Champavert- Contes immoraux

Chapitre 2El corazon no es traydor

 

Quand le pequeno Pablo fut éloigné, Barraourentra dans la case. Amada préparait la cène ; lui selava et s’endimancha. Décrochant ensuite l’escopette suspendue à lamuraille, au-dessus de quelques figurines et images de saintJacques de Galice et de Madones caparaçonnées, il se prit à lanettoyer avec une espèce de joie sombre : Amada leremarquait.

– À quel propos, lui demanda-t-elle,t’occuper de cette escopette ?

– Pour rien, mon amie, seulement pourenlever la rouille qui la ronge.

– Ah ! seulement pour enlever larouille ; à quoi bon alors mettre cette pierre neuve ?Hélas ! Santa Virgen ! que fais-tu là ? dela poudre ! des balles ! voudrais-tu la charger ?C’est imprudence, non, je t’en prie ; il arrivera malheur,cette arme est à la portée de tout venant.

– Il arrivera malheur…peut-être !…

– Mais à quoi bon ? réponds-moi.

– À quoi bon ? tu veux savoir ?– Eh bien ! demain, je dois partir pour l’intérieur desterres, j’ai à faire des achats de bois ; des bandes demarrons infestent les routes ; je pense qu’il est bon de nepoint marcher sans armes. – Amada, où est donc moncuchillo ? il était là, je ne le retrouve plus.

– Le voici, mon bon, mais qu’avez-vousbesoin de ce poignard sur vous ?… est-ce pour les marrons dedemain ?…

– Plaise à Dieu !…

Après la bourrasque de Barraou, Amada, sansdire mot, acheva sa cuisine et prépara la table de lacène. Pour lui, se promenant à grands pas devant la case,de temps en temps il regardait au loin avec un air d’impatience.Tout en s’occupant du ménage, Amada, intérieurement agitée etbouleversée, avait l’âme meurtrie de cent pensées diverses ;elle jetait cent conjectures, la plupart étranges et absurdes. Elleaurait donné sa plus belle nuitée de plaisir, ou son chapelet d’orindulgencié pour être au lendemain, ou pour lire au plus petit coindu cœur de Barraou. Souventes fois, elle laissait tomber de grossoupirs.

– Alma de Dios ! protégezvotre servante. Mon bon ange, arrêtez le bras de Barraou, commevous retîntes le bras de notre père Abraham !…

Pablo trouva Juan Cazador prêt à partir pourla danse, et tirant avec transport quelques sons nasillards d’unemandoline fêlée.

– Mon maître m’envoie à votre grâce, luidit-il, pour lui offrir ce tabac de la plantation royale, et pourl’inviter à souper ; il m’est enjoint de ne point repartirsans elle.

Cazador, joyeux et surpris, remercia Pablo desa bonne visite, et se mit en route.

Chemin faisant, il ne pouvait contenir sonhilarité, et, se questionnant en lui-même : – Qui, disait-il,a pu porter Jaquez à me faire pareille politesse ? lui, siombrageux, qui depuis si long-temps fait tout pourm’éloigner ; ce ne peut être qu’Amada ? Mais, si c’étaitsous son influence ? oh ! non, cela ne se peut !Elle aurait donc quelque amour pour moi ? de l’amour…, del’amour…, non, je suis trop malheureux !

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