Vélin doré
Vieux maître relieur, l’or que tuciselas
Au dos du livre et dans l’épaisseur de la tranche,
N’a plus, malgré les fers poussés d’une main franche,
La rutilante ardeur de ses premiers éclats.Les chiffres enlacés que liaitl’entrelacs
S’effacent chaque jour de la peau fine et blanche ;
À peine si mes yeux peuvent suivre la branche
De lierre que tu fis serpenter sur les plats.Mais cet ivoire souple et presquediaphane,
Marguerite, Marie, ou peut-être Diane,
De leurs doigts amoureux l’ont jadis caressé ;Et ce vélin pâli que dora Clovis Ève
Évoque, je ne sais par quel charme passé,
L’âme de leur parfum et l’ombre de leur rêve.