonc a-t-elle obtenu ce titre ? ajouta l’ami indiscret, qui nese doutait pas qu’il marchait sur un terrain glissant.

– Elle est fille du feu duc de Derwent,répondit Mrs Moseley, qui aimait autant que lui à parler de sanouvelle sœur.

– Comment se fait-il donc que la mort duvieux M. Denbigh ait été annoncée tout uniment comme celle deGeorge Denbigh, écuyer, s’il était le frère du duc ? dit Jane,oubliant la présence du docteur et Mrs Yves, dans sa rage deconnaître toutes les généalogies. N’aurait-il pas dû recevoir letitre de lord, ou du moins celui d’honorable ?

C’était la première fois qu’on s’oubliait aupoint de faire allusion devant la famille du docteur à la mort deleur ami ; et la pauvre Jane, s’apercevant de soninadvertance, n’osait plus ni parler ni lever les yeux. Le bonministre, voulant rompre le silence embarrassant qui avait suivil’indiscrétion de Jane, et prévenir d’autres questions, réponditdoucement :

– Je présume que c’est parce que le feuduc succéda au titre d’un cousin germain. Mais, Émilie, j’espèreque vous me tiendrez au courant de tous les plaisirs dont vousjouirez dans la capitale… Émilie le lui promit volontiers, et laconversation prit un autre tour.

Dans ses entretiens avec le docteur,Mrs Wilson avait soigneusement évité tout ce qui aurait pul’amener à parler de son jeune ami, et le docteur de son côtéparaissait craindre autant qu’elle que la conversation tombât surDenbigh.

– Les espérances qu’il avait conçues sonttrompées comme les nôtres, pensait la veuve, et il craint tout cequi pourrait lui rappeler un souvenir pénible. Il a été témoin deses attentions pour Émilie, il est instruit de son mariage aveclady Laura, et, comme il a beaucoup d’attachement pour nous tous,et en particulier pour Émilie, il est blessé d’une telleconduite.

– Sir Edward ! s’écriaM. Haugthon en riant, savez-vous que, si cela continue, lesbarons vont devenir très communs ? Avez-vous entendu direcombien nous avons été près d’en avoir un de nouvelle fabrique dansnotre voisinage ?

Sir Edward ayant répondu négativement, sonvieil ami ajouta :

– Ce n’était rien moins que le capitaineJarvis qui ambitionnait ce titre.

– Le capitaine Jarvis ! répéta-t-onautour de lui ; expliquez-vous, monsieur Haughton.

– Mon plus proche voisin, le jeuneWalker, ayant été à Bath pour sa santé, n’a pas voulu revenir àB*** sans y rapporter quelques nouvelles bien surprenantes, ouquelque histoire bien scandaleuse.

Lady Jarvis, car elle a pris ce titre depuisqu’elle nous a quittés, voulait à toute force faire un lord de sonhéritier, et pendant six mois ils unirent tous leurs efforts pouréconomiser une somme capable de séduire le ministre, et del’engager à honorer la pairie d’un illustre personnage.

Bientôt après, la fille de notre ancien ami,William Harris, entra dans le complot, et avança même environ 200livres pour concourir à une si belle œuvre. Quelques circonstancescependant venant éveiller les soupçons de Caroline, elle demanda àêtre mise plus au courant des affaires. Le capitaine avaitprévariqué ; miss Harris se plaignit, jusqu’à ce que celui-ci,avec plus de véracité que de politesse, lui dit qu’elle étaitfolle ; que l’argent, il l’avait dépensé ou perdu au jeu, etqu’elle ne devait pas croire que le ministre et lui fussent assezsots, le premier pour le faire baron, et lui pour l’épouser. Enfinelle vit qu’il l’avait prise pour dupe.

John écoutait cette histoire avec un véritabledélice, et impatient de tout savoir il dit :

– Mais cela est-il bien vrai, et commentle public en a-t-il été informé ?

– Miss Harris eut l’imprudence de seplaindre, et le capitaine, pour mettre les rieurs de son côté,raconta toute l’affaire, de sorte que la première est devenuel’objet des sarcasmes de tout Bath, et Jarvis celui du méprisgénéral.

– Pauvre sir William ! dit lebaronnet avec compassion, que je le plains !

– Je crains bien qu’il ne doive tous sesmalheurs qu’à sa faiblesse, répondit le docteur.

– Mais vous ne savez pas tout encore,reprit M. Haughton, nous ne sommes au monde que pour souffrir.Lady Jarvis pleura, et tourmenta sir Timo pour qu’il résiliât sonbail : celui-ci se fâcha d’abord, puis il finit par consentirà prendre une autre maison dans une partie du royaume où ni le nomni l’histoire de miss Harris ne seraient connus.

– Ainsi donc voilà encore sir Williamobligé de chercher un locataire, dit lady Moseley, qui neregrettait guère ses derniers voisins.

– Non, Milady, continua M. Haughtonen souriant ; vous savez que Walker est procureur, et de tempsen temps il travaille pour sir William. Lorsque Jarvis résilia sonbail, le baronnet se trouvait justement à court d’argent, et ilpensa que, puisque le Doyenné ne lui était pas utile, il n’avaitrien de mieux à faire que de le mettre en vente. Le lendemain,tandis que Walker était avec sir William, un jeune lord vint voirce dernier ; et, sans marchander, il promit de lui en comptertout de suite 30 mille livres sterling.

– Et quel est ce jeune homme ?demanda lady Moseley avec empressement.

– Le comte de Pendennyss.

– Le comte de Pendennyss ! s’écriaMrs Wilson enchantée.

– Pendennyss ! dit le docteur enregardant avec un sourire Mrs Wilson et Émilie.

– Pendennyss ! répétèrent d’un airde surprise toutes les personnes qui se trouvaient dans lachambre.

– Oui, dit M. Haughton, le Doyennéappartient maintenant au comte, qui, dit-on, l’a acheté pour sasœur.

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