La Prière du Mort
Arrête ! Écoute-moi, voyageur. Si tespas
Te portent vers Cypséle et les rives del’Hèbre,
Cherche le vieil Hyllos et dis-lui qu’ilcélèbre
Un long deuil pour le fils qu’il ne reverrapas.
Ma chair assassinée a servi de repas
Aux loups. Le reste gît en ce hallierfunèbre.
Et l’Ombre errante aux bords que l’Érèbeenténèbre
S’indigne et pleure. Nul n’a vengé montrépas.
Pars donc. Et si jamais, à l’heure où le jourtombe,
Tu rencontres au pied d’un tertre ou d’unetombe
Une femme au front blanc que voile un noirlambeau ;
Approche-toi, ne crains ni la nuit ni lescharmes ;
C’est ma mère, Étranger, qui sur un vaintombeau
Embrasse une urne vide et l’emplit de seslarmes.