Le Péril Bleu

Chapitre 4MIRASTEL ET SES HABITANTS

Voici venue l’heure de peindre le site oùM. Le Tellier, sa famille et son secrétaire venaientd’arriver, l’heure aussi d’esquisser le portrait de ceux qu’ilamenait avec lui et de ceux qu’il retrouvait, l’heure enfin derévéler pourquoi Mirastel avait à recevoir ses hôtes annuels dansun temps si prématuré.

 

À qui l’observe du midi – par exemple autouriste naviguant sur le lac Bourget – le Colombier semble unpiton formidable, un kopje isolé. On le prendrait alors pour unfrère géant de ces buttes qui parsèment la contrée de leursbrusques rotondités et que les autochtones appellent desmolards. C’est une illusion. Le Colombier n’a rien d’unpiton. Ce que vous regardez comme tel, c’est la croupe d’unelongue, longue chaîne où se termine le Jura. Le Colombier vient detrès loin dans le Nord, et il a soulevé son échine tortueusependant des lieues et des lieues avant d’arriver ici, dans uneffondrement échelonné de mamelons et de ravines, descentemagnifique de forêts courtes et trapues, succession de gorgesabruptes et de landes onduleuses, sorte d’abside à quelquesurhumaine cathédrale, d’où rayonnent les contreforts de roc et deverdure comme des arc-boutants qui seraient des montagnes.

Le versant oriental du Colombier meurt auniveau du Rhône qui, de ses méandres, en festonne le contour. Leversant de l’ouest ne plonge point si bas et forme en s’étalantl’agréable plateau du Valromey. Quant à la croupe, elle borne unvaste marécage traversé par le Rhône.

Or, au pied de cette croupe, sur le chemin degrande communication qui épouse sa courbe, la contourne et va deGenève à Lyon en passant par les lieux hantés des sarvants, serencontrent des villages et des châteaux alternés.

Les communes sont bâties au bord de la routeet se nomment Culoz, Béon, Luyrieu, Talissieu, Ameyzieu etArtemare. Entre elles, mais plus haut, sur le flanc de la montagne,les manoirs se dressent dans leur beauté diverse et plus ou moinsseigneuriale : Montverrand, féodal, Luyrieu, un décombre,Châteaufroid, moyenâgeux, Mirastel, Louis XIII, et Machuraz,Renaissance.

De tous ces châteaux, Mirastel seul nousintéresse.

Il est facilement reconnaissable. Du chemin defer, qui longe la route à quelque distance, on le voit se détachersur le fond vert assombri de la montagne, entre Machuraz, qui a desmurs blancs sous des tuiles rouges, et Châteaufroid, dont les deuxtourelles portent des cônes d’ardoises bleues. Il est en briques –des briques devenues roses, dont la chaude clarté l’ensoleilletoujours – et flanqué de quatre tours d’angle. Trois sont encorecoiffées de leurs vieux toits d’ardoises grises, en forme deballons pointus comme des casques sarrasins ; mais laquatrième supporte une coupole d’observatoire. Le jardin deMirastel, penché sur le dévers comme sur un pupitre, l’entoure d’unmoutonnement de frondaisons. Sa terrasse, plantée d’arbres, luifait de sa muraille un socle rocailleux. Il domine ses deuxvoisins, et lui-même est dominé par les hameaux montagnards d’Oucheet de Chavornay, qui, vers la gauche, se superposent derrière lui,jalonnant la voie pierreuse des sommets.

Deux chaussées carrossables montent en lacetsau portail de Mirastel. L’une vient de Talissieu, l’autred’Ameyzieu. Toutes deux viennent donc de la route. Mais, au milieudu vague triangle que dessine leur fourche, un sentier de chèvresescalade la rampe roide et vous mène directement de la route auseuil de l’enclos.

Comment ce castel, dans la fraîcheur de sonâge, a-t-il échappé aussi totalement à la haine de Richelieu ?Pourquoi n’est-il pas, comme tant d’autres, une ruine qu’on prendde loin pour un rocher, parmi tous ces rochers que le soir assimileà des bastilles démantelées ? La légende veut qu’alors ilabritât non quelque hobereau batailleur, mais un doux gentilhommeinoffensif, sans doute affligé d’insomnie, et qui, passant sesjournées à lire dans des livres et ses nuits à lire dans le ciel,aimait à recenser les constellations du haut d’une tour élevée.

De là serait venu le nom de« Mirastel », qui veut dire « Mire-étoiles » ou« Observateur-des-astres ».

 

À la vérité, quand feu M. Arquedouveacheta cette résidence, la tour du nord-ouest n’avait jamais eu decouverture : elle s’achevait en plate-forme. Et l’on dénichadans les combles – sous l’apparence d’un amas de cuivres découpéset gravés, embellis de figures allégoriques – force antiquesmachines d’astronomie, telles que sphères zodiacales etéquinoxiales, horizons azimutaux, quadrants, sextants, globescélestes, astrolabes, gnonoms et autres vieilleries renouvelées desChaldéens, auxquelles il convient d’adjoindre un de cesinterminables télescopes dont Kepler améliorait l’agencement àl’époque où Mirastel était flambant neuf.

M. Arquedouve, riche industriel lyonnais,acquit le domaine en 1874, onze ans après son mariage et sur lesinstances de son épouse, qui raffolait du paysage et ne rêvaitqu’astronomie. Cette femme supérieure, émule des Hypathie, desMme Lepaute et des Mme du Châtelet,voulut aménager un observatoire sur la plate-forme de latour ; et les travaux étaient finis, lorsqu’un double malheurvint frapper Mme Arquedouve.

Une amaurose assez inexpliquée la priva pourtoujours de la vue, et son mari décéda, laissant la pauvre aveugleavec deux filles, Augustine et Lucie, âgées de dix et de huitans.

De ce jour, Mme Arquedouve nequitta plus Mirastel. Malgré son infirmité, l’énergie et l’habitudefirent d’elle une éducatrice remarquable et une maîtresse de maisonaccomplie. Elle vaquait chez elle aux besognes les plusdifférentes, avec une adresse incroyable. Mais, sortie de son parc,elle entrait dans les ténèbres ; et c’était grand pitié, parles belles nuits scintillantes, de la voir lever ses yeux trépassésvers la splendeur d’un ciel qu’ils ne pouvaient sonder, maisdont elle écoutait la silencieuse harmonie.

Son idéal était d’avoir un gendre qui fûtastronome. Elle le réalisa. Quatre ans après le mariage de sa filleaînée avec le Dr Calixte Monbardeau, établi à Artemare, la cadetteépousait Jean Le Tellier, alors attaché à l’Observatoire deMarseille.

Ce fut à M. Le Tellier que profital’installation de la tour. Une bonne lunette équatoriale s’ytrouvait qui lui permit de poursuivre à Mirastel, durant la chaudesaison, quelques-uns de ses travaux.

Et maintenant, M. Le Tellier étaitdirecteur de l’Observatoire de Paris. Et maintenant,Mme Arquedouve était quatre fois grand-mère. Mais,hélas ! une avanie déplorable l’avait encore accablée.

Suzanne Monbardeau, l’aînée de sespetits-enfants, s’était laissée séduire par un nommé Front, deBelley, un don juan rustaud, dépourvu de tout sentiment. Il l’avaitenlevée ; et, M. Monbardeau ne voulant plus entendreparler de sa fille, la triste Suzanne vivait avec son amant, dansun modeste cottage à l’écart de la petite ville, et ne fréquentaitplus, de toute sa famille, que son frère Henri. Encore devait-il,pour la rencontrer, se cacher à la fois de Front et de leursparents. Bien de la misère, comme on le voit.

Suzanne, au mois d’avril 1912, avait trenteans, et son frère vingt-neuf. Sujet hors ligne, docteur etbiologiste, attaché à l’Institut Pasteur, célèbre aujourd’hui parson admirable traitement de l’artériosclérose, Henri Monbardeauvenait d’épouser une charmante jeune fille du pays, Fabienned’Arvière ; et le nouveau couple se reposait à Artemare d’unvoyage de noces quelque peu fatigant, lorsque les Le Tellierreçurent l’hospitalité de Mme Arquedouve.

