Les trophées

La Centauresse

Jadis, à travers bois, rocs, torrents etvallons,
Errait le fier troupeau des Centaures sans nombre ;
Sous leurs flancs le soleil se jouait avec l’ombre ;
Ils mêlaient leurs crins noirs parmi nos cheveux blonds.

L’été fleurit en vain l’herbe. Nous lafoulons
Seules. L’antre est désert que la broussaille encombre ;
Et parfois je me prends, dans la nuit chaude et sombre,
À frémir à l’appel lointain des étalons.

Car la race de jour en jour diminuée
Des fils prodigieux qu’engendra la Nuée,
Nous délaisse et poursuit la Femme éperdument.

C’est que leur amour même aux brutes nousravale ;
Le cri qu’il nous arrache est un hennissement,
Et leur désir en nous n’étreint que la cavale.

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