Le Mystérieux Docteur Cornélius – Tome I

CHAPITRE VI – Après le crime

Trois mois s’étaient écoulés depuis le crimequi avait mis en deuil le monde savant tout entier.M. de Maubreuil reposait maintenant dans le petitcimetière, sur la colline en face de la mer, à l’ombre des vieuxpommiers moussus.

En dépit d’une enquête sagace menée par lesmagistrats locaux avec l’aide des plus fins limiers de la Sûreté,en dépit même des sommes considérables promises parMlle de Maubreuil et par M. Bondonnatlui-même à qui fournirait un renseignement utile, l’assassin étaitdemeuré introuvable.

Le vieux naturaliste, qui avait accepté deservir de tuteur à Andrée, avait recueilli la jeune fille chez lui.Il avait même insisté pour se charger d’Oscar et il prétendaitdécouvrir chez le petit bossu les plus heureuses dispositions pourla Science.

Rien n’était changé dans la villa auxfantastiques jardins où M. Bondonnat et ses deuxcollaborateurs, l’ingénieur Paganot et le naturaliste RogerRavenel, transformaient au gré de leur caprice les spécimens lesplus divers du règne végétal. Comme naguère, les journéess’écoulaient paisiblement en expériences, en causeries et entravaux.

Le Manoir aux Diamants, dont les portes et lesfenêtres demeuraient closes, reprenait petit à petit son morneaspect d’édifice en ruine.

Comme autrefois, Andrée se promenait encore aubras de son amie Frédérique sur la grève et dans les jardins de lavallée ; mais maintenant, pâle, amaigrie, vêtue de noir, ellene souriait jamais plus. Le caractère de sa beauté s’étaittransformé, ses doux yeux bleus avaient pris une expression demélancolie pensive et sa physionomie s’était empreinte d’unegravité méditative.

Frédérique témoignait à son amie le plusfraternel dévouement, les deux jeunes filles ne se quittaient pasd’un instant. D’ailleurs, habituées par leur éducation à une viesédentaire et à des occupations sérieuses, elles ne s’ennuyaientjamais.

Toutes deux s’occupaient avec une infatigableactivité de rechercher le meurtrier de M. de Maubreuil.Chaque jour, elles rédigeaient une nombreuse correspondance.

En dépit de ces efforts, l’enquête ne faisaitaucun progrès.

On ne savait qu’une chose, c’est que BaruchJorgell avait gagné l’Amérique.

Le père Yvon, peu de jours après son retour deJersey, avait été pris de remords. Il était allé trouverM. Bondonnat et il lui avait franchement avoué comment,croyant n’avoir affaire qu’à un inoffensif contrebandier, il avaitfourni à l’assassin les moyens de s’échapper.

– Si j’avais su cela, murmurait le vieuxmarin avec regret et honteux de sa naïveté, j’aurais étranglé cettecrapule de mes propres mains.

M. Bondonnat, très triste, n’avait trouvéque cette réponse :

– Je ne vous en veux pas, je sais quevous êtes un honnête homme, mais quel malheur que vous ayez laisséfuir ce misérable !…

D’après les renseignements d’Yvon,M. Bondonnat avait aussitôt télégraphié au connétable deJersey, qu’il connaissait personnellement. C’est ainsi qu’on avaitpu savoir que Baruch avait réussi à atteindre New York. Le mandatd’amener transmis au chef de la police arriva trois jours troptard.

Mais Andrée avait juré que l’affaire ne seraitjamais « classée ». Elle multipliait en Amérique lesoffres de primes et les annonces alléchantes, et chaque jour, ellerecevait un véritable monceau de coupures de journaux.

Antoine Paganot et Roger Ravenel, ainsi queFrédérique, aidaient Mlle de Maubreuil dans letravail de classement.

Le naturaliste et l’ingénieur étaientprécisément occupés à ce labeur fastidieux, lorsque l’ingénieurPaganot poussa, tout à coup, une exclamation de surprise enmontrant la manchette d’un article du New York and ChicagoReview, qu’il était en train de feuilleter.

– Tiens, fit-il, voilà quelque chose quinous concerne : Le milliardaire Fred Jorgell et sonscélérat de fils. – Fred Jorgell and his criminalson.

