La Reine Sanglante

Chapitre 2LES ÉMERAUDES

Vers le moment même où Lancelot Bigorne,Guillaume Bourrasque et Riquet Haudryot, ces deux derniers déguisésen ours et le premier dans la peau d’un singe, apparaissaient auSuisse qui veillait à la porte du roi, tandis que les troiscompères entamaient avec Louis X l’entretien auquel nous avonsassisté, Marguerite de Bourgogne allait et venait dans sachambre.

Vêtue d’une robe de laine blanche aux plisharmonieux, les cheveux dénoués, la figure pâle, la démarche lenteet silencieuse, elle eût pu elle-même passer pour une de ces féesdont nous parlions.

Puis, brusquement, elle se relevait, respiraitviolemment dans une cassolette contenant des parfums destinés à lacalmer, mais qui, en réalité, ne faisait que la surexciter.

Puis elle frappait, avec un marteau d’argent,sur une sorte de petit tambour en métal qui rendait un sonfrémissant. À cet appel, accourait alors une jeune fille aux yeuxmalicieux, légère, svelte comme une anguille. Cette servantepossédait les secrets et la confiance de sa maîtresse. C’était laStragildo femelle du Louvre – avec la méchanceté en moins. C’étaitMabel avec la jeunesse en plus.

« Juana, dit la reine, le jour vient-ilenfin ? Cette longue nuit s’achève-t-elle ? Lève cesrideaux et dis-moi si tu surprends enfin quelque sourire dans leciel !…

– Hélas ! madame, fit la jeune filleen secouant sa tête brune, le visage du ciel est fermé encore. Lesnuits semblent longues à qui rêve tout éveillé. L’aurore est encoreloin. »

La reine poussa un soupir.

« Pourquoi, madame, reprit Juana, ne pasappeler le sommeil à votre secours ?

– Tu m’ennuies, dit la reine,va-t’en ! »

La servante, vive et légère, fit une rapiderévérence et se dirigea vers la porte.

« Reste ! » criaMarguerite.

La soubrette exécuta une nouvelle révérence etrevint.

« Et toujours aucune nouvelle deMabel ?

– Aucune, madame ! Mais pourquoivous tourmenter ? Elle reviendra, soyez-en sûre…

– À quoi donc es-tu bonne ? grondaMarguerite.

– Oh ! madame, allez donc trouverquelqu’un qui se cache dans cet immense Paris, qu’on dit la plusgrande ville du monde et qui, sûrement, est grand dix fois commeFlorence. J’ai cherché, mais en vain ; Stragildo a cherchéaussi, et vous savez pourtant que c’est un fin limier !

– Pas de nouvelles de Mabel !murmura la reine. Donc, pas de nouvelles de Myrtille !Oh ! qu’elle revienne, ajouta-t-elle. Et elle verra de quoiest capable ma vengeance ! La misérable s’est jouée demoi ! Son philtre est un philtre imposteur. Il n’a donné àBuridan ni l’amour… ni la mort !… Oh ! jouée, bafouée,méprisée par ces hommes !… Si tu savais ce qui s’est passédans l’enclos aux lions, Juana ! Si tu savais ce qui s’estpassé dans les souterrains de la Tour de Nesle !

– Leur tête est mise à prix,madame !… Pauvres jeunes gens. Il en est un surtout dontvraiment vous devriez avoir pitié, puisque sans lui vous seriezmorte. Et de quelle mort ! Broyée, lacérée, dévorée par celion monstrueux !…

– Ce Philippe d’Aulnay ! Je le haisplus que tous les autres ensemble. J’aime encore mieux la haine deBuridan que l’amour de Philippe !… Ce Philippe d’Aulnay, quandj’y songe, c’est la malédiction de ma vie ! Et Valois !reprit Marguerite avec un grondement. Qui sait ce qu’il estdevenu ! Qui sait ce qu’ils en ont fait après l’avoir enlevéde son hôtel ?

– Vous vous intéressez donc bien àl’oncle du roi, madame ?

– Je le méprise ! Mais il sait deschoses terribles. Je le hais plus encore que Marigny. Ah !j’ai été trop faible… Ces deux hommes devraient déjà être hors demon chemin… »

Elle passa sur son front pâle comme un beaumarbre une main nerveuse et fiévreuse.

« Que fait le roi ? reprit-elle toutà coup.

– Le roi ? Sans doute il dort,madame ?

– Va t’en assurer, Juana… »

La jeune fille s’élança. Marguerite, demeuréeseule, poursuivit sa lente promenade escortée de spectres dans lestressauts de son esprit qui allaient de l’épouvante au défi, de lahaine à la passion d’amour.

Un éclat de rire crispa soudain ses lèvres. Etil y avait dans ce rire un mépris intense, le plus intense et leplus parfait des mépris : le mépris de la femme qui n’aimepas, pour l’être auquel malgré soi-même est liée sa destinée.

« Le roi dort ! dit-elle. Leroi !… Mon époux !… Mon maître !… Un homme, ceroi ? Allons donc ! même pas un roi !… Pauvre hère,qui ne comprend pas encore à quel sommet l’a porté le hasard de sanaissance !… Triste roi ! que les Flamands, un peuple demanants, insultent et provoquent ! Quand il a tué un sanglier,le roi croit avoir fait œuvre de roi. Quand il a étonné les plusrudes mangeurs par quelque énorme ripaille, il croit avoir faitœuvre d’homme ! Et puis il dort !… Ses frères songent àle déposer et il dort ! Heureusement, je les tiens tous deuxpar mes sœurs !… Marigny le réduit à la ruine, et ildort ! Valois guette l’occasion de prendre d’assaut ce trône,et il dort !…

– Madame ! Madame ! haletaJuana, en entrant précipitamment, le roi est sorti duLouvre !…

– Sorti du Louvre ? fitdédaigneusement Marguerite. Sans doute pour aller à la rue duVal-d’Amour ; c’est sa Tour de Nesle, à lui !

– Non, madame ! pour aller…

– Eh bien, achève, folle !…

– À la Tour de Nesle !… »

Marguerite étouffa une clameurd’épouvante.

« Courage, madame ! courage !fit Juana en la soutenant. Le roi ne peut trouver nul indice…

– Malheureuse ! rugit Marguerite. Jesuis perdue… La malédiction de Gautier est surmoi !… »

Ses yeux, agrandis par l’horreur, exprimèrentun paroxysme d’effroi.

« Madame !… revenez à vous… le roine peut rien savoir, rien trouver…

– J’ai écrit ! bégaya la reine dansun hoquet de terreur.

– Écrit !… Oh ! et vous avezlaissé les papiers là-bas ?

– Oui !… Une bravade ! unefolie ! une inspiration des démons acharnés à ma perte !…J’ai écrit !… écrit à Buridan !… Des lettresinsensées !

– Peut-être le roi ne les verra-t-il pas,madame !

– Malheureusement ! S’il ne voit pasles lettres, il verra mon manteau d’hermine, et les deux émeraudesqu’il m’a données !…

– Quelle imprudence, madame !

– Dis folie ! Dis plutôtl’inspiration de la vengeance divine ! Dis plutôt que le Cielest las de mes crimes ! Dis plutôt que la Tour de Nesle esthabitée par des spectres qui m’ont soufflé des pensées de bravadeimbécile ! Dis plutôt que la malédiction de Gautier d’Aulnaycommence à produire son effet… »

Marguerite de Bourgogne se renversa sur leplancher, en proie à une crise de nerfs.

*

**

Lorsqu’elle revint au sentiment des choses,elle se vit sur son lit, où la frêle Juana avait eu la force de latransporter. Juana était penchée sur elle, guettant anxieusementson réveil.

« Madame, rassurez-vous, le danger estpassé !…

– Le roi n’a donc pas été à latour ?

– Si fait, madame ! mais il est deretour. Il rit. Il mange d’excellent appétit. Toutes choses que leroi ne ferait pas s’il avait trouvé le moindre indice à latour.

– C’est vrai, c’est vrai ! murmurala reine dans un long soupir de soulagement. Mais alors, qu’a-t-ilété faire à la Tour de Nesle ? Et qui a pu lui donner l’idéed’y aller, lui qui a toujours refusé d’y mettre les pieds depuisqu’un nécromant l’a prévenu qu’un grand malheur l’yattendait ?

– Oui, madame, jamais le roi ne va à laTour de Nesle, et vous savez que nous avons tout fait pouraugmenter cette horreur et cette crainte qu’elle lui inspire. Il adonc fallu un puissant motif pour le décider…

– Et ce motif ? interrogea la reineavec angoisse.

– Un homme le lui a apporté :Lancelot Bigorne !

– Lancelot Bigorne !… gronda lareine, reprise de toute son épouvante. Tu vois bien, Juana, que jesuis dans la main de la fatalité ! Tu vois bien que Buridan ajuré ma perte !… Mais comment Lancelot Bigorne, dont la têteest mise à prix, a-t-il pu parler au roi ?…

– C’est cela qui doit vous rassurer,madame ! Lancelot Bigorne, pour une raison que nous ne pouvonssoupçonner, est venu dénoncer son maître, Jean Buridan. J’ai toutentendu, madame !… Il a prévenu le roi que le comte de Valoisavait été enfermé à la Tour de Nesle !… Le roi a été ychercher son oncle, et maintenant tous les deux sont ensemble, àtable…

– Ainsi, fit Marguerite, qui, les yeuxélargis par l’étonnement, avait écouté ce récit, ces hommes ont eul’audace de venir à la tour ?…

– Et sans aucun doute, madame, ne sachantpas que le roi a délivré le comte, ils yreviendront !… »

Marguerite, quelques minutes, réfléchit,muette, frémissante, calculant, combinant…

« Juana, reprit-elle enfin, il est sûrque le roi, en sortant de table, voudra se rendre dans sa chambre àcoucher, comme il fait toujours quand il a bien dîné. Va à tonposte et reviens me prévenir… Si le roi s’endort comme d’habitude,je suis sauvée ! »

Juana s’élança.

