Cousin de Lavarède !

Chapitre 13L’ESCALIER DU DIABLE

Un jeune officier, à la fine moustache noire,s’avança vers Lavarède, auprès duquel la muette se tenaitrayonnante de joie :

– Monsieur, dit-il, la présence à voscôtés de cette gentille messagère me fait supposer que vous êtes levoyageur qui nous a appelés ici.

– Vous ne vous trompez pas. Mais unequestion, seriez-vous Français ? Vous parlez notre langue avecune facilité…

– Toute naturelle. Originaire de lafrontière piémontaise, j’ai appris en même temps l’italien et lefrançais. C’est même ce qui m’a valu l’honneur de commander ledétachement envoyé à votre secours.

– Je vous remercie, Monsieur.Permettez-moi de mettre encore votre courtoisie àl’épreuve ?

– Trop heureux de vous être agréable,parlez.

– Eh bien. Si vos soldats ne sont pastrop fatigués, partons à l’instant.

– J’allais vous le proposer.

– Alors en route. Je ne serai tranquillequ’au milieu du campement italien.

L’officier fit entendre un commandement bref,et les bersaglieri, encadrant les prisonniers, sortirent de labasilique.

On traversa la ville, plus déserte encore quede coutume. Ses rares habitants avaient fui à rapproche desItaliens. Il était sage de ne pas perdre de temps, car sans aucundoute quelque fuyard rejoindrait l’armée du Négus pour l’informerde la pointe poussée sur Axoum.

D’un pas alerte, les chasseurs filaient parles rues silencieuses. Plusieurs hommes partis en avant éclairaientla marche.

Précaution inutile. À cette heure, la citésainte, en dehors des prêtres de la basilique, ne contenait pas unêtre vivant.

Sans encombre on gagna la plaine. On latraversa et bientôt la petite troupe s’engouffra dans un étroitdéfilé, passage rocheux qui trouait à l’Est la ceinture de granitde la plaine d’Axoum.

Avec une brusquerie saisissante, le paysageavait changé. Aux champs verdoyants succédait un terrain tourmenté,difficile. Les voyageurs arrivaient dans « lacitadelle », ainsi que Georges Charlet du PetitJournal a justement dénommé le plateau abyssin qui domine lamer Rouge.

Partout des rochers de teinte brune amoncelésen un effrayant désordre, surplombant la route étroite ; dansles anfractuosités croissaient des chardons géants, aux ardillonsacérés, dont les villages se font un rempart infranchissable, puisle djibara aux feuilles rigides d’un vert sombre allongées en formede sabre, le kolkoual, arbuste gracieux et perfide, car sa sève estempoisonnée.

On montait sur des crêtes balayées par desvents glacés, puis le caprice du chemin conduisait la caravane dansdes vallées encaissées, où l’on haletait sous une températuretorride, îlots verdoyants, humides et malsains cachés au fond d’unentonnoir rocheux.

C’était le pays formidable et mortel qui, pardes gradins escarpés, s’abaisse jusqu’à la mer, et que les Anglais,en 1868, lors de leur expédition contre Théodoros, avaient appeléThe devil’s stairs, l’Escalier du Diable.

Après deux heures de marche, on fit halte surun petit plateau abrité par une muraille de rochers. Le besoin d’unpeu de repos se faisait sentir. Lotia n’avançait plus quepéniblement – dans la précipitation du départ, on avait oublié samonture – et Maïva, malgré son courage, semblait exténuée.

Tous, soldats et prisonniers, s’étendirent surla mousse dure et roussie qui tapissait le sol. Les regards vaguesparcoururent l’horizon tourmenté comme celui d’une mer furieusebrusquement figée, puis les paupières lourdes s’abaissèrent. Tousdormaient en dehors des sentinelles vigilantes placées autour duplateau.

Durant quelques minutes, personne ne bougea,puis Radjpoor couché auprès de Niari rouvrit les yeux, relevalentement la tête, s’assura que nul ne l’observait, et rassuré parl’immobilité de ses compagnons, il appela doucement :

– Niari.

L’Égyptien tressaillit. Ses paupièresbattirent, il coula autour de lui un regard perçant etrépondit :

– Je vous écoute, Seigneur.

– Nous sommes joués. Notre homme va sefaire conduire à Massaouah. Il prendra passage sur un navire pourl’Europe, échappant ainsi à l’Angleterre, qui a besoin de le tenirmort ou vif, pour tuer dans l’œuf la révolte égyptienne.

– Comme patriote, Sahib, je m’enréjouis.

– Tu as tort, te dis-je. Tu m’es dévoué,tu dois donc penser seulement ce que je pense.

Niari ne répliqua pas. Une contractiondouloureuse plissa sa face et ce fut tout.

– Es-tu prêt à m’obéir, reprit Radjpooraprès un silence ?

– Je l’ai juré, fit soudainement soncomplice. Quoi que vous ordonniez, j’obéirai.

– Bien, c’est tout ce que je désire.Niari, il faut que tu t’évades.

– Je m’évaderai.

– Que tu gagnes Massaouah avant nous.

– J’irai.

– Tu verras le consul anglais, tu luiexposeras la situation. Qu’il prenne des ordres à Londres ; uncablegramme, sa réponse, en vingt-quatre heures, il seraédifié.

– Quand dois-je partir ?

– Le plus tôt sera le mieux.

– Alors, Sahib, approchez-vous de moi, etsi vos mains ne sont pas trop étroitement serrées, déliez lescordes qui entourent les miennes.

De nouveau Radjpoor promena aux alentours unregard soupçonneux. Personne ne l’observait. Les factionnairesimmobiles sur les roches tournaient le dos au campement. Par desmouvements lents, insensibles, les deux hommes se rapprochèrent,leurs mains se touchèrent. Puis chacun reprit sa place et feignitde dormir.

Cependant si quelqu’un avait pu se glisserprès du faux Hindou, il eût pu l’entendre murmurer :

– J’aurai le diamant d’Osiris. C’est lafortune colossale, indépendante. Mon rêve !

Le soleil commençait à s’abaisser versl’horizon, quand l’officier qui commandait le détachement donna lesignal du départ.

En un instant, les soldats furent debout,rompirent les faisceaux, et assujettissant leurs cartouchières sepréparèrent à reprendre la marche. Les prisonniers s’arrachèrent àla sieste avec plus de lenteur, mais enfin la colonne fut reformée.Au premier signe, les éclaireurs, pointe d’avant-garde etflanqueurs, s’étaient éloignés.

On quitta le plateau. Le sentier sinueux etaccidenté se déroula de nouveau devant les voyageurs. Dans unsilence accablant, on avançait toujours. Soudain, les blocsgranitiques qui resserraient le passage se terminèrent par unefalaise à pic, dont le pied se perdait à deux cents mètres plusbas, dans un vallon encaissé, où à travers un fouillis inextricablede plantes entrelacées, courait un ruisseau tumultueux, torrentminuscule, écumant dans son lit de rochers. En face, à un kilomètrede là, une autre falaise dressait sa masse énorme. Comme un barragegéant, le chemin allait de l’une à l’autre, coupé au milieu par unpont de bois jeté sur le cours d’eau. De chaque côté, des pentesraides couvertes de genévriers au feuillage raide, à la silhouettegrimaçante.

Avec précaution, ralentissant leur allure, lesbersaglieri s’engagèrent en file indienne sur le sentier. Au centreétaient les prisonniers. En avant et en arrière les soldats.

La moitié du chemin fut parcourue sansencombre. La tête de la colonne s’engageait sur le pont, à cinqcents pieds au-dessous duquel mugissait le torrent. Soudain Niarichancela, perdit l’équilibre, et se renversa sur la pente qu’ildévala avec une rapidité vertigineuse.

Avant que l’on eût pu se rendre compte del’événement, l’Égyptien avait disparu.

L’officier commanda une halte. Des chasseursfurent envoyés à la recherche du prisonnier. Ils descendirent dansla vallée, fouillèrent les taillis, mais sans retrouver la moindretrace de Niari. Un à un ils revinrent. À leur avis, le captif avaitdû tomber dans la rivière qui, bien que de faible profondeur, avaitun courant assez violent pour emporter le corps d’un homme. Lemalheureux avait dû être brisé contre les rochers dont le lit dutorrent était encombré.