– Malheureusement, répliqua RogerRavenel, je ne sais pas très bien l’anglais.

– Oh ! pour cela, je m’en charge,dit l’ingénieur.

Et il se mit à traduire le texte à livreouvert, en résumant les passages les moins intéressants.

Les premiers paragraphes de l’articlecontenaient des détails biographiques sur le milliardaire FredJorgell, son histoire était celle de beaucoup de ces empereurs dudollar.

D’abord barman dans un train de luxe de lagrande ligne du Pacifique, égorgeur de porcs à Chicago, crieur de« newspapers » à Boston, reporter, cow-boy, prospecteur,Fred Jorgell, grâce à son énergie, à son sens prodigieux desaffaires, était, d’échelon en échelon, devenu assez rapidement undes rois du maïs, objet de commerce très important car il sert à lafabrication du whisky.

La feuille américaine donnait des détailsprécis sur le trust qu’il avait récemment organisé pourl’accaparement des cultures dans le centre et le nord des États del’Union. Tous ses concurrents s’étaient trouvés promptement réduitsaux abois par ce formidable agioteur.

Enfin, tout récemment, il avait fondé, dansles solitudes de l’Ouest, une ville qu’il avait baptisée de sonnom, Jorgell-City, et sur laquelle couraient de sinistreslégendes.

La seconde partie de l’article était consacréeà des détails sur la personne et sur la vie privée dumilliardaire.

Quoique ayant dépassé la cinquantaine, ilétait encore en pleine force. Ne dormant que quelques heures parnuit, dictant des centaines de lettres tous les jours, menant defront plusieurs entreprises compliquées, il était, avec cela, d’unesobriété exemplaire, ne buvait que de l’eau, n’allait jamais authéâtre et vivait en toutes choses avec plus de simplicité que lemoindre de ses contremaîtres.

Quoique assez charitable, on le disait fermé àtoute expansion et à toute gaieté.

Il n’en avait pas toujours été ainsi ;mais cette misanthropie était due à une série de malheursdomestiques qui ne semblaient pas près de finir.

D’abord, il avait perdu sa femme qu’il adoraitet il était demeuré veuf après trois ans de mariage. L’affection desa fille, la charmante et distinguée miss Isidora, lui avaitapporté de précieuses consolations, mais son fils, Baruch, luiavait causé les plus grands ennuis.

Dès son enfance, il avait montré les penchantsles plus vicieux, il s’était révélé brutal, joueur et prodigue.Plus tard, à la suite d’événements demeurés obscurs, Fred Jorgellavait chassé de son toit le fils indigne dont on n’avait plusentendu parler en Amérique.

On savait maintenant qu’il s’était alorsréfugié en France où, recueilli et sauvé parM. de Maubreuil, il avait assassiné et volé sonbienfaiteur. Cette découverte, rendue publique par les démarchesdes consuls de France à New York et à Chicago, avait causé unscandale énorme dans le monde des Cinq-Cents.

Tous les détectives de l’Union étaientmaintenant lancés à la poursuite de Baruch.

Fred Jorgell, avec une énergie toute yankee,avait déclaré à plusieurs interviewers que, si son fils étaitcoupable, il ne ferait aucune démarche pour l’arracher auchâtiment, ni même pour lui trouver un défenseur ou adoucir lesrigueurs de sa prison.

Depuis que ces faits étaient connus enAmérique, de singuliers bruits commençaient à se répandre. Onaffirmait avec beaucoup de vraisemblance que Baruch était l’auteurd’une série d’assassinats mystérieux, dont Jorgell-City avait étéle théâtre et qui étaient demeurés inexplicables et impunis. Lefils du milliardaire se révélait maintenant comme un des plusredoutables bandits dont il eût été jamais question dans les fastesdu crime.

Enfin, on annonçait en dernière heure que,cédant à la poussée de l’opinion publique irritée, Fred Jorgellvenait de céder la part d’actions qui le rendait propriétaire deJorgell-City pour plus des quatre cinquièmes et de quitter laville. Nombre de notables habitants, parmi lesquels on citait lefameux docteur Cornélius Kramm, Fritz Kramm, son frère, etl’ingénieur Harry Dorgan, avaient suivi l’exemple du fondateur etétaient, comme lui, venus s’installer à New York.

L’ingénieur Paganot venait de terminer latraduction de cet article, qui jetait un jour nouveau sur lasinistre personnalité de Baruch Jorgell, lorsque Andrée etFrédérique, qui accompagnaient M. Bondonnat, entrèrent dans lesalon où se tenaient les deux jeunes gens. Tous trois sedisposaient à faire une promenade dans les jardins lorsque lecourrier était arrivé.

L’ingénieur recommença, pour les nouveauxvenus, la lecture de l’article du New York and ChicagoReview.

Il l’avait presque terminée lorsque Andrée deMaubreuil l’interrompit, ses beaux yeux animés d’une flammevengeresse.

– Oui, murmura-t-elle, ce que dit larevue américaine est parfaitement exact. Ces renseignementsconcordent de tout point avec ce que Baruch racontait à mon pauvrepère. Ce misérable parlait toujours de sa haine farouche contre lesmilliardaires. Je me souviens maintenant qu’il manifestait un grandembarras chaque fois qu’on lui posait quelque question au sujet deJorgell-City.

– M. de Maubreuil était sidiscret, fit observer Frédérique, jamais il ne nous avait rienappris des antécédents de son collaborateur.

– J’espère bien, s’écria Roger Ravenel,qu’il ne va pas tarder à être pincé.

– Je vais sans tarder, déclara le vieuxnaturaliste, écrire une lettre au consul de France à New York, quiest précisément un de mes amis personnels. Viens me trouver d’icidix minutes, ma chère Andrée, je te montrerai ce que j’auraiécrit.

M. Bondonnat s’enferma dans son cabinetde travail où, comme il avait été convenu, sa pupille ne tarda pasà venir le rejoindre.

Andrée trouva le vieux savant un tournevis etune clé anglaise aux mains ; il achevait le montage d’unmécanisme délicat.

– La lettre à mon ami le consul estterminée, fit-il, je vais t’en donner lecture ; un instantencore et je suis à toi.

– Ne vous dérangez pas… Mais quel est cegentil appareil, si coquettement nickelé ?

– Comment, tu ne connais pas lemicrophone ? Celui-ci est pourvu d’un dispositif perfectionné,inventé par ton ami Paganot.

Andrée avait rougi imperceptiblement, maisM. Bondonnat ne parut pas s’en apercevoir.

– Grâce à cet appareil, continua-t-il,l’histoire de la fée Fine-Oreille, qui entendait l’herbe pousser,ne sera bientôt plus un conte.

– Que comptez-vous en faire ? Je nevois pas trop à quoi peut vous servir un microphone dans vosexpériences de culture.

– Tu vas comprendre. Je vais en installerun dans chacune de mes serres. Ils seront pourvus d’appareilsenregistreurs et noteront les bruits presque imperceptibles qui seproduisent pendant le travail de germination et de floraison desplantes. Je tirerai de là de curieuses déductions, une loinouvelle, peut-être.

Andrée de Maubreuil réfléchissait.

– J’avais vu un semblable appareil entreles mains de mon père, murmura-t-elle en soupirant.

– Allons, ne t’attriste pas, ditM. Bondonnat avec émotion. Je t’ai promis que je ne négligerairien pour venger mon malheureux ami, je te tiendrai parole.

La physionomie de la jeune fille s’était faiteplus grave.

– Mon cher tuteur, j’ai une prière à vousadresser. Je voudrais visiter avec vous le Manoir aux Diamants, oùje n’ai pas osé retourner depuis le crime.

– Mon enfant, répondit le vieillard unpeu contrarié, ne crois-tu pas qu’il serait préférable de remettreà plus tard ce funèbre pèlerinage ? Tu vas raviver tonchagrin.

– Je veux qu’il demeure toujours aussivivace. Je veux que mon père soit vengé.

– Eh bien, soit, je comprends lesentiment qui te guide ; je ferai ce que tu voudras ;mais il est inutile, ce me semble, d’emmener avec nous Paganot etRavenel.

– Vous avez raison, Frédérique et Oscarseuls nous accompagneront.

– Nous allons partir tout de suite ;puisque la chose est décidée, il vaut mieux ne pas différer cettevisite.

M. Bondonnat se coiffa d’un feutre àlarges bords, prit sa canne à pomme d’ivoire et, un quart d’heureaprès, il se dirigeait, en compagnie des deux jeunes filles, versle Manoir aux Diamants.

Par un sentiment qu’Andrée de Maubreuilelle-même respecta, Oscar avait voulu emmener avec lui le chienPistolet, à peine remis des blessures qu’il avait reçues la nuit ducrime.

La matinée était radieuse, les bruyères d’unesombre couleur de pourpre et les genêts d’or n’étaient pas encoredéfleuris. La mer, calme et claire comme un miroir, venait mourirau pied des granits rose et bleu de la falaise. Des goélands et desmauves traçaient de grands cercles dans le bleu léger du ciel.

Par ce gai soleil, le vieux manoir, tapi entreles chênes centenaires de l’avenue qui l’ombrageaient, semblaitencore plus solennel et plus morose. Les vitres des larges fenêtresgothiques apparaissaient couvertes d’une poussière grise, pareillesà des regards sans pensée. La mousse avait poussé sur le seuil desportes, les herbes de mer et le chardon des grèves balançaientleurs têtes nimbées de duvet dans les plates-bandes du jardin.

M. Bondonnat prit dans sa poche unegrosse clef et essaya d’ouvrir la porte ; mais la serrurerouillée grinçait, et quand les lourds battants de chêne serabattirent enfin, avec un bruit sonore, répercuté par les échos duvestibule, Andrée frissonna en croyant entendre un long et plaintifgémissement.

Les deux jeunes filles, qui donnaient le brasà M. Bondonnat, se serrèrent instinctivement contre lui,toutes tremblantes.

L’atmosphère acre et funèbre des maisons videsles prenait à la gorge. De grosses araignées avaient tissé leurstoiles dans les angles. Des flocons de salpêtre scintillaient lelong des parois et des voûtes de granit.

Tous trois traversèrent en silence levestibule, grimpèrent l’escalier aux marches raides et massives,sans avoir prononcé une parole. Enfin ils arrivèrent à la porte dulaboratoire et entrèrent dans la salle aux vitrines.

La pièce était telle que l’avait laissée lafuite du meurtrier. Les gens de justice, dans leurs perquisitions,n’avaient rien dérangé. Les armoires mises au pillage demeuraiententrouvertes et portaient encore la trace des scellés. Dans laseconde pièce, les appareils métalliques étaient rouillés ouvert-de-grisés et, sur la table de porcelaine, les débris descreusets, broyés par le marteau de Baruch Jorgell, étincelaientencore de menues gemmes oubliées. Mais une fine poussière embuaittous les objets, comme une neige d’oubli qui serait tombée sur lepassé.

En pénétrant dans le laboratoire, Pistoletavait poussé un long et lamentable aboiement. Il furetait partoutavec inquiétude, il s’arrêta en face du four électrique, à la placemême où M. de Maubreuil était tombé sous les coups de sonassassin ; mais il revenait toujours à l’endroit – marqué parune flaque noire de sang desséché – où Baruch l’avait atteint dedeux coups de browning.

Andrée, qui, depuis quelques instants, secontenait à grand-peine, éclata brusquement en sanglots et se jetadans les bras de M. Bondonnat et de Frédérique.

– Pauvre père, murmura-t-elle à traversses larmes, avec quelle sollicitude, quelques heures avant detomber sous les coups d’un assassin, il me recommandait de ne pasm’attarder. Qui sait ?… peut-être qu’il serait encore vivantsi je n’étais pas sortie ce soir-là…

– Ne crois pas cela, dit le vieux savantavec autorité, nous savons maintenant que Baruch Jorgell n’en étaitpas à son premier meurtre et qu’il avait longuement prémédité soncrime. Si tu étais restée, il t’aurait tuée aussi !…

– Verser le sang de son bienfaiteur, decelui qui l’avait arraché à la mort, murmura la jeune fille avechorreur, c’est abominable !…

De nouveau, elle fondit en larmes ; lesilence régna.

Pendant ce temps, Oscar Tournesol avait furetéà droite et à gauche, se noircissant les doigts à la poussière quirecouvrait tous les objets.

– Monsieur Bondonnat ! s’écria-t-ilsoudain, regardez !

