Le Bataillon de la Croix-Rousse

Le guet-apens de la Croix-Rousse

Le général d’artillerie de Chenelettes venaitd’arriver, mandé par Roubiès.

Celui-ci le reçut sans témoin.

– Général, lui dit l’abbé, je viens derecevoir du dehors un avis important. Avant deux heures d’ici,l’ennemi se présentera devant les retranchements de laCroix-Rousse.

– Je le sais ! dit Chenelettes. Mesespions particuliers m’ont prévenu et j’attends l’ennemi.

– En tête duquel, dit Roubiès, marche unbataillon de Jacobins lyonnais, dit de la Croix-Rousse.

– Et commandé par Saint-Giles !ajouta Chenelettes.

– Vous êtes bien renseigné, général,répliqua Roubiès. C’est cela ! Mais ce bataillon apporte unesommation qu’il doit nous faire signifier par un trompette et quinous donne une heure pour réfléchir avant que les républicains necommencent le feu sur la ville avec les pièces de campagne de petitcalibre que ce détachement traîne avec lui.

– Deux méchants canons de calibre de4 ! fit Chenelettes. Nous sommes en mesure de pulvériserça.

– Je n’en doute pas ; mais je trouvequ’il serait très dangereux de laisser des pourparlers s’établirentre nos avant-postes et l’ennemi : qu’une seule de noscompagnies tourne et passe aux Jacobins, c’est fini ; Lyonnous fond dans la main.

– Et nous sommes frits dans cette friturecomme des goujons du Rhône dans l’huile ! dit Chenelettes enriant – aussi faut-il aviser.

– J’ai pensé, fit Roubiès, que, siquelqu’un de nos artilleurs, par imprudence, tirait un coup decanon sur les républicains qui vont chercher à s’aboucher avec lesnôtres, cela romprait les pourparlers ; on s’accuserait desdeux côtés de guet-apens et de trahison ; les deux partis s’envoudraient à mort.

– Malheureusement, dit Chenelettes, ceque vous me proposez-là est impossible.

– Pourquoi donc ? Un artilleur ivre,tirant sans ordre, cela se voit dans tous les sièges.

– Mais ce coup de canon est entendu parles deux armées : ce coup de canon est commandé ; ce coupde canon fait crier au guet-apens, comme vous dites ; et puisla loyauté militaire me défend d’employer ce moyen…

– Oh ! général, un scrupule aussimesquin ! Comment ! nous qui trahissons si ouvertement laFrance pour rétablir son roi, nous nous arrêterions à cettemisère ?

– Oui ! Toute déloyauté déplaît ausoldat. Je ne tiens pas à mériter le mépris de mon armée. L’estimedu général est pour moitié dans le courage des troupes. Aussi ai-jepensé à autre chose.

– Ah !

– Oui. Il m’a semblé que quelques coupsde fusils remplaceraient avantageusement votre coup de canon,surtout s’ils étaient tirés dans les rangs des républicains.

– Ah ! général, nous commençons ànous comprendre. Mais comment amènerez-vous les républicains à nousenvoyer des coups de fusil ?

– Je n’ai pas dit que ce seraient lesrépublicains qui tireraient, j’ai dit seulement que les coupspartiraient de leurs rangs.

– Je vous comprends encore mieux que toutà l’heure. Vous enverrez des émissaires.

– Ils sont partis. Ce sont des hommes ducommandant Pierre, celui-ci est avec eux : tous sont habitantsde la Croix-Rousse, mais Auvergnats. Ils se cacheront dans lamaison même du commandant. Ils ont mission de faire feu en l’airsur nos Lyonnais.

– Très bien ! Vous nous tirez d’ungrand péril, général, car je redoutais beaucoup la popularité deSaint-Giles, ce commandant du bataillon de la Croix-Rousse qui al’intention de haranguer nos Girondins.

– Mais est-ce que vous ne protégez pas unpeu ce Saint-Giles à cause deMme de Quercy ?

– C’est-à-dire que j’ai dû me montrerindulgent pour plaire à notre chère baronne. Mais elle est la pireennemie de ce malheureux caricaturiste.

– Alors, dit Chenelettes, je puis vousavouer que nos Auvergnats toucheront mille francs s’ils abattent ceSaint-Giles, et que cinq ou six pièces cracheront à mitraille surle point où il sera. S’il échappe à cette bombe de feu et auxballes des Auvergnats, il aura vraiment une chance inouïe.

– Vous avez donc une injure personnelle àvenger ?

– J’ai à le punir d’une caricatureignoble.

– Eh bien, tant mieux ! dit Roubiès.Ce Saint-Giles est un dangereux garçon.

D’un air dégagé :

– Général, allez à votre poste et ne lemanquez pas.

Mais le guet-apens de la Croix-Rousse,échauffourée militairement insignifiante, eut une grande importancepolitique pour Lyon.

Sans le guet-apens de la Croix-Rousse,peut-être le siège n’aurait-il pas eu lieu.

Pour la France et pour le monde, c’était chosede secondaire importance, mais pour Lyon…

La ville, si elle s’était soumise, n’auraitpoint perdu sept cent millions, dix mille hommes au combat et deuxmille dans les exécutions.

Cette idée d’une sommation portée par untrompette avec pourparlers d’avant-garde aux avant-postes était deSaint-Giles.

À peine revenu d’Avignon, l’artiste avait,sans perdre une seconde, levé ce fameux bataillon de laCroix-Rousse qui devait s’immortaliser pendant le siège.

Il avait d’abord et d’emblée réuni unecompagnie de dessinateurs sur étoffes accourus à son appel etsoldés tout aussitôt par la municipalité de Villefranche ;puis les ouvriers typographes et lithographes qui avaient composéet imprimé le journal de Saint-Giles avaient formé une secondecompagnie ; les libraires, colporteurs de journaux, crieurs etautres, avaient improvisé la troisième compagnie, et Saint-Gilesavait vu bientôt le bataillon se compléter à six compagnies.

La Ficelle et Monte-à-Rebours lui avaientfourni à eux seuls trois compagnies, des anciens Carmagnoles.

Il était, du reste, un des plus beauxbataillons de l’armée républicaine.

Armé et habillé comme la ligne, il était bienexercé : Kellermann le prit pour un des bataillons de sonarmée des Alpes, un jour de combat, tant son attitude étaitmartiale.

Il avait pour guidon un drapeau noir avec unegrande croix rousse sur un des revers de l’étoffe ; surl’autre, une lune pleine avec cette devise.

Sans quartier !

On a reproché cette devise à ce bataillon.

On oublie que les généraux lyonnais avaientdécidé que les hommes qui en faisaient partie, s’ils étaientcapturés, seraient fusillés sans jugement.

De là, cet uniforme de la ligne, adopté parSaint-Giles pour que ses hommes, faits prisonniers, fussentconfondus avec ceux de l’armée régulière.

Saint-Giles qui depuis seize ans jouait ausoldat, comme presque tous les jeunes gens de Lyon, et qui, deplus, avait le feu sacré, Saint-Giles s’était mis rapidement à lahauteur de son rôle.

Il faut dire qu’à cette époque, on faisait bonmarché des exercices de parade et que l’on allait droit au but.

On avait réduit la manœuvre et la tactique auxmouvements les plus simples et les plus pratiques, en vue d’uncombat et non des vaines ostentations du Champ-de-Mars.

Sur le rapport du général Carteaux qui avaitinspecté le bataillon en formation, celui-ci était entré à la soldede l’État, et un décret l’avait envoyé à l’armée des Alpes pourLyon.

Malheureusement pour lui, Saint-Giles, sans lesavoir, était en suspicion.

Comme Couthon, un des représentants en missionà l’armée de Lyon était un ami intime de Robespierre, celui-ci luienvoyait une foule de renseignements et de notes pouvant êtreutiles.

Parmi ces notes Couthon en trouva uneconcernant Saint-Giles.

« Se défier du caricaturiste Saint-Giles,le surveiller de près, éclairer ses actions ».

Il a été l’amant de la ci-devant Quercy.

Couthon avait fait passer cette note àDubois-Crancé.

Il en était résulté que Dubois-Crancé avaitconsulté ses policiers.