Impressionnés par cet incident tragique, tousse remirent en route. Seule, Lotia, à qui Radjpoor avait parlé àvoix basse, ne semblait pas émue. Un vague sourire errait sur seslèvres roses, et ses yeux se fixaient avec une ironie cruelle surLavarède.

Vers cinq heures du soir, épuisés, brisés, lesvoyageurs parvinrent au camp italien. L’officier, qui les avaitguidés jusque-là, les conduisit au mess – baraque primitive – oùses collègues se réunissaient pour prendre leur repas.

Ceux-ci reçurent Lavarède et Ulysse aveccourtoisie. Sur leur demande, Lotia et Maïva s’assirent à la tabledressée pour eux. Une nouvelle idée avait germé dans l’esprit del’ancien caissier. Lotia était son épouse. Pourquoi nel’emmènerait-il pas en Europe, où il lui démontrerait, preuves enmain, qu’il n’était pas le Thanis qu’elle abhorrait. Ilrégulariserait, à la mode de France, son union égyptienne et ilpourrait être heureux.

Aussi, après avoir répondu de son mieux auxquestions de ses hôtes, s’enquit-il des moyens de gagnerMassaouah.

– Il n’en est qu’un, lui répondit lejeune officier, son cicerone ; c’est de partir avec un de nosconvois. Seulement, je dois vous avertir que le trajet n’est passans danger. Des bandes pillardes parcourent la montagne, et il estrare qu’un voyage s’effectue sans coups de fusil.

Il ne disait pas que les partisans de Ménélikinterceptaient à peu près deux convois sur trois, affamant ainsil’armée italienne. Il ne disait pas que déjà l’on avait abattu lesattelages de l’artillerie pour nourrir les troupes, et que l’heureétait proche où il faudrait vaincre ou mourir.

Il ne le croyait pas sans doute. Avec sa belleconfiance de la jeunesse et du courage, il ajouta :

– Avant peu une grande bataille selivrera par ici. Nous occupons solidement un triangle formé parEnfiscio, Adoua et Adigrat, attendant une occasion d’écraser lesAbyssins. Vous feriez mieux de rester avec nous, et après lavictoire, vous gagneriez sans péril le port de Massaouah.

Pauvre garçon ! quelques jours plus tard,il devait trouver la mort dans cette bataille d’Adoua qu’ilannonçait. Avec dix mille soldats, il devait dormir l’éternelsommeil sur cette terre de granit qu’il rêvait de conquérir pour sapatrie.

Mais bien qu’il ne devinât pas cet avenirsombre, Lavarède insista pour partir le plus promptement possible.Sa tendresse pour Lotia, son aversion pour les aventures lepoussaient irrésistiblement vers Paris, ce Paris paisible où ilirait chaque matin à son bureau, sur des trottoirs admirablementplats, sans être contraint de franchir des abîmes ou d’escaladerdes montagnes.

Et avec une bonne grâce parfaite, le jeuneofficier s’informa, apprit qu’un convoi de ravitaillement,retournait le surlendemain à Massaouah. Il obtint de ses chefs lapermission pour les voyageurs de profiter de l’escorte. Robert,Astéras, Maïva et Lotia seraient amenés au port de l’Érythrée, oùils seraient libres. Quant à Radjpoor et aux matelots égyptiens, onles remettrait aux mains de la justice italienne qui statuerait surleur sort.

L’attente du départ sembla interminable auxFrançais. Astéras encore la supporta, car il occupait ses loisirsforcés à continuer la cure de la muette, qui en quittant le campitalien, prononçait presque sans difficulté les cinqvoyelles : a, e, i, o, u.

Mais l’ancien caissier, auquel Lotia refusaitde répondre, devenant, par un jeu d’équilibre de la fatalité,muette volontaire alors que Maïva commençait à parler, l’anciencaissier errait à travers le camp, surprenant sur les visagespâles, amaigris par la fièvre et par la famine, le secretdouloureux de cette effroyable expédition d’Abyssinie qui a coûté àl’Italie tant d’or et tant de sang. Il les plaignait ces malheureuxsoldats, victimes comme lui d’une volonté étrangère ; cesbraves gens qui sans être consultés, toujours ainsi que lui-même,avaient été arrachés de leur pays fertile, dont on avait interrompules rires et les chansons pour les amener sur ce sol ingrat, grand« mangeur d’Européens », dont le chaos granitique sedresse comme un tombeau géant au-dessus des rivages desséchés de lamer Rouge.

De ces promenades, il revenait profondémenttriste, et ce lui fut un soulagement quand, le convoi formé, lui etses compagnons juchés sur des mulets, il serra pour la dernièrefois la main de l’officier italien.

La caravane s’ébranla, traversa le camp,répondant aux adieux des soldats, héros souriants dont si peudevaient survivre à la bataille d’Adoua.

Dire ce que fut cette descente vers la côteest impossible. L’Escalier du Diable ménageait chaque jour unesurprise nouvelle aux voyageurs. À chaque instant, des remparts degranit rouge barraient la route. On les escaladait au prix de millepeines, et quand on atteignait les sommets de 2 à 3,000 mètres,c’était pour apercevoir d’autres obstacles de même nature, séparésentre eux par de profondes vallées.

Si loin que pussent se porter les regards, descubes, des pyramides, des aiguilles rocheuses, des montagneséventrées, déchiquetées, disloquées, s’entassant les unes sur lesautres, apparaissaient ainsi qu’un troupeau de monstres vomis parl’enfer. Les unes figuraient des châteaux en ruines, d’autressemblaient de gigantesques animaux, gonflant étrangement leurséchines, comme pour bondir sur les audacieux qui passaient à leurspieds.

Et dans ce pays désolé, dans ce décoreffrayant, on comprenait le succès des rapides coups de main des« guérillas » abyssines ; on craignait à toutinstant d’être surpris. Dans les vallées, on considérait aveceffroi les hauteurs, pris par la crainte de les voir se couronnerde guerriers. Durant la traversée des gorges, un vague malaisefaisait courber la tête aux soldats de l’escorte. Ils sesouvenaient que, peu de jours auparavant, un convoi avait étélittéralement broyé sous une avalanche de pierres lancées d’en hautpar un ennemi invisible. Cependant on contourna sans encombre laplace forte d’Adigrat, on passa à Sénafé, à Goura.

Encore soixante-dix kilomètres à parcourir etl’on atteindrait la baie d’Adulis, où Massaouah, construite sur uneîle peu éloignée de la côte, offrirait à l’escorte, aux voyageurs,un asile gardé par la mer.

Les visages se rassérénaient. Et cependant ledanger était proche.

À deux lieues d’Asmara, la caravane, après unemontée fatigante, déboucha sur un plateau couvert de broussailleset tomba en plein bivouac de partisans Abyssins. Sans doute, leséclaireurs s’étaient relâchés de leur surveillance en approchant dubut.

Toujours est-il qu’en un instant les ennemisse dispersèrent, devinrent invisibles, et qu’une grêle de balless’abattit sur le chemin. Rapidement, l’escorte s’était formée entirailleurs et répondait au feu des assaillants.

Lotia immobile sur la route, un peu pâle maisla tête droite, regardait. D’un bond, Robert fut auprès d’elle, etlui appuyant la main sur l’épaule, il la força à s’accroupir sur lesol.

– Vous avez peur, Thanis, dit-elle avecune moue méprisante ?

Il rougit sous l’injure :

– Oui, peur pour vous ; car en cequi me concerne, il n’en est rien.

Et se dressant de toute sa hauteur :

– Après tout, cela m’habituera à lafusillade. Cela peut toujours servir.

Pendant quelques minutes, les détonations sesuccédèrent. Des fumées blanches s’élevaient lentement, semblantramper à la cime des broussailles. Des sifflements rapidespassaient dans l’air, chant lugubre des balles dans leur volhomicide. Puis les coups de feu se firent plus rares ;l’ennemi battait en retraite, mollement poursuivi par lesItaliens.

À un coup de sifflet du chef de l’escorte,ceux-ci rallièrent le convoi, rapportant deux blessés et un mort,qui furent placés sur un chariot.

– Eh bien, murmura Lavarède, je n’avaisjamais vu de combat sérieux… En somme, ce n’est pas terrible.

Et tirant son chapeau, il envoya un grandsalut dans la direction qu’avait prise la bande des indigènes. Maisson mouvement commencé ne s’acheva pas. Au bout de son bras, soncouvre-chef était à hauteur de ses yeux, et il voyait au travers.Un projectile en avait traversé la partie supérieure, déchirant lacoiffe.

– Les imbéciles, gronda l’anciencaissier, ils m’ont abîmé mon chapeau – puis par réflexion, ilajouta en souriant – Lotia, regardez ceci, vous verrez que je n’aipas peur.

L’Égyptienne leva les yeux, elle considéra lestrous laissés par la balle à la partie supérieure de la coiffure,et blême, comme effrayée de ce qu’elle disait, elle pensa à hautevoix :

– Un peu trop haut !

– Trop haut, répéta le jeune homme sanscomprendre ?

Mais le sens des paroles de sa compagne luiapparut. Elle exprimait un regret. Si le projectile avait frappé unpouce plus bas, il traversait le crâne de Robert.

Il ne trouva rien à répondre, mais son regardse voila, et comme la colonne se remettait en marche, il suivit engémissant :

– Comme elle me hait, moi qui l’aimetant.

Le soir même on campa à Asmara. À partir de cepoint, on n’avait plus aucune surprise à redouter. Des troupesnombreuses gardaient la route, et jusqu’à Massaouah aucun retouroffensif de l’ennemi n’était possible. En outre on quittait lamontagne. La plaine de sable succédait, brûlante, desséchée, aride,mais permettant une allure plus rapide, n’exigeant pas un effortaussi violent.

Le surlendemain la mer apparut au loin. Onhâta le pas, talonnant les mules exténuées, et bientôt on arrivasur la plage, entre les baraquements provisoires dressés pourrecevoir les troupes de réserve. Un bras de mer séparait seul lesvoyageurs de l’île de Massaouah !

Et comme ils aspiraient a pleins poumons l’airque le voisinage de la nappe liquide chargeait de vapeur d’eau, unhomme d’une trentaine d’années, qui causait avec deux matelotsassis dans une grande chaloupe amarrée à un piquet de bois fiché enplein sable, se retourna, examina le groupe formé par les soldatset leurs prisonniers, puis s’avança vivement.

Le nouveau venu, grand, blond, rose de teint,était vêtu avec cette propreté correcte qui distingue lesAnglo-Saxons. Coiffé d’un casque colonial, couvert d’un veston etd’un pantalon blancs, une cravate bleue à pois soigneusementajustée au cou, il vint au chef de l’escorte et l’attira àl’écart :

– Vous arrivez d’Adoua, demanda-t-il,lorsqu’il fut à quelques pas des voyageurs ?

– Oui, Monsieur, en effet.

– Et ces Européens qui vous accompagnentsont ceux que l’on retenait captifs à Axoum ?

– Comment, vous savez cela ?

– Je suis sir Polson, consul deGrande-Bretagne à Massaouah.

L’Italien s’inclinacérémonieusement :

– Pardon, Monsieur, je ne vousconnaissais pas.

– Don’t mention it, please.Veuillez seulement jeter les yeux sur ce papier signé de M. legouverneur général de l’Érythrée.

Ce disant, sir Polson tendait à soninterlocuteur une feuille administrative, à en-tête dugouvernement. Celui-ci la parcourut du regard, examinaattentivement la signature, et lentement :

– Ordre de vous remettre les voyageursramenés d’Axoum. Où vous plaît-il que je les conduise ?

L’Anglais désigna la chaloupe, près delaquelle il se tenait un instant plus tôt :

– Veuillez les faire embarquer.

– Immédiatement, Monsieur le Consul.

Avec empressement l’Italien rejoignit satroupe. Lavarède et ses amis furent menés auprès de l’embarcationet priés d’y prendre place.

Ils obéirent sans protester, pensant que lecanot allait les transporter dans l’île de Massaouah. Alors lefonctionnaire britannique sauta dans l’esquif, s’assit au bancd’arrière et commanda :

– Go ahead !

Les matelots frappèrent l’eau de la pelle deleurs avirons, et l’on s’éloigna du rivage, tandis que l’escorteitalienne, faisant volte face, se dirigeait d’un pas accéléré versles baraquements.

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