Les trophées

Le Vieil Orfèvre

Mieux qu’aucun maître inscrit au livre demaîtrise,

Qu’il ait nom Ruyz, Arphé, Ximeniz,Becerril,

J’ai serti le rubis, la perle et le béryl,

Tordu l’anse d’un vase et martelé safrise.

Dans l’argent, sur l’émail où le paillons’irise,

J’ai peint et j’ai sculpté, mettant l’âme enpéril,

Au lieu de Christ en croix et du Saint sur legril,

Ô honte ! Bacchus ivre ou Danaésurprise.

J’ai de plus d’un estoc damasquiné le fer

Et, pour le vain orgueil de ces œuvresd’Enfer,

Aventuré ma part de l’éternelle Vie.

Aussi, voyant mon âge incliner vers lesoir,

Je veux, ainsi que fit Fray Juan deSégovie,

Mourir en ciselant dans l’or un ostensoir.

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