Marcof-Le-Malouin

Chapitre 1L’ABBAYE DE PLOGASTEL

L’abbaye de Plogastel, située à quelqueslieues des côtes, dans la partie sud-ouest du département duFinistère, était depuis longtemps le siége d’une communautéreligieuse, ouverte aux jeunes filles nobles de la province. Lespauvres nonnes, peu soucieuses des affaires du dehors, vivaient enpaix dans leurs étroites cellules, lorsque l’Assemblée constituanted’abord, et l’Assemblée législative ensuite, jugèrent à propos dedésorganiser les couvents et d’exiger surtout ce fameux serment àla constitution, qui devait faire tant de mal dans ses effets, etqui était si peu utile dans sa cause. L’abbesse du couvent dePlogastel refusa fort nettement de reconnaître d’autre souverainetéque celle du roi, et ne voulut, en aucune sorte, se soumettre àcelle de la nation. Comme on le pense, cet état de rébellionouverte ne pouvait durer. Les autorités du départementdélibérèrent, décrétèrent et ordonnèrent. En conséquence de cesdélibérations, décrets et ordonnances, les nonnes furent expulséesde l’abbaye, le couvent fermé, et la propriété du clergé mise envente. Aucun acquéreur ne se présenta. L’abbaye resta donc déserte.Le comte de Fougueray, en apprenant par hasard tous ces détails,résolut d’aller visiter l’abbaye de Plogastel. L’ayant trouvée fortà son goût et lui présentant tous les avantages de la retraiteisolée qu’il cherchait, il se rendit chez le maire, fit valoir leslettres de ses amis de Paris, et toutes étant de chauds patriotes,il obtint facilement l’autorisation d’habiter temporairement lecouvent désert. D’anciens souterrains, conduisant dans la campagne,offraient des moyens de fuite inconnus aux paysans eux-mêmes. Lecomte choisit l’aile du bâtiment qu’habitait jadis l’abbesse et quiétait encore fort bien décorée. En quelques heures il eut tout faitpréparer, et ainsi que nous l’avons vu, il s’y était installépendant l’absence du chevalier.

En arrivant dans la cour, les deux hommesmirent pied à terre. Le chevalier enleva Yvonne qui criait et sedébattait, et l’emporta dans l’intérieur du couvent, tandis queJasmin prenait soin des chevaux. Le comte jeta autour de lui uncoup d’œil satisfait et suivit son compagnon.

– Corpo di Bacco ! dit-il tout àcoup en patois napolitain et avec un accent de mauvaise humeurtrès-marqué. Au diable les amoureux et leurs donzelles !…Celle-ci me fend les oreilles avec ses criailleries. Sang duChrist ! pourquoi lui as-tu enlevé son bâillon ?

– Elle étouffait, répondit lechevalier.

– À d’autres ! Tu donnes dans toutesces simagrées ? Voyons, tourne à droite, maintenant ; là,nous voici dans l’ancienne cellule de l’abbesse. Il y a de bonsverrous extérieurs, tu peux déposer la Bretonne ici.

Le chevalier assit Yvonne sur un magnifiquefauteuil brodé au petit point. Mais la jeune fille, s’échappant deses bras et poussant des cris inarticulés, se précipita vers laporte. Le comte la retint par le poignet.

– Holà ! ma mignonne… dit-il, on nenous quitte pas ainsi ! C’est que, par ma foi ! elle estcharmante cette tourterelle effarouchée, continua-t-il en regardantattentivement la pauvre enfant.

– Que faire pour la calmer ? demandale chevalier.

– Rien, mon cher ; une déclarationd’amour ne serait pas de mise. La fenêtre est grillée, sortons etenfermons-la ! nous reviendrons, ou, pour mieux dire, tureviendras plus tard. D’ici là, nous consulterons Hermosa, et tusais qu’elle est femme de bon conseil.

– Soit, répondit le chevalier ;maintenant que la petite est ici, je ne crains plus qu’ellem’échappe, et j’ai, pour la revoir, tout le temps nécessaire.D’ailleurs, j’aime autant éviter les larmes.

