Prime jeunesse

XXXIII

Le lendemain fut le jour d’aller à la Limoisedire adieu à la mère de Lucette qui n’était pas encore rentrée enville. Elle faisait partie de ce cher cénacle de figurestutélaires, trop nombreuses peut-être autour de moi et tropattentives, qui, pour mon malheur, avaient plus que de raison choyémon enfance. Je la tutoyais et l’appelais « tanteEugénie » ; lors de nos revers, elle était venue offrirde se charger des frais de mon instruction pour me permettre de nepas quitter Rochefort, et je l’aimais bien.

La campagne, où les vendanges venaient definir, était ensoleillée et déserte. La vieille Limoise, qui allaitbientôt se fermer pour un hiver de plus, dormait tranquillementauprès de ses bois centenaires ; les chênes à feuillesannuelles avaient déjà des chevelures jaunies, tandis que leschênes verts, qui ressemblent à de grands oliviers, découpaient,sur le ciel nostalgique des fins d’été, les masses sombres de leurinaltérable verdure.

Tante Eugénie vint me conduire le soir, avecla petite Jeanne, jusqu’au tournant du chemin qui mène au villaged’Échillais, et me dit, en m’embrassant pour l’adieu :« Allons, c’est fini, fini de tes jeudis de Limoise… Et, tusais, mon pauvre enfant, ajouta-t-elle, les larmes aux yeux, pourtoi le bon temps est passé, dame ! » Hélas ! oui, etje ne le savais déjà que trop !…

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