Mais, presque aussitôt, Marguerite larappela…

« Reste ! dit la reine d’une voixagitée. Je veux voir et entendre par moi-même ! Donne laclef… »

Juana obéit, et la reine, sortant de sachambre, suivit un long couloir. C’était celui-là même que Louis,escorté de Bigorne, de Guillaume et de Riquet, avait suivi en sensinverse pour sortir du Louvre. Nous avons dit que ce couloir étaitsecret, c’est-à-dire qu’il n’était connu que du roi, de la reine,des serviteurs intimes, et qu’il faisait communiquer l’appartementde Louis avec celui de Marguerite. Nous avons vu que le roi,parvenu vers le milieu de ce couloir, avait pris un escalier quilui avait permis de descendre dans les cours du Louvre. Margueritepassa devant cet escalier sans s’y arrêter. Vingt pas plus loin, ily avait un renfoncement, ou plutôt une sorte de niche dans laquelleavait été placée une statuette représentant sainte Geneviève,sainte à qui la reine Marguerite faisait de préférence sesdévotions. La statuette était en bronze et solidement fixée ausocle qui la supportait. Mais Marguerite, ayant saisi la sainte parles deux épaules, la fit tourner sur elle-même. Ce mouvementdécouvrit une sorte de serrure dans laquelle elle introduisit uneclef spéciale qu’elle venait de reprendre à Juana, et alors tout unpan de mur parut s’ouvrir. Sainte Geneviève et sa niche se mirenten mouvement et découvrirent un étroit passage dans lequel la reines’engagea.

Ce passage était réellement secret, vu que lareine, Mabel et Juana étaient les seules à le connaître.

Il aboutissait à un cabinet, où il accédaitpar une porte invisible. Le cabinet lui-même donnait sur la chambredu roi et, par une sorte de judas habilement aménagé, on pouvaitregarder et entendre.

C’est dans ce cabinet que Juana s’étaitrendue. C’est de là qu’elle avait surpris l’étrange entrevue deBigorne avec le roi, et c’est dans ce cabinet que se rendaitMarguerite au moment où nous reprenons ce récit.

Marguerite étant donc arrivée jusqu’aucabinet, fit jouer le ressort de la porte secrète et entra. Au mêmeinstant, elle recula, en étouffant un cri. Il y avait quelqu’undans l’étroite pièce, ce quelqu’un était une femme, et cette femme,c’était Mabel.

La reine la reconnut sur-le-champ ; mais,par une sorte de pressentiment, elle renfonça les questions et lesexclamations qui se pressaient sur ses lèvres.

Quant à Mabel, elle ne manifesta aucunétonnement : on eût dit qu’elle s’attendait à cette visite.Elle mit un doigt sur ses lèvres, comme pour recommander le silenceà Marguerite, stupéfaite. Puis, saisissant la reine par une main,ce fut elle-même qui l’entraîna hors du cabinet dont elle refermala porte. Marguerite se laissait faire, dans cet état de stupeur oùelle se trouvait. Rapidement, Mabel franchit le passage secret,rajusta elle-même sainte Geneviève dans sa niche et entraîna lareine jusqu’à sa chambre à coucher.

« Toi ! s’écria alors Marguerite,toi enfin ! toi dans le cabinet secret ! Comment ?Pourquoi ?

– Vous allez le savoir, ma reine !dit Mabel ; mais, avant toute chose, il ne faut pas que votreroyal époux puisse me reconnaître si, par hasard, il vient ici. Ilne m’a vue qu’un instant au fond d’un cachot…

– Au fond d’un cachot !toi !

– Moi-même ! Et si peu qu’il m’aitvue, il m’a assez regardée pour avoir remarqué moncostume. »

La reine conduisit rapidement Mabel dans unepièce tout autour de laquelle régnaient de vastes armoires. Elle enouvrit une, et Mabel sourit. Quelques minutes plus tard, elle étaitentièrement transformée et Valois lui-même n’eût pu la reconnaître.D’ailleurs, le masque qu’elle portait sur le visage la rendaitencore plus impénétrable.

« Explique-moi maintenant, reprit lareine, comment et pourquoi tu sors d’un cachot où tu dis que le roit’a vue ? Comment et pourquoi je te retrouve dans le cabinetsecret ? Et surtout comment et pourquoi le philtre que tu m’asdonné et que j’ai fait verser à Buridan n’était nullement un élixird’amour ? Comment et pourquoi cet élixir que tu m’as ditensuite être un poison foudroyant, n’a nullement empoisonnéBuridan ? Je t’en préviens, ma digne Mabel, ajouta la reineavec une fureur croissante, un mensonge de plus peut te coûter lavie. Tu sais que je ne suis pas de celles qu’on peuttromper !

– Oui ! dit froidement Mabel, vousêtes de celles qui trompent. Mais, écoutez, ma reine. Si j’ai cesséde vous plaire, vous avez un moyen bien simple de vous débarrasserde moi : tout à l’heure encore, j’étais dans un cachot dont jene devais sortir sans doute que pour être menée au bûcher. En cemoment, l’antichambre et la chambre du roi sont pleines de gardesapostés pour m’empêcher de m’enfuir du cabinet où ils m’ont mise.Reconduisez-moi dans ce cabinet. Vous savez que de l’intérieur laporte invisible n’en peut être ouverte. Et mon sort seraréglé ! Il est probable qu’au point du jour je serai brûléevive. »

Marguerite réfléchit, sans doute, que Mabel nese laisserait pas brûler sans parler. Peut-être, se dit-elle, cesparoles que prononcerait Mabel, avant de mourir, seraient sacondamnation à elle. Ou peut-être avait-elle réellement trop besoindes services de Mabel pour se passer d’elle à tout jamais. Quoiqu’il en soit, elle se radoucit.

« Explique-toi d’abord, et nous verronsensuite.

– Voyons, dit Mabel, procédons avecordre, ma reine. Que voulez-vous savoir ?

– Tout !…

– Madame, dit-elle, je vous avais promisun élixir d’amour, vous l’avez eu.

– Mais tu as dit que c’était un poisonmortel…

– Mon élixir est un poison. J’ai dit lavérité…

– Mais Buridan n’est pas mort !…

– Et qui vous dit qu’il ne l’est pas àcette heure ? »

La reine frémissait.

Et Mabel songeait :

« Ô mon fils, tu es sauvé ! Tant quel’infâme ribaude te croira mort, tu es à l’abri du mortel amourqu’elle t’a voué ! Mais qu’est-il devenu mon Jehan ? Ques’est-il passé après mon départ de la Tour deNesle ? »

« Ma chère reine, reprit-elle tout haut,sans doute, vous l’avez fait saisir ? Sans doute, vous letenez dans quelque cachot du Louvre ?

– Tu ne sais donc rien ! grondaMarguerite. Tu ne sais donc pas qu’ils m’échappèrent ! qu’ilsont failli me tuer à la Tour de Nesle ! que Philippe etGautier d’Aulnay sont vivants, qu’ils ont voulu me faire dévorerpar mes lions, et qu’enfin ils se sont emparés deValois ! »

« Emparés de Valois ! murmurasourdement Mabel, qui pâlit sous son masque. Pourquoi Buridana-t-il voulu s’emparer de Valois… Est-ce queMyrtille ?… »

« Madame, continua-t-elle, je ne saisrien. En sortant de la Tour de Nesle, j’ai été saisie par une banded’archers et conduite au Temple. Là, on m’a dit que j’étais accuséede sorcellerie… le roi est venu en personne m’interroger…

– Et tu n’as rien dit ? fitanxieusement Marguerite.

– Qu’aurais-je pu dire !… La nuit,j’ai vu la porte de mon cachot s’ouvrir tout à coup, comme jesongeais au moyen de vous prévenir que j’étais au Temple, que leroi avait peut-être quelque soupçon, puisqu’il fait surveiller laTour de Nesle…

– Oui, oui !… c’est sûr… il a dessoupçons… Tu me sauveras, Mabel ! Toi seule peux mesauver !

– Ne craignez rien ! J’ai donc étéemmenée et conduite dans la chambre du roi, puis enfermée dans cecabinet secret dont je serais sortie si la porte s’ouvrait del’intérieur. J’étais persuadée qu’on allait me conduire au bûcherdès que le jour paraîtrait, et je me résignais de mon mieux lorsquevous m’êtes apparue… mais…

– Mais quoi ? Parle, ma chère. As-tuquoi que ce soit à me demander ?… C’est vrai, Mabel, je tevoulais la male-mort parce que je me croyais trahie par toi… et jesuis heureuse de t’avoir retrouvée… »

Mabel put mesurer à ce moment toutel’influence qu’elle avait acquise sur l’esprit de la reine.

« Madame, reprit-elle, pouvez-vous aumoins me dire ce qu’est devenu Lancelot Bigorne ?

– Je vais te le dire. C’est Bigorne qui aenlevé le Valois. Et c’est Bigorne qui, lui-même, vient de fairedélivrer Valois par le roi. Pourquoi ? C’est ce que je medemande en vain…

– Je le saurai, moi ! dit Mabel. Machère reine, je vois que, pendant mon absence forcée, il s’estpassé d’étranges événements. Je sens que vous êtes menacée… ilétait temps que je m’occupe de vous sauver… »

En disant ces mots, Mabel s’éloignarapidement, laissant la reine à la fois rassurée et inquiète.

Quant à Mabel, elle tremblait de l’effortqu’elle avait dû faire pour parler de Buridan avec la mêmeindifférence qu’autrefois.

Elle tremblait parce qu’elle se posait cettequestion :

« Pourquoi Buridan s’est-il attaqué àValois ? Est-ce donc que Valois, malgré son serment, auraitenlevé Myrtille ? Et Buridan l’aurait-il appris ? Maispar qui ? Et comment ?

