SCÈNE X
LES MÊMES, WATSON
WATSON, souriant. –Eh bien, malgré votre terreur du mariage, il me semble bien quevoilà qui s’appelle un baiser de fiançailles, mon cherHolmes !…
HOLMES, à Alice. –Vous consentez donc vraiment ?
ALICE, souriant. –Dame !… maintenant !…
WATSON. – Maintenant, missBrent, comme je tiens à servir de témoin à votre mariage,laissez-moi vous donner un conseil.
ALICE. – Lequel ?
WATSON. – C’est de partir, departir ce soir même… Il y a un train de nuit pour la France à dixheures vingt… Un mot à votre mère pour qu’elle vous accompagne, etdemain, à Paris, nous retrouverons mistress Watson, qui sera raviede faire votre connaissance.
HOLMES. – Quitter Londressans avoir payé ma dette au professeur Moriarty !…
WATSON. – Que vous importedésormais Moriarty ?… Cet homme, qui vous a manqué hier, asoif de prendre sur vous une revanche.
HOLMES. – Précisément, jetiens à voyager tranquille…
WATSON. – Écoutez, mon ami, àl’instant, en reconduisant ces messieurs, j’ai aperçu, embusquéedans un cab, une femme qui semblait examiner cette maison, et dontl’allure suspecte m’a frappé…
HOLMES. – Où est cettefemme ?
WATSON. – Là… au coin de larue… Vous pouvez la voir d’ici, en soulevant le rideau avecprécaution… Bas à Alice. Suivez mon conseil, miss Brent…prévenez madame votre mère… et sautez en wagon tous les trois…À Holmes. Eh bien, la connaissez-vous, cetteguetteuse ?
HOLMES, vivement. –Est-ce que je ne connais pas tout le monde ?… Miss Brent…Sortant sa montre. Il est huit heures… je vous rejoindraiici dans une heure… pour aller prendre le train à la gare deVictoria… Et qui sait… j’aurai peut-être le temps, d’ici-là, d’enfinir avec cet excellent M. Moriarty !
RIDEAU