– Ah ! tu es un homme sensible, toi,Raphaël ! Les pleurs d’une jolie femme t’ont toujoursattendri… témoin notre dernière aventure dans les gorges deTarente. Vois, pourtant, si je t’avais écouté et que nous eussionsépargné cette petite Française, où en serions-nousaujourd’hui ? Tu porterais encore la veste déguenillée dulazzarone Raphaël, et peut-être même, ajouta-t-il en baissant lavoix, bien qu’il parlât toujours italien, et peut-être mêmeramerions-nous à bord de quelque tartane de Sa Majesté le roi deNaples.

Le chevalier frissonna involontairement enentendant ces paroles si étranges ; puis jetant un coup d’œilsur Yvonne qui était agenouillée et priait avec ferveur :

– Viens ! dit-il.

Les deux hommes sortirent et poussèrent lesverrous extérieurs. Ils traversèrent un long corridor etpénétrèrent dans une sorte d’antichambre ornée de torchèresd’argent massif. Trois portes différentes s’ouvraient sur cettepièce. Le comte souleva familièrement une portière en s’effaçantpour livrer passage au chevalier.

– Entre, mio caro ! fit-ilrailleusement. Hermosa se plaint de ne pas t’avoir vu depuisvingt-quatre heures !

La nouvelle pièce sur le seuil de laquelle setrouvaient Diégo et Raphaël (car désormais nous ne leur donneronsplus que ces noms qui sont véritablement les leurs), cette nouvellepièce, disons-nous, servait évidemment d’oratoire à l’abbesse dePlogastel. Elle avait encore conservé une partie de sessomptuosités. Une tenture en soie de couleur violette, touteparsemée d’étoiles d’argent, tapissait les murailles. Des vitrauxadmirablement peints ornaient les fenêtres ogivales. Deux tableauxde sainteté, chefs-d’œuvre des grands maîtres italiens, étaientappendus aux murs.

On comprenait, en voyant toutes ces choses,que les religieuses, ne pouvant croire à une expulsion violente,n’avaient pris aucune précaution, et que les gendarmes les avaientsurprises et arrachées au luxe des cloîtres (si luxueux alors),sans qu’elles eussent le temps de sauver les débris. Les bandesnoires n’étaient pas alors suffisamment organisées, de sorte queles richesses laissées sans gardiens avaient cependant étérespectées.

Dans le fond de la pièce, étendue mollementdans une vaste bergère, on apercevait une femme qui, vue àdistance, produisait cette impression que cause la souverainebeauté. En se rapprochant même, on voyait que cette femme,quoiqu’elle eût depuis longtemps dépassé les limites de la premièrejeunesse, pouvait soutenir encore un examen attentif. Demagnifiques cheveux noirs, que la poudre n’avait jamais touchés endépit de la mode. Un nez romain, d’une finesse et d’un dessinirréprochables. Une bouche mignonne, aux lèvres rouges. Des yeux deSicilienne, surmontés de sourcils mauresques. Le teint était brunet mat comme celui des femmes du Midi, qui ne craignent pas debraver les rayons de flamme de leur soleil.

Mais, en examinant avec plus d’attention, onapercevait aux tempes quelques rides habilement dissimulées. Lesplis de la bouche étaient un peu fanés. Les contours du visageavaient perdu de leur fraîcheur et s’étaient arrêtés. Néanmoins, sil’on veut bien joindre à l’ensemble, un cou remarquable de forme,une taille bien prise, une poitrine fort belle, une main d’enfantet un pied patricien, on conviendra que, telle qu’elle étaitencore, cette femme pouvait passer pour une créature fortséduisante. Seulement, on demeurait émerveillé en songeant à cequ’elle avait dû être à vingt ans.

Au moment où les deux hommes pénétraient dansl’oratoire, Hermosa avait auprès d’elle un jeune garçon de dix àonze ans, blond et rose comme une fille, et qui semblait fortgravement occupé à tirer les longues oreilles d’un magnifiqueépagneul couché aux pieds de la dame. De temps en temps le chienpoussait un petit cri de douleur et secouait sa tête intelligente,puis il se prêtait de bonne grâce à la continuation de ce jeu quidevait souverainement lui déplaire, mais qui charmait l’enfant.

– Tableau de famille ! s’écria lecomte. D’honneur ! je sentirais mes yeux humides de larmes sij’avais l’estomac moins affamé !

– Fi ! Diégo, répondit Hermosa en selevant ; vous parlez comme un paysan !

– C’est que je me sens un véritableappétit de manant, chère amie.

– On va servir, répondit Hermosa.

Puis, se tournant vers le chevalier :

– Bonjour, Raphaël, dit-elle en luitendant la main.

– Bonjour, petite sœur.

– Que m’a-t-on dit ? que vous étiezen expédition amoureuse ?

– Par ma foi ! on ne vous a pasmenti.

– Et vous avez réussi ?

– Comme toujours.

– Fat !

– Corbleu ! interrompit le comteavec impatience, vous vous ferez vos confidences plus tard. PourDieu ! mettons-nous à table !…

– Cher Diégo, répondit Hermosa ensouriant, depuis que vous avoisinez la cinquantaine, vous devenezd’un matérialisme dont rien n’approche ! Cela estvéritablement désolant.

– Il est bien convenu que depuis que jen’ai plus trente ans et que je possède une taille largementarrondie, j’ai hérité de tous les défauts qui vous sont le plusantipathiques. Je l’admets ; mais, corps du Christ ! sije consens à être affublé de tous ces vices que vous me donnez sigénéreusement, je veux au moins en avoir les bénéfices !Encore une fois, je meurs de faim !

– Et vous, chevalier ? demandaHermosa.

– Lui ! interrompit le comte, il esttrop amoureux pour être assujetti aux besoins de l’estomac.

– Et vous ne l’êtes pas, vous ?

– Quoi ?

– Amoureux !

– Amoureux ? Ce serait joli, à monâge.

Hermosa haussa les épaules et sortit. Cinqminutes après, Jasmin dressait un couvert dans un angle de lapièce, et après avoir encombré la table de mets abondants, il sedisposa à servir ses maîtres.

– Maintenant, dit Hermosa, pendant queDiégo entre en conversation réglée avec ce pâté de perdrix,racontez-moi, chevalier, votre expédition de cette nuit.

– Avec d’autant plus de plaisir, chèresœur, que j’ai grand besoin de votre aide et de vos conseils,répondit Raphaël.

– Vraiment ?

– Oui ; la jeune fille serévolte.

– Bah ! Ces cris que j’ai entendusétaient donc les siens ?

– Précisément.

– Eh bien ! il faut avant toutcommencer par la calmer, Cette petite doit être nerveuse…

– J’y pensais, fit le comte sans perdreune bouchée.

– Mangez, cher, et laissez-nous causer,dit Hermosa.

*

**

Dès que Diégo et Raphaël eurent quitté lacellule dans laquelle ils avaient conduit Yvonne, la jeune fille seredressa vivement. Ses yeux rougis se séchèrent. Une résolutionsoudaine et hardie se refléta sur son joli visage. Elle fitlentement le tour de la pièce. Elle s’assura d’abord que la porteétait verrouillée au dehors ; puis elle alla droit à lafenêtre et essaya de l’ouvrir ; mais elle ne put en venir àbout. Cette fenêtre était grillée.

– Où m’ont-ils conduite ? Que meveulent-ils ? murmura la pauvre enfant en demeurant immobile,le front appuyé sur la vitre. Qu’est-il arrivé à Fouesnan depuismon absence ? Que doit penser mon pauvre père ? Et cesdeux hommes que j’ai cru voir sur la route desPierres-Noires !… Il m’a semblé reconnaître Jahoua et Keinec.Mon Dieu ! mon Dieu !… que s’est-il passé ?

Et le désespoir s’emparant de nouveau de soncœur, Yvonne éclata en sanglots.

– Oh ! reprit-elle au bout dequelques instants, si je ne m’étais pas évanouie, j’aurais puvoir ; je saurais où ils m’ont amenée ! Où suis-je,Seigneur ? où suis-je ?

Puis à ces crises successives qui, depuisplusieurs heures, brisaient l’organisation délicate de la pauvreenfant, succéda une prostration complète. À demi ployée surelle-même, Yvonne demeura accroupie sur le fauteuil, sans pensée etsans vue. Des visions fantastiques, forgées par son imagination endélire, dansaient autour d’elle et lui faisaient oublier sasituation présente. Le sang montait avec violence au cerveau. Lesartères de ses tempes battaient à se rompre. Son visages’empourprait. Ses yeux s’injectaient de sang. Enfin ses extrémitésse glacèrent, et elle se laissa glisser sans force et sansmouvement sur le sol. Puis, par une réaction subite, le sang refluatout à coup vers le cœur. Alors une crise de nerfs, criseépouvantable, s’empara de son corps brisé. Elle roula sur lesdalles de la cellule, se meurtrissant les bras, frappant sa têtecontre les meubles, et poussant des cris déchirants. La portes’ouvrit, et Hermosa entra suivie du chevalier. Ils s’empressèrentde relever Yvonne.

– Faites dresser un lit dans cette pièce,dit Hermosa à Raphaël qui s’empressa de faire exécuter l’ordre parJasmin.

Dès que le lit fut prêt, Hermosa, demeuréeseule avec la jeune fille, la déshabilla complètement et la coucha.Yvonne était plus calme ; mais une fièvre ardente et un délireaffreux s’étaient emparés d’elle. Hermosa envoya chercher lecomte.

– Vous êtes un peu médecin, Diégo, luidit-elle dès qu’il parut. Voyez donc ce qu’a cette enfant, et ceque nous devons faire…

Le comte s’approcha du lit, prit le bras de lamalade, et après avoir réfléchi quelques minutes :

– Raphaël a fait une sottise qui ne luiprofitera guère, répondit-il froidement.

– Pourquoi ?

– Parce que la petite est atteinte d’unefièvre cérébrale, que nous n’avons aucun médicament ici pour lasoigner, et qu’avant quarante-huit heures elle sera morte.

– Yvonne sera morte ? s’écriaRaphaël qui venait d’entrer.

– Tu as entendu ? Eh bien, j’ai ditla vérité !

– Et ne peux-tu rien, Diégo ?

– Je vais la saigner ; mais monopinion est arrêtée : mauvaise affaire, cher ami, mauvaiseaffaire ; c’est une centaine de louis que tu as jeté à lamer.

Et le comte, prenant une petite trousse devoyage qu’il portait toujours sur lui, en tira une lancette etouvrit la veine de la jeune fille, qui ne parut pas avoirconscience de cette opération.

*

**

Le comte de Fougueray, en venant habiterl’abbaye déserte de Plogastel, avait choisi pour corps-de-logisl’aile où étaient situés les appartements de l’ancienne abbesse. Cecouvent, l’un des plus considérables de la Bretagne, renfermaitjadis plus de quatre cents religieuses. Simple chapelle auxpremières années de la Bretagne chrétienne, il s’était peu à peutransformé en imposante abbaye. Aussi les divers bâtiments qui lecomposaient avaient-ils chacun le cachet d’une époque différente.Le style gothique surtout y dominait et découpait sur la façade ducentre ses plus riches dessins et ses plus merveilleusesdentelles.

Placé jadis sous la protection toute spécialedes ducs de Bretagne, qui avaient vu plusieurs des filles de leursang princier quitter le monde pour se retirer au fond de cettemagnifique abbaye, le cloître, l’un des plus riches de la province,avait acquis une réputation méritée de sainteté et d’honneur. Commedans les chapitres nobles de l’Allemagne, il fallait faire sespreuves pour voir les portes du couvent s’ouvrir devant la viergequi désertait la famille pour se fiancer au Christ. Aussi est-ilfacile de se figurer l’élégance et le caractère solennel de cesbâtiments spacieux, aérés, adossés à un splendide jardin dont eût,à bon droit, été jaloux plus d’un parc seigneurial.

L’aile opposée à celle occupée par Diégo etles siens s’étendait vers le nord. Autrefois consacrée auxreligieuses, elle ne contenait que des cellules étroites etsombres ; c’est ce qui l’avait fait dédaigner par le comte.Seulement, celui-ci ignorait qu’au-dessous des étages des celluless’élevant sur le sol, existait un second étage souterrain d’autrescellules plus étroites encore, et naturellement plus sombres queles premières. Rien, extérieurement, ne pouvait indiquerl’existence de ces sortes de caves organisées en habitation. Ilfallait faire jouer un ressort habilement caché dans la muraille,pour découvrir la porte donnant sur l’escalier qui y conduisait. Ducôté des souterrains, souterrains que le comte avait entièrementparcourus, aucun indice ne laissait soupçonner ces cachettesimpénétrables. Le couvent de Plogastel, construit au moyen-âge pardes moines et des gentilshommes entrés en religion, offrait le typecomplet de ces établissements mystérieux, où la partie des bâtissess’élevant au soleil n’était pas toujours la plus importante. Ainsi,passages secrets, impasses, souterrains, prisons, oubliettes, s’ytrouvaient à profusion et semblaient défier la curiosité.

Dans cet étage de cellules construites sous lesol, dans l’une de ces pièces obscures et étroites qui reçoiventtoute leur lumière d’un petit soupirail artistement dissimulé audehors par des arabesques sculptées dans le mur, se trouvait unebelle jeune femme de trente à trente-cinq ans, aux yeux bleus etdoux, aux blonds cheveux à demi cachés par une coiffe blanche.Cette femme portait l’ancien costume des nonnes de l’abbaye :la robe de laine blanche, la coiffure de toile blanche et laceinture violette. Sous ce vêtement d’une simplicité extrême, lareligieuse était belle, de cette beauté que les peintress’accordent à prêter aux anges.

Agenouillée devant sa modeste couche surmontéed’un Christ en ivoire, elle priait dévotement en tenant entre sesmains un chapelet surchargé de médailles d’or et d’argent. À peineterminait-elle ses oraisons, qu’un coup frappé discrètement à lapetite porte la fit tressaillir.

– Entrez ! dit-elle en serelevant.

La porte s’ouvrit, et un homme de hautetaille, enveloppé dans un ample manteau, entra doucement.

– Bonjour, mon ami, fit la religieuse entendant à l’étranger une main sur laquelle celui-ci posa ses lèvresavec un mélange de respect profond et d’amour brûlant.

– Bonjour, chère Julie, réponditl’inconnu. Comment avez-vous passé la nuit ?

– Bien, je vous remercie ; etvous ?

– Parfaitement.

– Vous vous accoutumez un peu à cetteexistence étrange que vous vous êtes faite ?

– Je m’accoutumerai à tout pour avoir lebonheur de vous voir, vous le savez bien.

– Chut ! Philippe. N’oubliez pasl’habit que je porte !

– Hélas ! Julie, cet habit fait monplus cruel remords !

– Ne parlez pas ainsi ! Dites-moiplutôt si vous avez eu soin de fermer la porte des souterrains.

– Sans doute. Pourquoi cettedemande ?…

– C’est que depuis hier nous avons denouveaux habitants dans l’abbaye.

– Qui donc ?

– Je l’ignore.

– Je le saurai, Julie.

– N’allez pas commettre d’imprudence,Philippe !…

– Oh ! ne craignez rien, ce n’estque la curiosité qui me pousse ; car ici nous sommes ensûreté, et nous pouvons braver tous les regards extérieurs.

– Où est Jocelyn ? demanda lareligieuse après un court silence.

– Me voici, madame, répondit notreancienne connaissance, le vieux serviteur du marquis de Loc-Ronanen paraissant sur le seuil de la cellule.

– Avez-vous apporté des provisions, monami ?

– Oui, madame la marquise.

– Dis : « Sœur Julie, »mon bon Jocelyn, interrompit l’inconnu. Madame ne veut plus êtrenommée autrement.

– Oui, monseigneur ! réponditJocelyn.

L’étranger alors écarta son manteau et le jetasur une chaise. Cet homme était le marquis de Loc-Ronan.

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