Ceux-ci avaient indiqué à Dubois-Crancé, commedes hommes sûrs, Monte-À-Rebours et la Ficelle, ex-policierseux-mêmes, capitaines à cette heure dans le bataillon de laCroix-Rousse.

Et il en était résulté que ces deux agentsavaient reçu mission de surveiller leur chef de bataillon.

À ces heures de crise, quand le soupçon estpartout, les meilleurs, pour une imprudence, sont ainsi mis ensuspicion.

Saint-Giles était donc parti avec sonbataillon pour cette expédition de la Croix-Rousse avecl’assentiment de Dubois-Crancé.

Mais à peine s’était-il mis en marche queDubois-Crancé fit appeler un officier de gendarmerie quiremplissait les fonctions de grand prévôt.

– Capitaine, lui dit-il, vous allezconvoquer la cour martiale ici ; il faut qu’elle soitassemblée dans une heure d’ici.

– Nous aurons donc quelqu’un àjuger ? demanda le grand prévôt.

– Peut-être.

– Est-ce moi qui porterai la parole pourl’accusation ?

– Oui.

– Alors, citoyen représentant, donne-moimes instructions ?

– Il s’agit du commandant du bataillon dela Croix-Rousse, Saint-Giles.

– Il est suspect ?

– Voici les notes qui le concernent, ditDubois-Crancé.

Le grand prévôt prit connaissance de cesnotes, les transcrivit sur son carnet et dit :

– Diable !

– Diable… quoi ? demandaDubois-Crancé. D’abord, il n’y a plus de diable, puisqu’il n’y aplus de Dieu.

– C’est juste ! fit le grand prévôt.Je retire le mot et je dis tout simplement Sacrebleu !

– Et pourquoi ce sacrebleu ?

– Parce que j’aurais juré sur ma tête quece grand beau garçon était franc comme l’or.

– Et maintenant ?

– Maintenant… je doute… puisque tu lesoupçonnes et qu’on l’accuse.

– En ce moment, dit Dubois-Crancé, ilremplit une mission à la Croix-Rousse. S’il se conduit bien, cesera bien… provisoirement.

– Et, s’il se conduit mal, je l’arrête etje le mène devant la cour martiale ?

– C’est cela.

– Mais s’il passe à l’ennemi ?…

Et sur cette question, en gendarme qu’ilétait, le grand prévôt se frisa les moustaches.

Il croyait prendre Dubois-Crancé en faute.

– À ton air, citoyen capitaine, dit lereprésentant, je comprends ton arrière-pensée.

Le prévôt sourit.

– Tu te dis, reprit Dubois-Crancé, quej’ai eu tort de donner à Saint-Giles l’occasion de trahir.

– Peuh ! fit le prévôt. C’est uneidée comme une autre qui m’a passé par la tête.

– Eh bien, capitaine, j’ai calculé monaffaire. Je me suis dit que rien n’était plus dangereux qu’untraître, dans certaines circonstances. Mais l’affaire de laCroix-Rousse n’est pas de ces circonstances-là. Si Saint-Gilestrahit, il ne compromet qu’un bataillon ; le compromettant, ouil sera pincé et fusillé, ou il fuira. Ce sera dans les deux cas untraître de moins.

– Bon ! fit le grand prévôt. Voilàqui est bien raisonné.

– Merci de l’approbation ! dit avecun dédain narquois Dubois-Crancé.

Puis concluant :

– Donc un rapport sur notre homme, unrapport tout prêt basé sur les notes que vous venez de lire ;au bas une place blanche pour une accusation formelle de trahison,s’il trahit. Tout étant ainsi prêt en une heure, Saint-Giles peutêtre jugé, condamné et fusillé. Va, citoyen capitaine.

Le prévôt salua militairement et s’enalla.

– Sacrebleu, dit-il, en frisant samoustache, j’ai vu de rudes hommes en ma vie de gendarme, maiscelui-ci a quatre poils au moins de plus que les autres.

Étonner un gendarme, ce n’est pasfacile ; le prévôt, cependant, s’avouait qu’il avait rarementrencontré un caractère comme celui de cet ex-mousquetaire.

Au fond, il ne croyait pas à la culpabilité deSaint-Giles, et il se dit :

– Pauvre artiste ! Queldommage ! Se compromettre pour une amourette.

Mais c’était l’homme qui parlait ainsi ;le gendarme reprit bientôt le dessus, car le capitaine sedit :

– Allons-y donc d’un grand morceaud’éloquence sur les amours dangereuses qui perdent les meilleursrépublicains. Le pauvre malin sera condamné. Vrai, je leregretterai. Mais il le faut… Le citoyen Dubois-Crancé ne badinepas.

Et le capitaine commença à ruminer sonrapport.

Pendant ce temps-là, Saint-Giles se battait àla Croix-Rousse.

Ce combat inaugura le siège de Lyon.

Ce jour-là, le sang coula pour la premièrefois.

Cette lutte est le prologue du drame militairependant lequel Lyon perdit ses meilleurs citoyens, sa jeunesse, quifut si brave et qui eût si bien combattu aux frontières.

Et, par une fatalité lamentable, la légendeaccuse Saint-Giles, un enfant de Lyon, d’avoir précipité leshostilités.

Erreur que nous allons dissiper par notrerécit.

Selon le plan convenu, Saint-Giles avait prisposition devant les redoutes ennemies, disposant ses canons defaçon à couvrir la retraite de son bataillon, et laissant sixcompagnies en réserve pour garder ces canons.

Les quatre autres compagnies, dispersées enpetit piquet, avaient reçu ordre de laisser le trompette porter lasommation, puis de profiter de la trêve d’une heure accordée à Lyonpour s’approcher de l’ennemi et entamer avec lui despourparlers.

Naturellement, Saint-Giles, qui comptaitbeaucoup d’amis à Lyon, espérait s’aboucher avec quelques-uns.

Il s’avança donc au milieu de sonavant-garde.

Parmi les compagnies de réserve qu’il laissaitderrière lui, se trouvaient celles de Monte-à-Rebours et de laFicelle, chargés tous deux de le surveiller, sans qu’il s’endoutât.

La scène que nous allons décrire se passaitdevant le faubourg de la Croix-Rousse, aux abords desquels l’ennemiavait établi ses grands gardes.

Des petites maisons construites plutôt à lapaysanne qu’à la citadine, s’espaçaient un peu clairsemées, formantdes rues pleines de larges travées et en voie de formation.

De ces maisons, des voix sympathiquessaluaient l’avant-garde des républicains : le faubourg tenaiten général pour la République.

Saint-Giles, en tête des siens, répondaitgracieusement à l’accueil des habitants, dont beaucoup leconnaissaient.

En passant devant une grande maison dont lesfenêtres étaient fermées et qui semblait inhabitée, il sourit,sachant qu’elle appartenait à un de ces royalistes qui se cachentsous le masque girondin.

Il ne se préoccupa pas de cette maisonmuette ; il eut tort.

Tout l’avant-garde défila devant cette maison,continuant sa route ; derrière l’avant-garde, deux pièces dequatre marchaient en soutien.

À trois cents pas de la maison, on voyait latête des compagnies de réserve arrêtée en observation.

Mais bientôt, un petit peloton d’une vingtained’hommes se détacha de cette réserve ; il était conduit pardeux capitaines ou plutôt ils les escortaient.

Ces deux capitaines étaient Monte-à-rebours etla Ficelle qui s’avançaient, quittant leur poste d’arrière-gardepour observer Saint-Giles.

Ils réglaient leurs pas de façon à ne pointperdre de vue le commandant.

Comme la maison aux fenêtres fermées étaittrès rapprochée des avant-postes, il en résulta que Saint-Giles nele dépassa point de plus de quatre-vingt pas, car les sentinelleslyonnaises lui criaient déjà : Halte-là !

D’autre part, la Ficelle et Monte-à-rebours,distinguant tout très bien, s’étaient arrêtés à quarante pas avantd’arriver auprès de la maison.

Telle était la position de chacun quand sepassa le fameux incident des coups de fusils.

Les deux capitaines de Carmagnoles,ex-policiers au service du comité de Châlier étaient d’un caractèretout différent.

Tandis que Monte-à-Rebours se contentait, enhomme de main qu’il était, d’exécuter la consigne, la Ficelle, plusintelligent, observait tout ce qui se passait, alors même que leschoses dont il se préoccupait n’avaient en apparence aucun rapportavec les missions dont il se chargeait.

Ainsi la maison fermée n’intéressait nullementMonte-à-Rebours ; elle attira l’attention de la Ficelle.

Cette maison fermée ne lui disait rien quivaille ; évidemment, elle était hostile, puisqu’elle boudaitet tenait portes et fenêtres closes.

Si elle était hostile, elle était dangereuse,à moins qu’elle ne fût vide.

Mais était-elle vide ?

La Ficelle, plus prudent que Saint-Giles,résolut de s’en assurer.

Il envoya chercher au pas de course unesection de sa compagnie, qui arriva promptement, conduite par unofficier.

– Entrez là-dedans ; fouillez toutesles chambres, dit la Ficelle à l’officier, et arrêtez tous ceux quevous trouverez cachés.

L’officier divisa intelligemment sa troupe endeux pelotons, dont l’un tourna la maison et y pénétra par une courqui se trouvait sur les derrières ; l’autre peloton fit voleren éclats les fenêtres du rez-de-chaussée et sauta dans leschambres.

La Ficelle, d’instinct, regardait toujours auxétages supérieurs, supposant bien que les habitants, s’il y enavait, étaient montés le plus haut possible, ne fut-ce que parcuriosité.

Tout à coup, il vit un volet s’ouvrirau-dessous du toit, et, par ce volet, cinq ou six canons de fusilpassèrent.

Un coup de feu partit d’abord, puis plusieursautres, tous dirigés sur le point où se trouvait Saint-Giles.

Ce qui avait déterminé cette fusillade,c’était précisément la brusque invasion des républicains dans lamaison close.

Le capitaine Pierre et une dizained’Auvergnats de sa compagnie s’y trouvaient réunis à l’étagesupérieur.

Ils attendaient le moment de consommer leurguet-apens, tenant sous l’œil le malheureux Saint-Giles.

Le capitaine Pierre, pour se tirer d’affaireaprès avoir tué Saint-Giles, comptait sur la canonnade qui allaitbalayer les républicains.

– Aie pas peur ! disait-il à seshommes, dans le patois auvergnat que nous traduisons. Quand nousaurons fait feu, les redoutes cracheront la mitraille sur lesrépublicains et nettoieront la rue, nous sortirons de la maisontranquillement car tous ces Carmagnoles auront f… ichu le camp.

Mais entendant les hommes de la Ficelleabattre les volets, il jugea qu’il fallait précipiter l’attentat etdonner le signal de la canonnade.

Le volet avait donc été poussé, les coups defusil avaient été tirés, les redoutes s’étaient illuminéesd’éclairs et un ouragan de mitraille s’était abattu sur lesrépublicains de l’avant-garde.

Ceux-ci, surpris par cette trahison, au momentoù ils parlementaient, subirent les entraînements d’une paniqueinévitable.

Ils s’enfuirent en désordre et déjà ilstramaient à leur suite les deux pièces de soutien qui étaientbraquées dans la rue, lorsque parut un homme ensanglanté qui, sabreau poing, força les artilleurs à rester à leur poste, arrêta unecentaine de fuyards et les fit embusquer, puis commanda le feu surl’ennemi qui chargeait.

Les républicains reconnurent Saint-Giles, leurcommandant ; ils obéirent.

Deux coups de mitraille des piècesrépublicaines et une fusillade assez nourrie arrêtèrent net lapoursuite des Lyonnais ; alors Saint-Giles organisa uneretraite en bon ordre qui valut à son bataillon les éloges de toutel’armée.

Saint-Giles, à cheval, organisait ses échelonssous le feu de l’ennemi ; il fut superbe de sang-froid etd’énergie.

Mais, pendant que l’armée acclamait le hérosde la journée et de son bataillon qui rentraient au camp, lereprésentant Dubois-Crancé signait l’ordre d’arrêter Saint-Giles etde le conduire devant la cour martiale.

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