Le Mystérieux Docteur Cornélius – Tome I

CHAPITRE II – Le récit d’OscarTournesol

D’un geste autoritaire, Fred Jorgell avaitfait monter le bossu déguenillé à ses côtés, sur les coussinspneumatiques du taxi-cab, qui partit aussitôt en troisième vitessedans la direction du centre de la ville.

– Tu es un courageux garçon, dit tout àcoup le milliardaire à son bizarre compagnon ; tu m’as sauvéla vie, mais je te jure, foi de Fred Jorgell, que ce soir tu n’aspas perdu ton temps et d’abord, comment te nommes-tu ?

– Oscar Tournesol.

– Tu n’es pas américain ?

– Non, sir, je suis français, et mêmeparisien de naissance.

– Et quel est ton métier ?

Oscar Tournesol baissa la tête enrougissant.

– Je suis cireur de bottines, répondit-ilun peu honteux d’une si humble profession.

– Il ne faut pas avoir honte de sonmétier, répliqua sévèrement Fred Jorgell, il n’est jamais honteuxde travailler ; moi qui te parle, j’ai bien ciré les souliersdes matelots pendant longtemps, sur les quais de San Francisco, etpourtant, je suis, à l’heure qu’il est, milliardaire.

Et comme Oscar ouvrait de grandsyeux :

– C’est comme cela, mon garçon ;mais d’abord, raconte-moi comment tu as eu l’idée de venir à monsecours ?

– C’est tout simple. Je loge, à raison dedeux dollars par semaine, dans une sorte de cave qui donneprécisément sur l’impasse où vous avez été attaqué. Il n’est pasrare que j’entende des coups de revolver dans le voisinage, mais jen’ai jamais pu m’habituer à ce bruit-là. Quand vous avez tiré surl’homme à la longue barbe, je me suis réveillé en sursaut, j’aisauté en bas de ma couchette et je me suis habillé en deux temps ettrois mouvements…

– Tu as bien fait de te dépêcher, murmurale milliardaire avec une grimace de frayeur rétrospective, maiscontinue…

– J’ai regardé par le soupirail de lacave et quand j’ai vu qu’il ne s’agissait pas d’une bataille entreapaches, mais d’un assassinat véritable, je n’ai pas hésité, j’aipris un bâton, la seule arme que j’eusse à ma disposition, et je mesuis embusqué dans le corridor en attendant le bon moment pourintervenir.

– Mais tu aurais pu avoir le dessous…

– Ma foi, je n’ai pas réfléchi àcela ; puis, si j’avais laissé égorger quelqu’un sous mesyeux, comme cela, j’en aurais eu du remords toute ma vie, ilm’aurait toujours semblé que j’étais complice.

À ce moment, le taxi-cab stoppa devant unédifice à la façade brillamment illuminée.

– Nous sommes arrivés, déclara lemilliardaire, c’est ici le restaurant Delmonico ; j’airéfléchi que cela nous ferait du bien à tous deux de prendrequelque chose de substantiel, après une pareille alerte.

– C’est que, balbutia Oscar, je ne suisguère présentable, on dira que vous avez invité un tondeur dechiens, ou – comme c’est l’exacte vérité – un cireur de bottines àsouper avec vous.

– Voilà qui m’est fort égal, s’écria FredJorgell avec une désinvolture superbe ; sache que j’ai lemépris le plus complet de ce que peuvent dire les gens.

Tout en parlant, il poussait devant lui Oscar,tout confus, dans la vaste salle au plafond d’or, aux tablesétincelantes de fleurs, de vermeil et de cristaux.

À la vue du cireur, la caissière et le gérantavaient échangé un regard ahuri, quelques rires discretscirculèrent parmi l’assistance, mais ce fut tout. Le milliardaireétait connu et personne ne se fût avisé de lui faire uneobservation. Bien plus, certains soupeurs trouvèrent cette attituded’une excentricité de bon aloi et très crâne, le jour même où lenom de Baruch revenait sur l’eau avec les sanglantes allusions desjournaux.

Fred Jorgell et Oscar Tournesol prirent placeà une petite table isolée, et tout de suite, le milliardaire fit lacarte.

– Il nous faut, déclara-t-il à Oscar quine protestait nullement, des mets simples et réconfortants ;en conséquence, voici le menu que je décrète :

« Kankal-oysters, troisdouzaines ;

« Salade de homards avec des cœurs decéleri et quelques vagues truffes…

« Poulet du Kentucky, saucetrust ;

« Et, comme tu es français :escargots de France, vanillés au sucre ;

« Desserts, café, whisky,canadian-club.

« Cela te va-t-il ?

– C’est admirable, et cela tombe d’autantmieux que j’ai mangé très sobrement aujourd’hui ; j’ai ladent, et comment !…

– Quelle dent ?

– C’est une expression française pourdire que j’ai très bon appétit.

– Very well ! Tu bois duvin ?

– Avec plaisir, surtout quand il est demon pays, monsieur le milliardaire.

– Tu seras satisfait.

Pendant que Fred Jorgell réclamait au« waiter » une carte spéciale, Oscar se promit inpetto de ne pas toucher aux escargots vanillés ausucre, qu’il considérait, sans en avoir tâté, comme uneabomination inventée par les Yankees pour déshonorer laBourgogne.

Bientôt le souper fut servi ; le bossudévorait comme un loup affamé, le milliardaire le regardaitnettoyer les plats et torcher la sauce avec son pain dans unvéritable ravissement. Il se garda bien de troubler son invité pardes questions inopportunes et le laissa d’abord se rassasier tout àson aise. Ce ne fut qu’au dessert qu’il prit la parole en cestermes :

– Maintenant, mon brave Oscar, je tiens àconnaître par le menu ton existence passée, et, si tu en es digne,comme c’est ma ferme conviction, je te promets de te créer d’icipeu une très enviable situation.

– Sir, répondit le bossu, je n’ai aucuneraison de vous cacher mes antécédents, et vous allez entièrementles connaître. Comme je vous l’ai dit, je suis né à Paris, mon pèreétait un pauvre ouvrier ébéniste du faubourg Saint-Antoine. J’avaiscinq ans lorsque mes parents, à quinze jours de distance l’un del’autre, furent emportés par une épidémie de fièvre typhoïde. Lesvoisins voulaient me confier à l’Assistance publique, mais j’avaissi peur d’être enfermé que je réussis à m’enfuir, muni d’unevingtaine de sous que m’avait donnés ma pauvre mère quelques joursavant sa mort. Depuis lors, je vécus, au hasard de la rueparisienne, de tous les petits métiers de ceux qui n’en ontpas.

– Tu étais camelot, précisa lemilliardaire.

– C’est cela, je criais les feuilles dusoir, je vendais des décorations tricolores les jours de fêtenationale, du papier d’Arménie et des singes en peluche dans lesfêtes foraines, j’offrais des olives dans un petit baquet de cèdreà la terrasse des cafés, je ramassais des bouts de cigare, j’aidaisà décharger les voitures de fruits et de légumes. Je ne me rappellejamais ce temps-là sans tristesse. Que de fois je dus coucher sousles ponts ou dans les maisons en construction ! Puis tout lemonde se moquait de moi à cause de ma bosse et de mes cheveuxjaunes. J’avais quinze ans passés et on ne m’en eût pas donnédouze, tant j’étais chétif et malingre.

– Pauvre diable ! murmura FredJorgell ; alors tu es sans doute venu en Amérique pour fairefortune ?

– Attendez un peu, nous n’y sommes pasencore. Une nuit qu’il gelait à pierre fendre, j’étais sans asile,sans le sou, je n’avais pas mangé depuis la veille ; à demimort de faim et de froid, je me réfugiai sous l’auvent d’une portecochère, quai de la Tournelle. C’est là qu’on me retrouva lelendemain matin ; évanoui et à moitié gelé. Le propriétaire dela maison, un savant célèbre, eut pitié de moi, me soigna, me fitmanger et, finalement, me garda chez lui.

– Quel était le nom de ce dignegentleman ? demanda Fred Jorgell puissamment intéressé.

– Il se nommaitM. de Maubreuil.

En entendant ce nom qui lui rappelait de siterribles souvenirs, Fred Jorgell changea de visage, et reposa surla table sans y toucher le verre qu’il allait porter à ses lèvres.Il eut besoin de toute sa force de caractère pour ne pas laisserdeviner ce qui se passait en lui.

– Continue, dit-il d’une voix sourde àOscar qui, tout à son récit, ne s’était aperçu de rien.

– M. de Maubreuil et sa fille,Mlle Andrée, furent pour moi d’une grande bonté ; ils metraitèrent presque aussi bien que si j’eusse été leur enfant. Lemalheur semblait fini pour moi. Je fus habillé, nourri, instruitmême comme un vrai fils de famille. QuandM. de Maubreuil, dégoûté de Paris, alla s’installer enBretagne, il m’emmena avec lui dans son château qu’on appelait leManoir aux Diamants. J’y serais sans doute encore si, par malheur,un Américain nommé Baruch n’était venu s’installer chez nous…

– Je connais cette histoire, interrompitbrusquement le milliardaire, tous les journaux l’ontracontée ! Et que devins-tu, après la mort de tonprotecteur ?

– J’allai habiter, ainsi queMlle Andrée, chez un vieil ami deM. de Maubreuil, M. Bondonnat.

– Le fameux naturaliste ?

– Précisément. Mais voyez madéveine ! Mon second protecteur a eu presque le même sort quele premier.

– Assassiné ?

– Non, mais enlevé par des inconnus, enaéroplane, sans qu’on ait jamais pu savoir ce qu’il étaitdevenu ; c’était le jour même où allaient être célébrées lesfiançailles de la fille de mon maître,Mlle Frédérique, et celles aussi deMlle Andrée de Maubreuil. J’étais allé, enattendant le repas, faire un tour sur la lande en compagnie de monvieux maître. Nous étions absolument sans défiance, et en cela nousavions tort, car il rôdait dans le pays des étrangers – Anglais ouAméricains – d’allure suspecte, qui avaient déjà essayé de tuernotre chien de garde Pistolet.

– Cela aurait dû vous donner l’éveil.

– Sans doute, mais nous étions à millelieues de supposer qu’un pareil attentat fût possible.M. Bondonnat s’amusait à regarder le chien auquel j’avaisappris des exercices surprenants, lorsque, tout à coup, unaéroplane s’est abattu sur la lande, comme un vautour qui se laissetomber sur sa proie ; deux Américains en sont descendus – lesmêmes qui avaient essayé de tuer Pistolet ; le browning aupoing, ils ont renversé M. Bondonnat et l’ont jeté dans un desbaquets de l’aéroplane. J’ai essayé de défendre mon vieux maître etj’ai été renversé d’un coup de crosse qui m’a fendu le crâne…Depuis, il m’a été impossible de savoir ce qu’était devenuM. Bondonnat ; il doit être encore vivant. S’ils avaientvoulu le tuer, cela leur eût été facile.

– Voilà une étrange histoire, murmura lemilliardaire tout pensif ; mais toi, qu’es-tudevenu ?

Oscar montra une large cicatrice blanche quilui barrait le front.

– Ils n’y allaient pas de main morte, lescanailles, dit-il. Je suis resté plus d’un mois entre la vie et lamort. Mlle Andrée etMlle Frédérique m’ont soigné avec un dévouementinouï, mieux peut-être que si c’eût été mes vraies sœurs. Maisquand j’ai commencé à pouvoir me lever, que l’on m’a regardé commehors de danger, quelle tristesse et quel crève-cœur ! La villade M. Bondonnat, naguère si joyeuse, était triste, silencieusecomme une maison où il y a un mort. Pâles, mélancoliques, vêtues dedeuil, Mlle Andrée etMlle Frédérique me semblèrent toutes changées. Lebeau jardin botanique, livré à lui-même, ressemblait à un hallier,les appareils que mon maître a inventés et qui changent à volontél’ordre des saisons, se rouillaient sur la falaise… C’était unedésolation !

– Mais les fiancés des deux misses ?demanda Fred Jorgell, que ce récit passionnait de plus en plus.

– M. Ravenel et M. Paganot,pour des raisons de convenance, avaient, d’accord avec cesdemoiselles, ajourné le mariage à plus tard ; ils étaientrepartis pour Paris, en attendant qu’on fût fixé sur le sort deM. Bondonnat. C’était une situation sans issue. Pour comble demalheur, le médecin qui me soignait reconnut en moi les premiersgermes de la tuberculose. Je n’ai jamais été bien solide, cettelongue maladie m’avait porté un coup sérieux…

La voix d’Oscar se troubla, on eût dit qu’ilessayait de refouler les larmes qui lui montaient aux yeux.

– Je ne pouvais plus rester à la villa,Mlle Frédérique m’envoya dans un sanatorium, àBerck-sur-Mer, où je fus très bien soigné, et chaque semaine, cesdemoiselles m’écrivaient une bonne lettre réconfortante, toujoursaccompagnée de quelque cadeau ou d’un mandat. J’étais bien heureuxdes attentions qu’elles avaient pour moi, mais je m’ennuyais àmourir. Enfin, après deux mois de traitement, le médecin en chef medéclara complètement guéri…

– Et tu retournas à la villa ?

– Eh bien, non ! Pendant mes longuesheures de solitude, j’avais eu le temps de réfléchir. Que seraitmon avenir près de deux jeunes filles plongées dans lechagrin ? Était-il digne d’un homme de cœur de demeurer prèsd’elles, quand j’avais un si impérieux devoir à remplir !M. Bondonnat, après M. de Maubreuil, a été monbienfaiteur ; je me suis juré à moi-même de le retrouver, dele ramener sain et sauf à sa fille.

– C’est très bien cela, mon petitbonhomme, murmura le milliardaire sincèrement apitoyé, mais tu neme parais guère armé pour réussir une chose aussi difficile.

– Cela dépend, sir, je me suis déjàprouvé à moi-même, que j’étais capable de quelque chose. Je suisvenu à New York sans payer mon passage.

– Comment as-tu fait ?

– J’avais soigneusement économisé lespetites sommes que m’envoyaient mes bienfaitrices. Sitôt guéri,j’ai pris le train pour Le Havre ; le transatlantique LaTouraine était en partance ; en rôdant autour du navire,j’ai eu la chance de rencontrer un jeune marin que j’avais connu enBretagne ; grâce à lui, j’ai pu me faire embaucher comme aidede cuisine, ou, pour être exact, comme laveur de vaisselle, commeplongeur. C’est dans ces conditions que je suis arrivé à NewYork.

– Mais, objecta Fred Jorgell pris deméfiance, on n’a pas dû te laisser débarquer puisqu’on réclame àtous les émigrants qui ne peuvent justifier d’un moyen d’existencele dépôt d’une somme de cinq cents francs ?

Oscar Tournesol cligna de l’œil avecmalice.

– Permettez, fit-il, j’étaisprévenu ; aussi me suis-je bien gardé de dire que je neconservais pas mon emploi de plongeur à bord du paquebot. J’étaisporté sur le rôle d’équipage ; on m’a laissé débarquer ;c’était tout ce que je voulais, une fois dans les rues de New Yorkoù la police n’est pas des plus tracassières, bien malin qui eût pume retrouver. Je me suis établi bravement comme cireur de bottineset j’ai commencé aussitôt mon enquête.

– Et tu as découvert quelquechose ?

– Rien du tout, hélas ! fit le bossuavec un profond découragement. Je m’aperçois que la tâche que j’aientreprise est remplie de difficultés.

– Serais-tu déjà découragé ?

– Non pas ! J’irai jusqu’au bout. Jeme le suis juré et je l’ai promis à Mlle Andrée età Mlle Frédérique.

Le milliardaire demeurait silencieux. Malgrétoute la sympathie que lui inspirait Oscar Tournesol, il hésitaitentre divers partis ; un grand combat se livrait en lui-même.Enfin, en dépit de son orgueil, il se décida.

– Sais-tu qui je suis ? dit-ilbrusquement au bossu.

– Non, sir, vous n’avez pas encore jugé àpropos de me faire connaître votre nom.

– Je suis Fred Jorgell, lemilliardaire.

Oscar avait changé de couleur.

– Le père de Baruch ?

– Oui, reprit le milliardaire dont latristesse et l’humiliation secrète se dissimulaient sous un masquede glaciale indifférence, je suis le père de ce misérable, cela, ilfallait bien que je te l’apprenne, mais qu’il ne soit plus jamaisquestion de lui dans nos conversations. Je n’ai plus de fils, c’estcomme si je n’avais jamais eu de fils !

Oscar gardait le silence, tout interloqué decette révélation inattendue.

– Tu m’as sauvé la vie, poursuivit FredJorgell, et de plus tu es un garçon énergique et honnête ;c’est une double raison pour que je m’intéresse à ton avenir ;il ne dépendra que de toi qu’il soit aussi brillant que possible,et de plus je te promets que je ferai tout ce qui sera en monpouvoir pour retrouver M. Bondonnat.

Oscar, émerveillé du bizarre enchaînement desévénements qui allaient sans doute faire du père de l’assassinBaruch le bienfaiteur d’Andrée et de Frédérique, se confondit enremerciements, mais le milliardaire coupa court aux expressionsémues de sa gratitude.

– C’est bien, fit-il. Il est tard, il esttemps, pour toi aussi bien que pour moi, d’aller nous reposer.Parlons pratiquement. Voici une bank-note de cinq centsdollars ; elle t’appartient, c’est un premier acompte, enattendant que je voie ce que je puis faire de sérieux pour toi.Demain, tu t’habilleras un peu plus décemment et tu te présenterasaux bureaux de la Compagnie de navigation dont je suis lepropriétaire et dont voici l’adresse. Là, on t’assignera un emploiconvenablement rétribué en attendant que j’aie réfléchi auxmeilleurs moyens à employer pour retrouver M. Bondonnat. Celate convient-il ?

– Beaucoup. C’est plus que je n’auraisosé espérer.

– Alors, nous allons partir, tu monterasen auto avec moi et je te déposerai à la porte de quelque hôtelconvenable.

Fred Jorgell jeta une bank-note auwaiter et, sans se soucier des sourires malins quis’évanouissaient sur les lèvres de quelques soupeurs à la vue deson étrange compagnon, il sortit du restaurant Delmonico, etremonta dans un taxi-cab.

Une demi-heure plus tard, Oscar Tournesol, quin’en revenait pas encore de ses aventures de la nuit, étaitinstallé dans une confortable chambre du Preston-Hotel –électricité, chauffage central, ascenseur, téléphone, etc. Un motde Fred Jorgell avait changé en obséquieuses salutations les minesarrogantes du gérant de l’établissement, qui avait d’abord hésité àaccueillir un client aussi mal couvert.

Avant de se mettre au lit, le bossu s’accoudaquelques instants au balcon de sa chambre qui donnait sur laTrente-troisième avenue, complètement déserte.

En ce moment une auto descendait l’avenue àune assez vive allure. À la lueur d’un des phares électriques,Oscar distingua nettement trois personnages qui, à en juger par lavivacité de leurs gestes, étaient plongés dans une discussion desplus animées.

Mais, tout à coup, il faillit laisser échapperun cri de surprise.

Dans l’un des trois personnages, il venait dereconnaître un homme dont la physionomie était gravée de façonindélébile dans sa mémoire, l’homme qui l’avait blessé presquemortellement d’un coup de crosse de revolver sur la lande bretonne– l’homme qui avait voulu tuer le chien liseur –, un des troisbandits qui avaient coopéré à l’enlèvement de M. Bondonnat enaéroplane.

Oscar eût voulu s’élancer à sa poursuite, lefaire arrêter, mais déjà l’auto avait disparu comme un météorenocturne, et ses phares éblouissants n’étaient plus que deuxpetites taches de lumière presque effacées déjà, à l’autreextrémité de l’immense avenue.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer