La Flûte
Voici le soir. Au ciel passe un vol depigeons.
Rien ne vaut pour charmer une amoureusefièvre,
Ô chevrier, le son d’un pipeau sur lalèvre
Qu’accompagne un bruit frais de source entreles joncs.
À l’ombre du platane où nous nousallongeons
L’herbe est plus molle. Laisse, ami, l’errantechèvre,
Sourde aux chevrotements du chevreau qu’ellesèvre,
Escalader la roche et brouter lesbourgeons.
Ma flûte, faite avec sept tiges de ciguë
Inégales que joint un peu de cire, aiguë
Ou grave, pleure, chante ou gémit à mongré.
Viens. Nous t’enseignerons l’art divin duSilène,
Et tes soupirs d’amour, de ce tuyau sacré,
S’envoleront parmi l’harmonieuse haleine.