LA VISION DE KHEM
I
Midi. L’air brûle, et sous la terriblelumière
Le vieux fleuve alangui roule des flots deplomb
Du zénith aveuglant le jour tombed’aplomb,
Et l’implacable Phré couvre l’Égypteentière.
Les grands sphinx qui jamais n’ont baissé lapaupière,
Allongés sur leur flanc que baigne un sableblond,
Poursuivent d’un regard mystérieux et long
L’élan démesuré des aiguilles de pierre.
Seul, tachant d’un point noir le ciel blanc etserein,
Au loin, tourne sans fin le vol desgypaëtes ;
La flamme immense endort les hommes et lesbêtes.
Le sol ardent pétille, et l’Anubisd’airain
Immobile au milieu de cette chaude joie
Silencieusement vers le soleil aboie.