SCÈNE II
LES MÊMES, SHERLOCK HOLMES, entrant du fond àgauche introduit par John
JOHN. – C’est monsieurHolmes… Il sort à gauche.
HOLMES. – Bonsoir !
ALICE. – Enfin !…
HOLMES, baisant la maind’Alice. – Excusez-moi, Alice… mais j’ai été occupé à uneaffaire importante depuis que je vous ai quittée…
WATSON. – Toujours contreMoriarty ?
HOLMES. – Toujours.
WATSON. – Et avez-vous enfinréussi à le dépister ?
HOLMES. – À le dépister… oui…À le prendre, non… Je n’ai découvert que sa tanière… une étonnantemaison de banque machinée par un cerveau génial… Ah ! C’estdommage de ne pas pouvoir le tenir lundi dans le box des accusés, àcôté de ses complices… il soupire. Malheureusement, legros poisson a glissé entre les mailles…
JOHN, entrant. –Monsieur le docteur est servi.
HOLMES. – Voulez-vous mefaire un plaisir ?
ALICE. – Parlez ?
HOLMES. – Allez souper tousles deux… sans moi.
ALICE. – Vous n’avez pasfaim…
HOLMES. – J’ai mangé unmorceau tout à l’heure avec mes hommes… Mais cette expédition m’afatigué… Et comme mes nerfs ne me permettent malheureusement pas dedormir en chemin de fer… j’emploierai le temps de votre repas àm’offrir un bon sommeil là, dans cet excellent fauteuil… Est-ceconvenu ?
ALICE. – Très volontiers,puisque vous le désirez… Mais vous
ne dormirez pas bien longtemps.
HOLMES. – Ce court moment mesuffit pour réparer mes forces… Demandez à Watson !
WATSON. – C’est vrai… Je vousai assez souvent envié cette merveilleuse faculté…
ALICE. – Installez-vous…
HOLMES. – J’obéis…
ALICE. – Êtes-vousbien ?
HOLMES, pelotonné. –Comme un roi, si tant est qu’ils soient vraiment mieux que lesautres.
WATSON. – Vous ne sentez pasle courant d’air ?
HOLMES, les yeuxfermés. – Je sens que je vais dormir.
ALICE, à mi-voix. –Bonsoir.
WATSON. – Nous emportons lalampe… Vous reposerez mieux.
Watson et Alice sortent par lagauche.
Le théâtre reste dansl’obscurité.