L’Espion X. 323 – Volume I – L’Homme sans visage

Chapitre 19CE QUE JE NE CHERCHAIS PAS

 

À deux heures exactement, je me présentais àla Casa Avreda, par l’entrée principale de la Carrera SanGeronimo.

Comme l’avait présumé Concepcion, le comten’était point encore de retour. On mange longuement, copieusementdans les maisons allemandes. M. de Kœleritz ne devait passe distinguer du commun de ses compatriotes.

Peu m’importait d’ailleurs. L’attente ne meserait point pénible en cet après-midi. N’y devais-je pas désignerle jour où Niète serait Mistress Trelam, ma mistress, et où la joiede la libération fixerait à jamais le bonheur sur ses lèvres, lerayon d’azur rieur dans ses yeux.

Elle n’était point encore partie à lapromenade. Elle avait voulu me voir avant, me demander pardon deson mouvement de désespoir du matin.

De sa voix douce, elle prononça les parolesqui gémissent toujours au fond de moi :

– Pardonnez… Je suis folle…, Mais je nepuis me figurer être aimée autant… Ne vous fâchez pas… J’ai promisà votre cher cœur de ne plus jamais parler des choses tristes…Croyez que je fais tous mes efforts pour tenir la douce promesse…Mais ma pensée m’échappe… Elle me vante votre bonté, la courageuseindépendance de votre esprit qui amnistie l’enfant des fautes quil’ont précédée… Et il me semble que je vis un rêve, impossiblecomme tous les rêves… et que je vais me réveiller dans le désert,dans la souffrance. Alors, les suppositions de… mon père… Vousconcevez combien j’ai souffert. Songez donc, mon espoir, ma vierenaissante, mon amour… Vous donnez tant à votrefiancée…non, à votre engagée, je sais que vouspréférez ce mot si tendre… et elle, elle sent si bien qu’elle vousapporte si peu.

Je baisai ses grands yeux avec ferveur.

Pauvre adorée mignonne ; seules les âmesriches de bonté, de noblesse, ignorent que c’est l’inestimablequ’elles donnent en se donnant.

Pauvre petite Niète, qui pensait devoirs’excuser de m’offrir le trésor de son amour, la félicité de monexistence.

Ah ! comme notre vieux Dickens a raisonquand il dit, avec son exquise sentimentalité sceptique :

– On attache d’autant plus de prix auxcadeaux que l’on fait, qu’ils valent moins.

La personne qui offre à une autre lapossession d’un cœur gangrené, frelaté, s’étonne toujours desmanifestations tranquilles que provoque ce don.

Niète, elle, marquait sa surprise de me voirattacher du prix à son amour… Ah ! violettes, violettes, vousqui parfumez les grands bois, vous les remercierez toujours de leurombre.

Mais il était préférable que le comte ne noustrouvât pas ensemble ; car je ne voulais pas lui avouer quelui-même avait provoqué ma démarche.

Ce que je lui cachais de choses à cethomme.

Je le savais espion, représentant de cetteAllemagne cruelle, qui peuple de corbeaux noirs le ciel del’Europe.

J’étais certain qu’il avait tenté dem’assassiner.

Et je lui faisais bon visage, moi qui, entemps normal, ignore l’art de dissimuler mes sentiments.

Musset, et nombre d’autres, ont développé lapensée que l’esprit vient aux filles avec l’amour. Tout aussijustement ils auraient pu dire que la passion remplit d’astuce lesgarçons, qui, en dehors d’elle, en sont rarement pourvus.

Et c’était la satisfaction de me sentir tout àcoup plein d’astuce, qui m’avait assuré le courage dedissimuler !

Il est vrai que la récompense serait adorable.Dépenser ma vie auprès d’une chère petite chose, à qui jene serais jamais tenu de mentir.

Elle et Concepcion s’en allèrent par lejardin, gagnant la porte de la rue Zorilla. Je les accompagnaijusqu’au seuil.

Rien ne s’opposait à ce que je me permisse ceplaisir.

Si le comte rentrait, ce serait évidemment parla Carrera San Geronimo, et en se trouvant en ma présence, rien nelui indiquerait que je venais de quitter Niète au bout du parc.

Je restai là, debout dans l’encadrement de lapetite porte de service. Je suivais d’un regard attendri lasilhouette gracieuse et chaste s’éloignant peu à peu.

Les deux promeneuses passèrent devant lamaisonnette où avait eu lieu ma rencontre avec X. 323. Ellesfoulèrent le trottoir à cet endroit qui, pour moi, conservaitl’empreinte du domestique, stupéfié par la piqûre du curare.

Elles atteignirent l’angle de la rue etdisparurent.

Je refermai la porte.

Mais quand la bien-aimée est absente, quefaire si ce n’est songer à elle.

Et je demeurai planté comme un dieu terme,revivant, en face du pavillon, l’idylle douloureuse et exquise quim’amenait à épouser la fille de l’espion.

Dans mon esprit passa la physionomie fugace,changeante de X. 323. Je me surpris à murmurer :

– Il connaît certainement mon amour… Ildoit être enchanté ; car, il ne m’a pas trompé ; il luiavait été pénible de désespérer Niète.

Je me mis à rire, en mesurant l’abîme creuséentre le Max Trelam d’aujourd’hui, et le Max Trelam qui avaitquitté Londres un mois auparavant.

Ce Max Trelam-là avait représenté leTimes parmi des révolutionnaires, des opprimés, desmilitaires, et il était tout imbu de préjugés à l’endroit desespions.

Un espion, à ses yeux, ne pouvait, être quelâche, vil, cupide, sans une vertu, voire même une qualité.

L’excessif de l’appréciation, m’avait amené àce contraire.

X. 323 était nimbé d’une auréole, qui s’estaccentuée du reste, à mesure que je l’ai connu davantage.

Et puis, un être vulgaire n’eût point obtenul’alliance, le concours de la mystérieuse marquise de Almaceda.

Car, cela m’apparaissait évident, et pourcause, il eût fallu être obtus comme un angle de cent soixantedix-neuf degrés, pour en douter après l’aventure de la ChambreRouge.

Que lui était-elle ? Dans sa rude etpérilleuse existence, représentait-elle l’amitié ?représentait-elle l’amour ?

Dans mes questions, il y avait une petiteanxiété.

La « Tanagra » possédait mon estimeet je la souhaitais sans défaillance.

Puis, brusquement, changement à vue, dans macervelle.

La raison de ma présence dans ce jardins’impose à ma pensée… Le comte de Holsbein doit me voir,m’entendre, m’exaucer.

Lui non plus n’est pas un espion banal.

Il m’a assommé, mais il m’accorde sa fille.Donc nous sommes quittes, et je le puis juger avecimpartialité.

Il est brave, énergique, âpre à la tâcheacceptée…

Cupide… ah oui ! Voilà sa tare, lacupidité… Et elle suffit à faire chanceler la foi en tous lessentiments que ses actes semblent démontrer.

Est-il patriote ?… Est-il épris dudanger ? Ou n’est-ce qu’un de ces hommes aux dentslongues, qui vont à l’argent, à la fortune, par toutes lesvoies ?

Bah ! il est le père de Niète, et c’estau père seul que j’ai affaire.

Regagnons la Casa ; peut-être est-ilrentré.

J’ai fait le tiers du chemin, une rangée delauriers-roses, où j’ai cueilli tout à l’heure une fleur tardiveque ma bien-aimée a piquée à son corsage, me cache la petite portede la rue Zorilla.

Mais les arbustes n’interceptent pas le son.Je perçois distinctement le grincement léger que produit la porteen s’ouvrant.

Mon cœur le connaît trop bien, ce bruit, pourque le témoignage de mes oreilles m’induise en erreur.

Niète se serait-elle ravisée ;reviendrait-elle déjà, ayant écourté sa promenade, dansl’inquiétude d’apprendre ce qui se serait passé entre son père etmoi ?

J’écarte machinalement les feuilles pourcouler un regard par l’ouverture et… je grommelle :

– Il est dit que, dans cette maison,c’est toujours l’inexplicable qui se réalisera.

Ma réflexion vient de ce que j’ai reconnu larobuste stature de M. de Holsbein.

Le comte rentre chez lui par la porte deservice ; quelle idée saugrenue.

Si encore la rue Zorilla constituait unraccourci, on comprendrait à la rigueur qu’il lui accordât lapréférence.

Mais tel n’est pas le cas. C’est une ruelled’accès difficile, qu’il faut chercher pour la découvrir. Dequelque endroit que l’on arrive, son adoption se traduit par uneperte de temps.

Et puis, à quelle singulière manœuvre selivre-t-il donc ?

Il s’est dirigé vers le pavillon bleu etargent. Il y a pénétré.

À travers les larges baies, je le voisarpenter les deux petites salles, fureter dans les recoins. Enfin,il sort, refermant derrière lui.

Ma parole, on croirait qu’il cherchait àacquérir la certitude que personne ne se cachait dans la légèreconstruction.

En voici bien d’une autre. Il s’assoit sur lebanc placé devant le kiosque, ce banc où j’ai presque porté Niète,dans cette nuit tragique et bienheureuse, où il m’a été donné de lavoir pour la première fois.

Bon ! je lui parlerais aussi bien làqu’ailleurs.

Pour fixer une date, il est superflu d’avoirun plafond au-dessus de sa tête, n’est-ce pas ?

Je vais l’aborder et, si notre entretien n’estpas trop long (j’emploierai toute ma diplomatie à arriver à cerésultat), je pourrai peut-être encore joindre Niète au Parc, etlui annoncer le succès.

Voir le contentement rire dans ses yeuxbleus ; pas de perspective plus adorable !

Seulement, c’est étonnant ce qu’il y a deseulement dans la vie d’un homme, fût-il anglais etreporter.

J’ai à peine décidé de m’approcher du comte,que j’en suis empêché.

La porte de service module de nouveau sonpetit grincement, et tourne sur ses gonds pour livrer passage ausecrétaire de M. de Holsbein, à ce Wilhelm Bonn que l’ona si bien endormi dans le train de France.

Il va sans hésiter vers le comte.

Il savait donc le trouver là. C’est unrendez-vous évidemment… Et pour se réunir en ce coin reculé dujardin, ils ont donc à se communiquer des paroles trop graves pourêtre prononcées dans le cabinet de travail.

Le secrétaire s’arrête devant le comte,debout, en cette attitude raide, militaire, que les Allemandsprennent toujours en présence d’un supérieur.

Que vont-ils comploter ? Est-ce qu’ils neméditeraient point une perfidie contre Niète, contremoi-même ?

Je n’ai pas à me dissimuler que notre mariagene ressemble en rien à ce que l’espion avait rêvé pour sa fille… Ilest presque certain que ma venue fait tort à quelque planambitieux, échafaudé de longue date par ce père étrange etredoutable.

S’il en est ainsi, comment parer le coup, sij’ignore de quel côté on doit frapper ?

Conclusion : je me glisse le long de larangée de lauriers roses, et par une marche oblique, je gagne unbuisson tout proche des causeurs.

Et j’entends…

Si je n’avais pas entendu, mes larmes netomberaient pas en ce moment sur le papier où court ma plume.

Mais la fatalité, le fatum desanciens, le c’était écrit des musulmans, marche inexorableà nos côtés, et nos sens débiles ne nous permettent jamais dediscerner le bruit de ses pas.

– Tu as porté la lettre àM. de Kœleritz, demandaM. de Holsbein ?

Comment la lettre ?

Il a écrit à M. de Kœleritz, chezqui il vient de déjeuner, Niète me l’a répété tout à l’heureencore.

Pourtant, cela doit être vrai. Il a réellementécrit, car Wilhelm Bonn réponde :

– Oui, mais cela n’a pas été toutseul.

Et le comte rit silencieusement.

– Je m’en doutais… Tu comprends pourquoi,mon brave Wilhelm, j’ai raconté ici mon déjeuner chez de Kœleritz,pourquoi, j’ai pris mon repas à la petite fonda (hôtel) deCadix e Real, où je suis inconnu. J’ai donné l’impression d’unhomme cherchant à dépister les espions dont il se sait entouré.

Eh mais ! voilà qui me semble s’adresserà X. 323.

– Voyons, reprend le comte, dis-moitout.

Le secrétaire prend une attitude encore plusraide, et, du ton d’un unteroffizier (sous-officier) aurapport :

– Je suivais la rue de La Adriana… Unouvrier me heurte au passage… Maladroit ! J’avoue que le motm’a échappé. L’autre s’arrête, m’agrippe à l’épaule :« Dis donc, señor insolent, tu pourrais te dire que celui quicourt ainsi qu’un lunatique est le vrai maladroit… » Bref, jepense un moment qu’une scène de pugilat va se dérouler.

Seulement, mon interlocuteur est un« brave ouvrier », il réfléchit qu’un coup de poing,c’est certainement agréable à asséner à un« bourgeois » ; mais qu’un agrément aussi completréside en la bouteille que peut offrir ledit.

Quand on ne « mange lebourgeois », il faut tâcher à le boire.

Et il s’adoucit, me propose de terminer laquerelle en choquant les verres. J’accepte ; la conclusionpacifique me paraissant plus propre à éviter un scandale qu’unelutte à mains plates ou à poings fermés.

Nous entrons au Bar glewglew, cettemaison anglaise ouverte récemment à l’angle de La Adriana.

– À ta santé !

– À ta santé !

Nous trinquons, je trempe mes lèvres dans lebreuvage… je m’endors.

À ma profonde surprise, foi de Max Trelam, lecomte se frotta joyeusement les mains en disant :

– À la bonne heure.

– Cette « absence demoi-même » ne dut pas durer plus de quelques minutes. Jerevins au sentiment, avec les mêmes consommateurs pour voisins, et,en face de moi, mon ouvrier qui pérorait, comme s’il ne s’étaitpoint aperçu de la courte extinction de mon intelligence.

Nous nous séparâmes bientôt, et je me rendissans autre incident chez M. de Kœleritz ; mais jesuis certain que l’ouvrier était un faux artisan, qu’il a jeté unedrogue dans mon verre, et qu’il a profité de mon évanouissement,étourdissement, syncope, appelons cela comme il vous conviendra,pour prendre connaissance de la missive dont vous m’aviezchargé.

– Brave X. 323, murmurai-je, comme tuveilles sur les intérêts de l’Angleterre !

Mais mon admiration devint muette, reléguée ausecond plan par l’ahurissement le plus complet.

M. de Holsbein répliquait :

– Mon cher Wilhelm, moi aussi, je suiscertain que l’on a violé le secret de cette lettre. Par exemple, jepuis t’assurer que j’en suis heureux, car j’avais escomptécette violation.

Le secrétaire eut un geste de surprise, quisemblait être la reproduction de celui que je marquai derrière monabri de feuillage.

– Tu es un fidèle, Wilhelm, reprit lepère de Niète… Ton aventure dans le train de France t’acertainement fait penser qu’autour de la Casa Avreda, des yeuxvigilants sont ouverts, surveillant mes démarches, celles de messerviteurs, nos allées, venues, nous isolant de la patrieallemande.

Et son interlocuteur affirmant d’un mouvementde tête :

– Nous sommes dans la situation d’unegarnison bloquée par l’ennemi dans une forteresse, sanscommunication possible avec les armées de notre nation. Etcependant, il faut que le traité, enlevé à la barbe de ces chiensd’Anglais, parvienne à Berlin. Il le faut !

– Chiens d’Anglais, grommelai-je… Si tunous appelles chiens, c’est que tu as senti la morsure de nosdents.

Il continuait, s’animant, avec une rondeursatisfaite qui me causait un vague malaise.

Il avait, pour exprimer mon impression, lamine d’un homme qui va jouer un tour à sesadversaires.

– Le Monsieur, fit-il, qui est bloqué,doit s’efforcer d’utiliser le blocus à son avantage.

– Ah ! murmura Wilhelm auquel cetteformule audacieuse ne parut aucunement compréhensible.

J’avoue, en toute humilité, qu’à moi non plus,elle n’apportait aucun sens plausible. Par exemple, mon malaiseaugmenta. Mon « instinct », ce sens inconscient,animal, survivant aux transformations naturelles qui nous ont amenéà l’état d’hommes, m’avertissait d’un danger que mon intelligencedemeurait impuissante à percevoir.

– Comment t’y serais-tu pris, cherWilhelm, pour assurer à notre « précieux document »,la voie libre vers Berlin ?