Leur cousin Maxime Le Tellier, lui, couraitalors sur ses vingt-six ans. Reçu au Borda, aspirant, puisenseigne, il avait depuis peu quitté la marine de guerre pours’occuper d’océanographie avec le prince de Monaco. Averti quetoute sa famille allait se réunir en Bugey, il avait fait coïncideravec cette assemblée le mois d’indépendance auquel il avaitdroit.

Et voici, dans la séduction de ses dix-huitans et la grâce de sa beauté blonde, Marie-Thérèse Le Tellier, sasœur, dont il faudrait décrire en vers de grand poète la chevelured’or aux reflets d’argent, le teint de corolle fraîche, le regardmouillé, tel que Greuze l’aimait, la taille ronde, fine, souple… Etgentille ! Et bonne ! il faut savoir comme !… Enfin,cette enfant, on ne pouvait l’entendre parler sans adorer sapensée ; et pourtant, l’aspect de sa forme était si troublantque les jeunes hommes ne l’écoutaient pas, et qu’en voyant seslèvres merveilleuses ils ne pensaient qu’aux baisers de plus tardet non aux paroles d’aujourd’hui.

Suzanne et Henri Monbardeau, Maxime etMarie-Thérèse Le Tellier avaient vécu le meilleur de leur enfance àMirastel et à Artemare, en été. Là, Fabienne d’Arvière s’étaitmêlée à leurs jeux d’adolescents ; là aussi un pauvre petitorphelin, que M. Le Tellier faisait instruire, avait passé enleur compagnie beaucoup de belles vacances, avant de devenir lesecrétaire fidèle de son protecteur.

Artemare et Mirastel ! Que desouvenirs ! Les jeunes Monbardeau idolâtraient la tante LeTellier ; les petits Le Tellier ne juraient que par la tanteMonbardeau ; et c’était, pendant la saison du soleil, unperpétuel va-et-vient entre le château deMme Arquedouve et la villa du docteur. On vivaitdans les deux. On y prenait pension, quelquefois plusieurs jours desuite.

Mme Arquedouve présidaitguillerette aux réjouissances du château. Et elle était tantvivelette, cette menue damerette aux bandeaux lisses presque bleus,en sa robe d’alpaga noir d’une coupe monastique, avec une petitepèlerine, avec aussi un col et des manchettes de lingerie, elleétait, cette fluette damoiselle, tellement alerte et remuante,qu’on oubliait qu’elle fût aveugle, et que sans doute ellel’oubliait aussi, par moments.

La faute de Suzanne, hélas ! avait jetésur tout cela l’ombre pourpre de la honte… Mais, n’est-ce pas, onn’est pas tenu de rougir sans discontinuer parce qu’une fille de lamaison est devenue la proie d’un suborneur… Et ce fut au milieud’une réunion assez joviale que M. Le Tellier fit son entrée àMirastel, précédé de sa femme Lucie, de sa fille Marie-Thérèse,suivi de son fils Maxime et de son secrétaire M. RobertCollin.

 

Les sarvants étaient alors dans toute leurgloire, et pendant le dîner la conversation ne roula que sureux.

Dès la fin du repas, les quatre cousinss’échappèrent. Tous les ans, le même rite joyeux poussait lesnouveaux arrivés à faire, au débotté, le tour de Mirastel.

On chercha, dans la nuit venue, la silhouettede l’antique demeure, avec ses girouettes de fer forgé pointantvers les étoiles ; on parcourut la ferme attenant au château,le parc incliné, la terrasse plantée de marronniers fleuris. Leginkgobiloba, l’arbre rarissime de qui les aïeux remontentau déluge, y fut salué comme un vieil oncle végétal. Puis tous lesquatre s’engagèrent sous la charmille centenaire qui mène auportail et dont le berceau ténébreux faisait parmi la nuit une nuitplus nocturne.

C’était quatre taches mouvantes, deux grandes,sombres, et deux petites, claires, glissant, avec un bruit degalets remués, sur le gravier tiré de la rivière. Et elles disaientdes phrases où le nom de Suzanne revenait fréquemment…

Mais voici, jappant et frétillant, quelquechose de noir qui se précipite vers les promeneurs. C’est Floflo,un loulou de Poméranie au poil lustré de caresses, un amid’enfance, lui aussi, et le contemporain de Marie-Thérèse, bien quedéjà ce soit un vieillard chien… On le fête. On oublie un peuSuzanne. Et on poursuit la ronde sentimentale, au clair de lune quivient de jaillir d’une crête.

Fort bien. Et les parents ?

Les parents ? Ils devisent dans le salon,avec Mme Arquedouve et Robert Collin. Et tandis queMme Monbardeau, l’esprit tout aux sarvants,s’inquiète à part soi de la sortie des « enfants » –qu’elle traite d’imprudence – l’aïeule, s’adressant à M. LeTellier, lui demande :

– Jean, pourquoi venez-vous si tôt àMirastel ?

Mais l’astronome ne répond pas tout de go. Ilregarde sa femme d’un air gêné. Celle-ci, alors, toise lesecrétaire avec beaucoup d’arrogance. Elle parcourt d’un regardmalveillant le pauvre petit homme chétif qui est là, si maigre etsi laid ; elle semble faire l’inventaire de ses désavantagesphysiques, de ses pommettes saillantes, de son front excessif, desa vilaine barbe mousseuse, et elle fixe, derrière les lunettesd’or, les grands beaux yeux immensément rêveurs, comme s’ilsétaient aussi déshérités que le reste.

Robert Collin a compris. Il sent qu’il est detrop, il se lève, bredouille : « Si vous permettez, jevais… hum ! je vais défaire mes bagages. » Puis se retireen essuyant ses bésicles d’or.

Et Mme Monbardeau :

– Quel brave garçon, ce Robert. Comme tule traites, Luce !

– Je n’aime pas les gêneurs, faitMme Le Tellier sur un ton langoureux. Ce monsieurtoujours en tiers, c’est assommant !… Et encore, avec une têtepareille !

– Luce ! Luce ! grondeM. Le Tellier.

Or, le docteur a de la chance. Les deux sœursne pouvaient rien dire qui les peignît plus au vif en moins demots : l’une indulgente et bonne, franche et sansapprêt ; l’autre nonchalante et pleine d’âcreté, dure auprochain. Ajoutons que Mme Le Tellier se teignaitles cheveux au henné, qu’elle restait des heures étendue, sansraison valable, que ses ongles paraissaient huilés à force de luireet d’être repolis, et nous l’aurons décrite suffisamment[2].

Cependant Mme Arquedouve arépété sa question, et puisqu’on est en familledésormais :

– Ma mère, commence M. Le Tellier,moi je retournerai à Paris dans une quinzaine. Mais je vous aiamené surtout Marie-Thérèse.

– Est-ce qu’elle est souffrante ? Ouquoi ?… s’effare la grand-mère qui pense à son autrepetite-fille, Suzanne…

– Non, tranquillisez-vous. Mais voussavez que nous avons inauguré, le 12 avril, l’équatorial donné parM. Hatkins… Qu’est-ce que tu as, Calixte ?

Le docteur avait sursauté.

– Rien, fait-il. C’est ce nom de Hatkins…Continue, continue.

– Cette fête, ma mère, fut trèsbrillante. D’illustres personnages, des mondains notoires et pasmal d’étrangers de marque y assistaient. Notre Marie-Thérèse, quifaisait là ses premières armes, obtint un succès fou… et depuis cetaprès-midi – que le diable emporte ! – j’ai reçu tant et tantde demandes en mariage, si pressantes, si flatteuses et même si…imprévues, que, nous refusant d’une part à la marier si jeune, etd’autre part ne sachant plus que répondre à l’avalanche infatigablede lettres et de visites que cette excellente raison ne suffisaitpoint à rebuter, nous avons pris le parti de fuir ! Ce n’étaitplus tenable ! Ici, nul ne viendra nous relancer.

Mme Arquedouve prononçadoucement :

– Le duc d’Agnès – vous savez : cecamarade de classe de Maxime, l’aviateur qui est venu à Mirastell’année dernière – est-ce qu’il a demandé Marie-Thérèse ?

– Non…

– C’est dommage. J’aurais aimé cela.

– Moi aussi, affirmaMme Le Tellier.

– Elle aussi, conclut Monbardeau.

– Mon Dieu, repartit l’astronome,déconcerté, mon Dieu… le duc d’Agnès n’est pas un savant… Je neverrais pas d’inconvénient, toutefois, à ce que… Mais il ne l’a pasdemandée.

– En vérité, vous avez reçu tant depropositions ? admira le docteur.

Et Mme Le Tellier,languissante :

– Il y en avait d’impayables,figurez-vous. Un attorney de Chicago. Un officier de cavalerieespagnol. Un attaché d’ambassade hongrois. Et jusqu’à ceTurc : Abd-Ul-Kaddour !

– Ah ! Le Turc, c’est lebouquet ! s’écria M. Le Tellier en éclatant de rire. Unpacha, venu pour visiter Paris avec douze créatures de sonharem !… Il les promenait sans relâche, hermétiquementvoilées, au fond de trois landaus de louage !

– Hatkins ne s’est pas mis sur lesrangs ? demanda M. Monbardeau, le visage sévère.

– Non… Pourquoi ?

– Ouf ! je respire.

– Mais, mon cher ami, M. Hatkins neconnaît pas Marie-Thérèse… De plus, tout le monde sait qu’il gardeun culte fervent au souvenir de sa femme… Enfin, M. Hatkinsest le plus humble des philanthropes et ne s’est pas montré, mêmeune seconde, à l’inauguration. Il n’a jamais vu ma fille,j’en réponds.

– Tant mieux, tant mieux !

– Mais enfin…

– J’ai mes raisons.

– Puisque tu le connais, sais-tu qu’il vapartir avec des amis pour faire le tour du monde ?

– Ça m’est bien égal !

 

À cette minute, les « enfants »rentraient, clignant les yeux aux lumières des lampes.M. Monbardeau les interpella :

– Hé ! Vous n’avez pas rencontré lessarvants ?

Et tous de rire, plus ou moins de boncœur.

– Êtes-vous contents ? interrogeaMme Arquedouve.

– En doutez-vous, grand-mère ? On vareprendre dès demain la bonne vie d’autrefois ! réponditMaxime.

– Tu retrouveras ton laboratoire avec tesanciennes collections, ton aquarium !

– Il va même resservir, cet aquarium. Jevoudrais tenter ici quelques expériences utiles à mes travauxd’océanographie. Ce vieux Philibert me fournira des poissons tousles huit jours… Et puis, je compte aussi faire beaucoupd’aquarelles.

– Et des excursions, je suppose !s’écria Marie-Thérèse. Tout cet hiver, je n’ai pensé qu’au momentoù je pourrais toucher la croix du Grand-Colombier ! C’est sibeau, là-haut !

– Ah ! toujours l’intrépideascensionniste ! dit gaiement Mme Monbardeau.Marie-Thérèse, viendras-tu bientôt nous demander le gîte et lecouvert à Artemare ?

– Ma tante, j’y ai déjà songé !

– Oh ! pas tout de suite !réclama la grand-mère, en flattant de sa main d’aveugle, mobile etvivace, la chevelure de sa petite-fille.

– Quand cela te chantera, reprit la tanteMonbardeau. Inutile de prévenir, ta chambre sera prête. Et latienne aussi, Maxime.

La modeste neuf chevaux du médecin de campagneronflait sur la terrasse, devant le château. Les quatre Monbardeaus’y installèrent.

– Adieu ! adieu ! Àdemain ! À bientôt !

Le clair de lune baignait le panorama superbeet montagneux.

L’auto dévalait promptement les zigzags de lacôte.

Appuyés au parapet, ceux de Mirastel criaientavec des rires :

– Prenez garde aux sarvants !

La corne beugla au tournant de la route.

Il faisait si calme qu’on entendit le ronrondu moteur jusque dans Artemare, où il s’arrêta.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer