II
La lune sur le Nil, splendide et ronde,luit.
Et voici que s’émeut la nécropole antique
Où chaque roi, gardant la pose hiératique,
Gît sous la bandelette et le funèbreenduit.
Tel qu’aux jours de Rhamsès, innombrable etsans bruit,
Tout un peuple formant le cortègemystique,
Multitude qu’absorbe un calme granitique,
S’ordonne et se déploie et marche dans lanuit.
Se détachant des murs brodésd’hiéroglyphes,
Ils suivent la Bari que portent lespontifes
D’Ammon-Ra, le grand Dieu conducteur dusoleil ;
Et les sphinx, les béliers ceints du disquevermeil,
Éblouis, d’un seul coup se dressant sur leursgriffes,
S’éveillent en sursaut de l’éternelsommeil.