Mabel était sortie de l’appartement de lareine par la porte officielle, afin que chacun pût constater saprésence.

À la porte, elle se heurta à un archer quisemblait guetter.

« Que fais-tu là, toi ?demanda-t-elle rudement.

– J’attends madame la reine, dit lesoldat.

– Et que veux-tu à la reine ? La reineest fatiguée. Elle ne paraîtra pas de la journée hors de sesappartements.

– Je voulais lui remettre ceci, ditl’archer en montrant dans sa main ouverte un paquet minuscule.

– Donne ! je le lui remettraimoi-même.

– C’est que madame la reine devait medonner une forte récompense… du moins, le gentilhomme qui m’achargé de remettre ce paquet me l’a assuré.

– N’est-ce que cela ? Tu serasrécompensé, va. Mais qu’est-ce que ce gentilhomme ?

– Il m’a dit s’appeler Philippe, seigneurd’Aulnay. »

Mabel tressaillit, demeura quelques instantsrêveuse, puis, fouillant dans son escarcelle, en tira deux ou troispièces blanches qu’elle remit au soldat.

L’archer fit la grimace et murmura :

« Le gentilhomme a été plusgénéreux !

– Écoute. Ceci n’est que ma récompense àmoi. Mais la reine te fera remettre autant de pièces d’or que jeviens de t’en donner en argent. Seulement, si tu as le malheur dedire un mot de cette commission que tu as acceptée, je sais bien larécompense que te servira la reine.

– Et quelle est cetterécompense ?

– Une bonne corde ! dit Mabel.

– Je ne dirai rien, pas même à monconfesseur ! » affirma le soldat avec force protestationsque Mabel n’entendit pas, car déjà elle s’était rapidementéloignée.

Hors du Louvre, Mabel défit le paquet.

« Deux émeraudes ! murmura-t-elle.Les deux émeraudes qui garnissaient l’agrafe du manteau deMarguerite ! Et c’est Philippe d’Aulnay qui les envoie à lareine !… »

Mabel plaça les émeraudes dans son escarcelleet reprit sa course vers le Logis hanté du cimetière desInnocents.

Bientôt elle y arriva…

« Myrtille ! » appela-t-elle enmontant.

Aucune voix ne lui répondit.

« Myrtille ! » répéta Mabelavec une angoisse mêlée de rage, en parcourant le logis de haut enbas.

Mais bientôt, elle dut se rendre àl’évidence : Myrtille n’était plus dans le Logishanté !…

« Comment, réfléchit-elle, ai-je pum’attacher ainsi à cette jeune fille ?… Et comment surtout,ajouta-t-elle avec un sourire funèbre, ai-je pu être assez follepour croire à un serment de Valois ? Le misérable, aprèsm’avoir emmenée, a fait enlever la pauvre petite, c’est sûr !Je vois les choses comme si j’y avais assisté !… Pauvreenfant ! Pauvre petit Jehan, qui adore cette petite à enmourir, si elle lui est enlevée… Oh ! rassure-toi, monJehan ! Ta mère est là ! Ta mère veille sur tonbonheur !… Étrange destinée, poursuivit-elle, qui met le pèreen lutte avec le fils !… Que se passera-t-il dans le cœur deValois quand je lui dirai : « Ton fils est vivant !Et ton fils, c’est Buridan… »

Qu’eût dit Mabel, si elle avait su que Bigorneavait déjà fait cette révélation ! Et en quelles circonstanceselle avait été faite au comte ! Et de quel cœur Valois l’avaitaccueillie !

Si vil et si misérable qu’elle supposaitValois, elle le jugeait encore d’après son propre cœur et nepouvait imaginer que le père de Buridan n’ouvrirait pas ses bras àson fils !…

L’espérance entrait donc à flots dans l’âme deMabel.

*

**

Cependant les heures s’écoulaient au Louvre,et Marguerite, dans une mortelle inquiétude, envoyait à toutinstant Juana pour savoir des nouvelles.

Que faisait, que disait le roi ? Ques’était-il passé à la Tour de Nesle ? Que complotait-il,enfermé avec Valois ?

Le roi, simplement, complotait la perted’Enguerrand de Marigny et ne songeait guère à la reine.

Vers quatre heures, Marguerite avait fini parse rassurer à peu près, lorsque Juana entra précipitamment endisant :

« Madame ! Voici le roi quivient !… »

Marguerite ne jeta pas un cri, ne prononça pasun mot. Mais, dans le même instant, elle se trouva dans l’embrasurede la fenêtre, la quenouille à la main, le pied posé sur la pédalequi mettait en action le rouet…

« Le roi ! Place auroi ! » annonça la voix forte de l’huissier deservice.

Louis entra avec son impétuosité ordinaire,cherchant des yeux Marguerite, et à l’instant il s’arrêta, unsourire heureux sur les lèvres, ses yeux pleins d’amour contemplantavec émotion le suave tableau qu’il avait devant lui.

La poitrine du roi s’oppressa, ses yeux sevoilèrent de larmes d’amour.

« Comment, murmura-t-il, comment, dansune minute infernale, ai-je pu soupçonner cet ange ? Quellefolie m’a saisi d’imaginer un instant que cette figure que j’ai vueau tableau de la Tour de Nesle, c’était la figure deMarguerite !… »

Il s’approcha doucement, saisit une main de lareine et y déposa un long baiser.

Marguerite poussa un léger cri de surpriseheureuse.

« Ah ! mon cher Sire, c’est doncvous… Hélas ! je ne vous attendais plus de la journée !…Je vous vois si peu… Vous voyez, je cherchais à me consoler et à medistraire en filant une quenouille, comme on dit que faisait damePénélope attendant le retour de son époux…

– Pardonnez-moi, Marguerite, fit Louistout attendri. Nous autres rois, voyez-vous, chère aimée, nousavons des soucis d’État qui nous forcent à être malheureux mêmequand il n’y a que du bonheur autour de nous. Quand nous voudrionsaimer, nous devons haïr. Quand l’amour nous appelle auprès d’unefemme chérie, nous devons écouter la voix de nos conseillers,chercher à sauver l’État et punir la trahison…

– Sauver l’État ! Punir latrahison ! fit Marguerite qui frémit. Vous m’effrayez, moncher Sire…

– C’est pourtant là l’affaire qui m’aretenu tout le jour loin de vous. Un misérable a comploté mamort…

– Qui donc, Sire, a pu avoir l’âme assezscélérate ?…

– Vous le saurez, Marguerite, dit le roifidèle aux engagements qu’il venait de prendre avec Valois. L’heuren’est pas venue de prononcer tout haut le nom du traître. Quand sonnom sera prononcé, c’est que le châtiment réservé à son crimel’atteindra du même coup…

– Ces choses-là sont-elles vraimentpossibles ! déjà vous m’avez parlé d’une trahison…

– Oui ! fit le roi. Je vous ai ditqu’une femme me trahissait et je vous ai demandé de m’aider à latrouver…

– Hélas, Sire, je n’ai rientrouvé !… dit la reine en se raidissant contre l’inquiétudequi grandissait en elle.

– Le malheur, reprit Louis, c’est que laseule femme qui pouvait me renseigner a disparu aujourd’huimême…

– Disparu ! Et comment cela,Sire ?

– La sorcière que j’avais fait enfermerau Temple…

– Eh bien, dit la reine en réprimant unsourire.

– Eh bien, j’ai voulu l’interroger ànouveau sur cette trahison que sa science infernale lui avaitpermis de deviner et de me révéler. Je l’ai donc fait amener auLouvre, cette nuit. On l’a mise dans un cabinet attenant à machambre, d’où vous savez qu’il est impossible de sortir. Trencavelavait placé des gardes dans l’antichambre et jusque devant la portedu cabinet… et savez-vous ce qui est arrivé, madame ?… Non,vous ne pourriez jamais le supposer.

– Vous m’effrayez, Sire !…

– J’avoue qu’il y a de quoi être effrayé.Et moi-même qui me vante d’avoir quelque courage, j’en ai la chairde poule ! Figurez-vous que lorsqu’on a pénétré dans lecabinet, la sorcière n’y était plus…

– Voilà un étrange événement, Sire, etqui prouve bien une fois pour toutes l’incroyable puissance desdémons à qui Dieu permet de venir effrayer les chrétiens. Du moins,ce sont les Saintes Écritures qui nous l’apprennent.

– Vous avez lu cela dans les SaintesÉcritures ? demanda Louis. Eh bien, il n’en faut plus douter,cette sorcière a été enlevée par quelque démon, qui aura vouluainsi la soustraire au châtiment qui l’attendait… Mais cettedisparition me laisse dans un cruel embarras.

– À quel sujet, Sire ?

– Au sujet de la trahison dont je suismenacé. Et pourtant, cette nuit même, j’ai failli mettre la mainsur l’homme qui sait le nom de celle dont la trahison memenace.

– Et quel est cet homme, Sire ?…

– C’est l’un de ces audacieux truands quiont failli vous mettre à mal dans l’enclos aux lions et qui ont eul’audace d’enlever de son hôtel mon bon oncle Charles, que j’aiheureusement délivré.

– Le bruit de cet événement est venujusqu’à moi, fit Marguerite, dont le cœur battait avecviolence.

– Vous savez donc que je me suis rendu àla Tour de Nesle où, en effet, j’ai pu arracher le comte auxtruands qui le détenaient prisonnier. »

Cette fois, Marguerite ne put s’empêcher depâlir.

« Ainsi, dit-elle, ces gens avaient faitde la Tour de Nesle leur repaire ?

– Il est à croire, fit le roi, qu’ils s’yétaient installés depuis longtemps. Mais là n’est pas la choseintéressante pour moi. Ces gens seront tôt ou tard saisis etpendus. Ce qui m’intéresse et ce qui doit aussi vous intéresser,madame, c’est que j’ai failli trouver à la Tour de Nesle le secretde la trahison et que, sans ce Philippe d’Aulnay…

– C’est donc Philippe d’Aulnay qui vous aempêché de savoir le nom de la femme qui voustrahit ! »

Et Marguerite, devenue plus pâle, tomba dansune sorte de rêverie profonde, tandis que le roicontinuait :

« Jugez-en, ma chère Marguerite : audernier étage de la tour, aménagé comme pour des orgies secrètes,j’ai trouvé dans une table des papiers qui avaient été écrits parcelle qui se livre à ces débauches… celle qui me trahit !

« Ces papiers, continua le roi, je lestenais dans mes mains. (Marguerite, d’un violent effort, parvint àne pas s’évanouir.) J’allais les lire ! Tout à coup, cethomme, ce Philippe d’Aulnay, s’est précipité sur moi par traîtrise,m’a arraché les papiers, et tandis que j’étais maintenu en respectpar une douzaine de ses compagnons, il les abrûlés ! »

Un soupir gonfla le sein de la reine, quimurmura :

« Sauvée… »

Et telle était la puissance de cette femme surelle-même, que pas un pli de sa physionomie ne décelaitl’épouvantable émotion qu’elle éprouvait en ce moment.

Mais déjà le roi continuait :

« Il me reste, chère Marguerite, à vousdemander pardon d’un véritable crime que j’ai commis contrevous.

– Contre moi ?

– Oui, hélas ! vous, l’ange de lapureté ! vous, que le peuple appelle Marguerite la vertueuse,comme il m’a appelé Louis le Hutin, j’ai osé un instant voussoupçonner…

– Me soupçonner ! fit Marguerited’une voix si basse et rauque. Et de quoi, grandDieu !… »

Dans cette tragique seconde, Marguerite futadmirable d’audace, de décision et de sang-froid. Elle se levaprécipitamment, s’assit, ou plutôt se jeta sur les genoux de Louis,étreignit sa tête dans ses deux bras, colla ses lèvres à seslèvres, et, avec un accent de passion vraiment sublime :

« Parle, mon roi, mon Louisbien-aimé ! Parle ! décharge ton pauvre cœur des peinesqui l’accablent ! Confie-moi le secret de ton tourment ;dusses-tu, tiens, dusses-tu m’accuser moi-même, dussé-je entendreque tu m’as soupçonnée ! et dussé-je mourir à l’instant desavoir que Louis a soupçonné sa Marguerite !

– Pardonne, chère Marguerite !Pardonne ! murmura le roi, ivre de passion. Oui, il faut quetu saches tout, et ce sera mon châtiment ! Eh bien, je mefigurais un instant, dans une minute de folie furieuse, je me suisfiguré que toi-même tu t’étais rendue à la Tour de Nesle et que,là, un peintre t’avait portraiturée dans l’attitude où j’ai vu lafemme au tableau ! »

Marguerite frissonna jusqu’à l’âme.

Car ces paroles du roi étaient le reflet de lavérité.

« Et ce n’est pas tout ! continua leroi. Dans ma folie, j’avais peut-être une sorte d’excuse… carfigure-toi qu’ayant ouvert une armoire, j’y ai trouvé des robesimprégnées de ton parfum favori… »

Marguerite se sentit mourir.

« J’y ai trouvé, continua le roi, unmanteau agrafé par deux émeraudes… Oh ! deux émeraudes toutespareilles à celles que je t’ai données !… »

Marguerite eut le soupir atroce du condamné àqui on vient annoncer que l’heure de mourir est arrivée. Livide, latête baissée, elle semblait attendre le coup fatal.

« Il fallait vraiment, poursuivit le roiavec un rire strident que le démon m’eût soufflé je ne sais quellefuneste inspiration. Car quoi de plus simple que de te dire :« Marguerite, ces émeraudes que je t’ai données,montre-les-moi, ne fût-ce que par pitié ! » Alors,n’est-ce pas, tu m’eusses montré tes émeraudes et mon soupçon fûttombé du coup ! »

Le roi s’arrêta.

Il attendait… quoi ?… Il attendait que lareine allât chercher les émeraudes et les lui montrât.

La reine ne bougeait pas.

« Par Notre-Dame ! murmura le roi,qu’attends-tu, Marguerite ? Quoi ! après ce que je viensde dire, ces émeraudes ne sont pas encore là, sous mesyeux ? »

Le roi s’était levé, et il apparut àMarguerite si pâle, si terrible dans son immobilité, qu’une sortede folie monta à son cerveau. Elle se leva à son tour, prête àhurler : « C’est vrai ! C’est vrai ! La femmeau tableau… c’est moi ! Les émeraudes, ce sont lesmiennes ! C’est moi, moi, Marguerite de Bourgogne, qui suis laribaude de la Tour de Nesle. »

« Madame ! fit une voix calme, jevous apporte votre manteau dont les agrafes ont besoin d’êtreréparées. »

La reine demeura immobile, pétrifiée.

Le roi jeta un rugissement et se rua sur Mabelqui venait d’entrer, tenant dans ses bras le manteau royal.

« Oh ! pardon, Sire, murmura Mabel.J’ignorais la présence du roi chez la reine. Sans quoi j’eussechoisi un autre moment pour venir parler de ces détailsdomestiques. Je me retire, et…

– Donne ! » hurla le roi enarrachant le manteau à Mabel et en l’examinant avidement.

Marguerite, de son côté, jeta sur ce manteauun regard de détresse vertigineuse.

Et alors, elle s’effondra, tomba à larenverse, sans connaissance, foudroyée par une indicible stupeur,par une joie plus effrayante que sa terreur passée.

Elle venait de voir les émeraudes fixées àleur place ordinaire !

*

**

Marguerite, revenue à elle, était assise dansson fauteuil. Une heure s’était écoulée. Le roi avait beaucoupcrié, beaucoup sangloté et imploré un pardon que la reine, presséede se retrouver seul, lui avait accordé avec une hâtivegénérosité.

Une fois bien pardonné, une fois bien soulagépar ses larmes et ses cris, le roi était parti heureux,tapageusement joyeux, criant qu’il lui fallait absolument célébrersa joie par un dîner auquel il prétendait faire assister le soirmême tous ses chevaliers. Alors, Mabel avait raconté à la reinecomment elle avait pu intervenir à temps pour sauver sa chèremaîtresse. La reine la serra dans ses bras et la combla de sescaresses.

« Bien ! songea Mabel, plus quejamais, je jouis de la confiance de Marguerite. Plus que jamais, jesuis maîtresse de la situation. »

« Mais, reprit Marguerite, tu dis quec’est un de mes archers qui t’a remis ces deux émeraudes ?

– Oui, ma reine ! et ce brave attendsa récompense dans votre antichambre. »

Alors, Marguerite leva les yeux sur Mabel etprononça sourdement :

« Il n’y a que les morts qui ne parlentpas. »

Mabel approuva d’un signe de tête.

« Mais, reprit alors la reine, tu ne m’aspoint dit comment cet homme se trouvait posséder mes deuxémeraudes.

– Quelqu’un les lui avait données pourvous les remettre, fit Mabel. Et ce quelqu’un les avait arrachéesde votre manteau, dans le placard de la Tour de Nesle.

– Et qui est-ce, ce quelqu’un ?demanda Marguerite, frémissante.

– Il s’appelle Philipped’Aulnay !… »

*

**

La reine était tombée dans une rêverieprofonde.

En elle, pas d’émotion. Mais maintenant que ledanger était passé, elle voulait éviter de revivre l’heured’angoisse et d’épouvante qu’elle venait de vivre. Sans doute, sarésolution se trouva prise, car elle fit rappeler l’officier qui setenait constamment dans les antichambres.

« Monsieur, lui dit-elle, est-cefait ?

– L’homme est en ce moment au numéro sixet il n’en sortira que sur les épaules du geôlier, qui jettera soncadavre au fleuve.

– Vous êtes un fidèle et précieuxserviteur, dit Marguerite, et le premier grade vacant sera pourvous. »

Marguerite réfléchit quelques instants, hésitapeut-être et se décida :

« Vous allez prendre douze ou quinze devos archers les plus robustes et surtout les moins bavards. Vousallez vous rendre à la Tour de Nesle, vous la fouillerez de fond encomble. Vous y arrêterez tout ce que vous y trouverez, hommes oufemmes, et vous viendrez me rendre compte de ce que vous aurezfait. Il s’agit d’une bande de truands qui ont attenté à la vie duroi. »

L’officier partit.

Une heure plus tard, il était de retour.

« Madame, lui dit-il, la bande était sansdoute sur ses gardes, car nous n’avons pu trouver qu’un seul de cessacripants. Je l’ai arrêté de mes propres mains et l’ai fait mettredans l’un des cachots du premier sous-sol en attendant qu’il vousplaise d’en disposer.

– Savez-vous qui est celui que vous avezpu arrêter ?

– Moi, je ne le connaissais pas, maisl’un de mes hommes qui l’a vu à Montfaucon l’a reconnu. C’est l’unde ceux dont la tête est mise à prix. C’est le sire Philipped’Aulnay. »

Marguerite pâlit légèrement.

« Que faut-il en faire,madame ? » reprit l’officier.

Marguerite, d’une voix sourde,demanda :

« Où avez-vous mis l’archer de tout àl’heure ?

– Dans le numéro six, madame.

– L’un de ces deux cachots dont on nesort que pour être jeté à la Seine, n’est-ce pas ? repritMarguerite d’une voix plus basse et plus sourde encore.

– Oui, madame ! Le numéro six estpris, mais il reste le numéro cinq.

– Eh bien, dit Marguerite, mettez-yPhilippe d’Aulnay… »

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