Sur le Pont-Vieux
Antonio di Sandro orefice.
Le vaillant Maître Orfèvre, à l’œuvre dèsmatines,
Faisait, de ses pinceaux d’où s’égouttaitl’émail,
Sur la paix niellée ou sur l’or du fermail
Épanouir la fleur des devises latines.
Sur le Pont, au son clair des clochesargentines,
La cape coudoyait le froc et lecamail ;
Et le soleil montant en un ciel de vitrail
Mettait un nimbe au front des bellesFlorentines.
Et prompts au rêve ardent qui les savaitcharmer,
Les apprentis, pensifs, oubliaient defermer
Les mains des fiancés au chaton de labague
Tandis que d’un burin trempé comme unstylet,
Le jeune Cellini, sans rien voir, ciselait
Le combat des Titans au pommeau d’unedague.