Les trophées

ANTOINE ET CLÉOPÂTRE

Le Cydnus

Sous l’azur triomphal, au soleil quiflamboie,
La trirème d’argent blanchit le fleuve noir
Et son sillage y laisse un parfum d’encensoir
Avec des sons de flûte et des frissons de soie.

À la proue éclatante où l’éperviers’éploie,
Hors de son dais royal se penchant pour mieux voir,
Cléopâtre debout en la splendeur du soir
Semble un grand oiseau d’or qui guette au loin sa proie.

Voici Tarse, où l’attend le guerrierdésarmé ;
Et la brune Lagide ouvre dans l’air charmé
Ses bras d’ambre où la pourpre a mis des reflets roses.

Et ses yeux n’ont pas vu, présage de sonsort,
Auprès d’elle, effeuillant sur l’eau sombre des roses,
Les deux enfants divins, le Désir et la Mort.

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