À la question, formulée avec l’orgueil de quia trouvé une solution réputée impossible, l’interpellé étendit lesbras dans un geste désolé, puis d’une voix hésitante :

– J’aurais cherché, un messager, qui nepût pas être soupçonné… Mlle de Holsbein, parexemple.

– Tais-toi.

L’ordre fut rude, bref. Une colère intérieurecolora brusquement le visage de l’espion. Mais il se calma,éteignit l’éclair de son regard, et d’un ton calme :

– Non, je ne veux, pas mêler mon enfantaux dangers qui nous menacent… et puis, Niète est une petitefille ; elle n’a point une âme aussi allemande quenous.

Chère Niète ! combien ce témoignage rendupar votre père lui-même, fut doux à mon cœur.

Mais il allait toujours :

– Non, non, j’ai pensé mieux que cela.Des yeux sont ouverts sur moi ; je fermerai ces yeux.

Je frissonnai. Dans l’accent du comte vibraitune terrible menace.

– X. 323, poursuivit-il, est averti detoutes mes démarches. Je ne saurais lui dissimuler aucun de mesgestes… Eh bien ! Pourquoi ne pas faire le geste quil’attirera dans un guet-apens… où je le tuerai, gronda lecomte avec une énergie farouche. Mort l’espion, libre est laroute !

Il m’apparaissait effrayant cet individu. Ilsymbolisait pour moi tout l’espionnage allemand, capable de toutesles violences, de tous les crimes, pour atteindre à la réalisationde ce rêve, malsain, dont les cerveaux germains sontempoisonnés : Assurer à la race teutonne l’hégémonie dumonde.

Je crois bien que le secrétaire éprouvait unsentiment analogue. Il se tenait immobile, les yeux grands ouverts« désorbités » selon le néologisme si expressif,imaginé par cet exquis conteur français qui s’appelle AlphonseDaudet.

L’employé devait avoir un peu peur de sonmaître.

Ce dernier, tout à la satisfactionorgueilleuse qui chantait en lui, expliquait, sans souci de la mineeffarée de son subordonné :

– Alors, j’ai rédigé une lettre adresséeà M. de Kœleritz…

C’est un brave homme, ce Kœleritz, maisincapable des résolutions viriles. Il n’a pas dû comprendrepourquoi je la lui envoyais, peu importe… Il était l’appeau duchasseur. Je lui mandais ceci :

« Monsieur le plénipotentiaire, envoyéextraordinaire, etc.

« Ce soir même, à minuit, dans lesous-sol de l’Armeria, j’aurai en mains le papier que vousréclamez. Soyez à la grille du jardin du Musée… Il faut en finir,dites-vous… J’aurai fini lorsque je vous aurai remisl’enveloppe ! Mais je le répète… Le danger, qui est à cetteheure sur ma tête, planera alors sur la vôtre… Et, dès l’instant oùje me serai dessaisi, la responsabilité de l’échec possible vousincombera.

« Ceci, non pour résister à vos souhaits,mais pour préciser la situation, et conserver à mon« Copie de lettres » la trace et la physionomiedes faits.

« Votre serviteur obéissant,

 

« Signé : comte deHolsbein Litzberg. »

L’espion eut une aspiration profonde, et laface toute rayonnante d’une joie perfide.

– En écrivant ces lignes,j’étais sûr, qu’entre le moment où elles sortiraient de la CasaAvreda et celui où elles parviendraient àM. de Koeleritz, elles seraient passées, sous les yeux deX. 323.

– Mais il sera à l’Armeria.

Le secrétaire formulait là ma pensée.

– J’y compte bien… Seulement, il croirame surprendre… et c’est moi qui le surprendrai… Cela établit unetoute petite différence, qui lui coûtera la vie… Ah ! ce drôleabrite sa personnalité sous des lettres, des chiffres mystérieuxX…, 323…, expressions mathématiques d’inconnues algébrique ouhumaine… Je lui assurerai de plus, la formule de l’inconnuedéfinitive…, le Zéro de la mort.

Eh ! eh ! acheva-t-il avec unricanement sinistre, que dis-tu de l’équation dutriomphe :

X + 323 = 0 ?

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