Il montrait du doigt, parmi une foule d’autresappareils, un microphone enregistreur semblable, à quelquesperfectionnements près, à celui qu’Andrée avait aperçu dans lecabinet de travail du vieux botaniste.

– Que veux-tu dire ? demandaFrédérique.

– Mais si !… moi, je comprends,s’écria M. Bondonnat, cet appareil devait fonctionnerparfaitement au moment du meurtre. Il est presque impossible qu’iln’ait pas enregistré les dernières paroles de mon malheureuxami !…

– Mon Dieu !… Si c’étaitpossible ! s’écria Andrée.

– Nous allons certainement trouver là unprécieux indice, ajouta Oscar, tout fier de l’idée qu’il avaiteue.

Sans perdre un instant, M. Bondonnatnettoya avec précaution le microphone enregistreur. Il constata queles organes en étaient intacts. Le mécanisme n’avait subi aucundommage.

– L’appareil fonctionne ! déclarasolennellement le vieux savant. Écoutez la voix d’un témoinincorruptible !

En proie à une émotion poignante, le petitbossu et les deux jeunes filles s’étaient rapprochées. Leurs cœursbattaient à grands coups.

Dans le silence profond du laboratoireabandonné, la voix nasillarde de l’appareil s’éleva. Les rouleauxde métal évoluaient lentement, reproduisant comme un écho lointainla voix de l’infortuné savant.

Andrée de Maubreuil se sentit remuée d’unindicible émoi en entendant cette voix qui semblait lui parlerpar-delà le tombeau.

– Les diamants ! murmural’appareil d’une voix lointaine et faible comme un souffle ;mais c’est fini ! Cela ne vaut plus rien !… Qui enveut ? Je vais en fabriquer par centaines, par milliers ;on en remplira des tombereaux, on en chargera des wagons ; onen couvrira les maisons, on en pavera les rues ! Ha !ha !

Rien n’était funèbre comme ce petit rirechevrotant du microphone, qui semblait venir des régions lointainesde la Mort.

Maintenant, l’appareil continuait à répéterles moindres bruits du laboratoire pendant la soirée du crime,reproduisant toutes les phases de l’expérience.

Tous écoutaient avec une anxiété fiévreuse cechuchotement, à peine perceptible, qui leur révélait la pluspoignante des tragédies.

Le microphone récita encore les formules queM. de Maubreuil s’était répétées à lui-même en sepromenant de long en large dans le laboratoire.

– Mais alors, s’écria M. Bondonnat,le secret de la synthèse du diamant n’est pas perdu.

– Eh ! qu’importe cela ? fittristement Andrée. Écoutons… le moment terrible approche.

Mais, à l’instant où l’appareil répéta lebruit sourd de la chute du corps de M. de Maubreuil surle parquet, le cri de triomphe de l’assassin et son affreuxricanement… c’était plus que ne pouvait en supporter Andrée :elle tomba évanouie dans les bras de Frédérique.

Quand elle revint à elle, le microphone nefonctionnait plus.

M. Bondonnat frictionna de vinaigre lestempes de la jeune fille, pendant que Frédérique lui faisaitrespirer des sels. Pistolet, les yeux humides, léchait doucementles mains de sa maîtresse. Oscar était allé en hâte chercher dusecours à la villa.

– Merci de vos bons soins, mes chersamis, balbutia Andrée avec un navrant sourire. Je n’ai pu soutenirjusqu’au bout cette cruelle épreuve. Je suis pourtant heureuse desavoir l’entière vérité. Maintenant, il faut que l’assassin soitchâtié.

Dès qu’elle eut achevé de se remettre, Andréede Maubreuil regagna la villa au bras de M. Bondonnat et de safille. Mais la secousse avait été trop forte. Elle dut s’aliter.Frédérique se constitua sa dévouée garde-malade.

Huit jours plus tard, le vieux naturalisterecevait une lettre de New York. Elle était signée du consul deFrance qui annonçait que, après s’être crus sur le point d’opérerl’arrestation de Baruch Jorgell, les détectives avaient tout à coupperdu sa trace. On supposait qu’il avait réussi à gagnerl’Australie. D’après d’autres renseignements, l’assassin seraitentré dans une association de malfaiteurs new-yorkais – la MainRouge – qui lui avait fourni les moyens de se cacher.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer