Le Bataillon de la Croix-Rousse

En avant partout

Mouton se dit en montant sur soncheval :

– Est-ce que ce médecin serait un hommeet cet homme serait-il général ?

Pendant toute la tournée d’inspection, il eutl’occasion de rendre justice à la sûreté de vues, à la sagacité deDoppet.

Celui-ci avait trouvé les colonnesd’Auvergnats et de Nivernais trop éloignées et mal réparties. Ilavait sévèrement fait assigner des postes plus rapprochés à cescolonnes sur Saint-Genis et Grézieux.

Il avait montré du coup d’œil et fait preuvede sévérité.

Tout le monde sentit sa main.

De retour au château de la Pape, il convoquales généraux et les représentants et, en attendant, il tint conseilavec ses officiers et Mouton qu’il appréciait fort.

Après avoir écouté les avis, il prit unerésolution et il attendit l’arrivée des généraux et desreprésentants.

Ceux-ci réunis (Dubois-Crancé et Gauthier serendirent à cet appel), Doppet fit connaître ses décisions.

Aussitôt que toutes les rectificationsseraient faites dans la ligne d’investissement, notamment àSaint-Genis et à Grézieux, il prévenait tous les générauxcommandant les camps qu’il voulait, du 26 au 27, c’est-à-dire dèsle lendemain, une marche générale en avant pour l’enlèvement desderniers postes qui couvraient les positions principales del’ennemi : à la Croix-Rousse, le cimetière qui n’était pasencore pris en ce moment, à Oullins par la prise du pont de laMulatière, devant Sainte-Foy par la prise des avant-postes, devantla Duchère par la prise de ce château.

Et il termina en disant :

– C’est une épreuve que je tente !Si vos « rochers d’Auvergne », citoyen Couthon, si vos« dogues nivernais » citoyen Javogue, si tout le mondefait son devoir et se montre solide, je vous annonce que, le 30septembre, nous livrerons une bataille générale sur toute laligne.

« Sinon, non ! On se résignera àprendre Lyon par la famine. Tout dépend des épreuves que nousallons tenter dans ces deux nuits de demain et d’après-demain.

Couthon se tut.

Qu’eût-il dit ?

Dubois-Crancé approuva.

– Général, dit-il, vous avez raison et,pour ma part, j’offre de marcher avec Javogue à l’assaut desavant-postes de Sainte-Foy.

Javogue fit une légère grimace.

Il y avait là une vengeance deDubois-Crancé.

Très ardent, Javogue manquait pourtant un peude courage militaire : il allait être obligé d’en montrer àcôté de son intrépide collègue.

Celui-ci se montra, du reste, digne de saréputation de courage dans ces journées très chaudes : lesoldat en lui resta au-dessus de tout éloge, et avant que sadestitution ne fût arrivée, il eut le temps de se battreencore ; nous allons le voir à la tête des colonnes queDoppet, le nouveau général, lançait aux assauts.

L’admiration de la Convention pour la bravourede Dubois-Crancé le sauva plus tard des accusations portées contrelui.

Il s’associa du reste franchement aux plans deDoppet du jour où celui-ci fut le chef de l’armée.

Les combats furent sanglants, mais enfinl’armée de la Convention triompha.

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