Chapitre 7Affabulatio
À cette opulente cour de Madrid, gorgée detous les trésors du monde de Christophe Colomb, et qui dominaitpuissamment toute l’Europe, Andréa Vésalius se reposait dans sagloire, riche et hautement considéré. Entre l’Inquisition etPhilippe II, il favorisait autant qu’il était possible l’étude del’anatomie, quand une accusation vint le précipiter dansd’horribles malheurs.
Faisant en public l’autopsie du cadavre d’ungentilhomme, le cœur parut palpiter sous le tranchant du scalpel.La rancunière Inquisition, l’accusant d’homicide, demanda la mortdu savant, et Philippe II obtint très difficilement que la peinefût commuée en un pèlerinage en Terre sainte. Vésalius s’acheminavers la Palestine avec Malatesta, chef des troupes vénitiennes.
Après avoir bravé bien des dangers dans cescabreux voyage, il fut à son retour jeté par la tempête sur lescôtes de Zante, où il mourut de faim, le 15 octobre 1564.
La République de Venise l’appelait alors àl’université de Padoue, veuve prématurément cette même année, deGabriel Falloppe, son élève.
S’il faut en croire Bœrhave et Albinus, AndréaVésalius périt victime de ses éternelles goguenarderies surl’ignorance, le costume et les mœurs des moines espagnols, et del’Inquisition, qui saisit avidement l’occasion de se défaire de cesavant fort incommode.
La grande anatomie d’Andréa Vésalius, DeCorporis humani Fabrica, parut à Bâle, en 1562, ornée defigures attribuées au Tiziano, son ami.