Le Comte de Moret – Tome II

V

LA CONFESSION.

Le lendemain du jour où le roi Louis XIII, sur les conseils de son fou l’Angély, avait pris la résolution de rendre M. Baradas jaloux, le cardinal de Richelieu expédiait Cavois à l’hôtel Montmorency avec une lettre adressée au prince et conçue en ces termes :

« Monsieur le duc,

« Permettez que j’use d’un des privilèges de ma charge de ministre en vous exprimant le grand désir que j’aurais de vous voir et de parler sérieusement avec vous, comme avec un de nos capitaines les plus distingués, de la campagne qui va s’ouvrir.

« Permettez, en outre, que je vous apprenne le désir que l’entrevue ait lieu dans ma maison de la place Royale, voisine de votre hôtel, et que je vous prie de venir à pied et sans suite, afin que cette entrevue, toute à votre satisfaction, je l’espère, reste secrète.

« Si neuf heures du matin était une heure à votre convenance, elle serait aussi à la mienne.

« Vous pourriez vous faire accompagner, si vous n’y voyez aucun inconvénient et s’il consentait à me faire le même honneur que vous, de votre jeune ami le comte de Moret, sur lequel j’ai des projets tout à fait dignes du nom qu’il porte et de la source d’où il sort.

« Croyez-moi avec la plus sincère considération, monsieur le duc, votre très-dévoué serviteur.

« ARMAND, cardinal de Richelieu. »

Un quart d’heure après avoir été chargé du soin de porter cette lettre, Cavois revint avec la réponse du duc. M. de Montmorency avait reçu à merveille le messager, et faisait dire au cardinal qu’il acceptait le rendez-vous avec reconnaissance et serait chez lui à l’heure dite, avec le comte de Moret.

Le cardinal parut fort satisfait de la réponse, demanda à Cavois des nouvelles de sa femme, apprit avec plaisir que, grâce au soin qu’il avait eu, pendant les huit on dix derniers jours écoulés, de ne retenir Cavois que deux nuits au Palais-Royal, le ménage jouissait de la plus douce sérénité, et se mit à son travail ordinaire.

Le soir, le cardinal envoya le P. Joseph prendre des nouvelles du blessé Latil ; il allait de mieux en mieux, mais ne pouvait encore quitter la chambre.

Le lendemain, au point du jour, le cardinal, selon son habitude, descendit dans son cabinet ; mais de si bonne heure qu’il se fût levé, quelqu’un l’attendait déjà, et on lui annonça que, dix minutes auparavant, une dame voilée, qui avait dit ne vouloir se faire connaître qu’à lui, s’était présentée et était demeurée dans l’antichambre.

Le cardinal employait tant de personnes différentes à sa police, que, pensant qu’il avait affaire à quelqu’un de ses agents, ou plutôt de ses agentes, il ne chercha même point à deviner laquelle, et ordonna à son valet de chambre Guillemot de faire entrer la personne qui demandait à lui parler, et de veiller à ce que personne n’interrompit sa conférence avec l’inconnue ; quand il voudrait donner un ordre quelconque, il frapperait sur son timbre.

Puis jetant les yeux sur la pendule, il vit qu’il lui restait plus d’une heure avant l’arrivée de M. de Montmorency, et pensant qu’une heure lui suffirait pour expédier la dame voilée, il ne crut pas devoir ajouter d’autre recommandation.

Cinq minutes après, Guillemot entrait conduisant la personne annoncée.

Elle demeura debout, près de la porte. Le cardinal fit un signe à Guillemot qui sortit, et le laissa seul avec la personne qu’il venait d’introduire.

Le cardinal n’avait eu qu’un regard à jeter sur elle pour s’assurer, aux trois ou quatre pas qu’elle avait faits pour entrer dans le cabinet, qu’elle était jeune, et pour reconnaître à sa mine, qu’elle était de distinction.

Alors voyant, malgré le voile qui lui couvrait le visage, que l’inconnue paraissait fort intimidée :

– Madame, lui dit-il, vous avez désiré une audience de moi. Me voici : parlez.

Et en même temps il lui faisait signe de s’avancer vers lui.

La dame voilée fit un pas ; mais, se sentant chanceler, elle se soutint d’une main au dos d’une chaise, tandis que, de l’autre, elle essayait de comprimer les battements de son cœur.

Et même sa tête, légèrement renversée en arrière, indiquait qu’elle était en proie à un de ces spasmes causés par l’émotion ou par la crainte.

Le cardinal était trop observateur pour se tromper à ces signes.

– À la terreur que je vous inspire, madame, dit-il en souriant, je suis tenté de croire que vous venez à moi de la part de mes ennemis. Rassurez-vous ; vinssiez-vous de leur part, du moment que vous venez chez moi, vous y serez reçue comme la colombe le fut dans l’arche.

– Peut-être, en effet, viens-je du camp de vos ennemis, monseigneur ; mais j’en sors en fugitive et pour vous demander à la fois votre appui comme prélat et comme ministre ; comme prêtre, je viens vous supplier de m’entendre en confession ; comme ministre, je viens implorer votre protection.

Et l’inconnue joignait les mains en signe de prière.

– Il m’est facile de vous entendre en confession, dussiez-vous me rester inconnue, mais il m’est difficile de vous protéger sans savoir qui vous êtes.

– Du moment où j’aurai la preuve d’être entendue en confession par vous, monseigneur, je n’aurai plus aucune raison de demeurer inconnue, puisque la confession mettra sur vos lèvres son sceau sacré.

– Alors, dit le cardinal s’asseyant, venez ici ma fille, et ayez double confiance en moi, puisque vous m’invoquez au double titre de prêtre et de ministre.

La pauvre jeune femme s’approchant du cardinal, se mit à genoux près de lui et leva son voile.

Le cardinal la suivait des yeux avec une curiosité qui prouvait qu’il ne croyait pas avoir affaire à une pénitente vulgaire. Mais lorsque cette pénitente leva son voile il ne put s’empêcher de pousser un cri de surprise.

– Isabelle de Lautrec, murmura-t-il.

– Moi-même, monseigneur, puis-je espérer que ma vue n’a rien changé aux bonnes dispositions de Votre Éminence ?

– Non, mon enfant, dit le cardinal en lui serrant vivement la main, vous êtes la fille d’un des bons serviteurs de la France, et par conséquent d’un homme que j’estime et que j’aime ; et depuis que vous êtes à la cour de France, où je vous ai vue arriver avec quelque défiance, je dois dire que je n’ai eu qu’à approuver la conduite que vous y avez tenue.

– Merci, monseigneur, vous me rendez toute ma confiance, et je viens justement implorer votre bonté pour me tirer du double danger que je cours.

– Si c’est une prière que vous me faites ou un conseil que vous me demandez, mon enfant, ne demeurez pas à genoux, et asseyez-vous près de moi.

– Non, monseigneur, laissez-moi ainsi, je vous prie. Je désire que les aveux que j’ai à vous faire gardent tout le caractère de la confession. Autrement ils prendraient peut être le caractère d’une dénonciation et s’arrêteraient sur ma bouche.

– Faites ainsi que vous l’entendrez, ma fille, dit le cardinal. Dieu me garde de combattre les susceptibilités de votre conscience, ces susceptibilités fussent-elles exagérées.

– Lorsqu’on me força à demeurer en France, monseigneur, quoique mon père partît pour l’Italie, avec M. duc de Nevers, on fit valoir à mon père deux choses : la fatigue que j’éprouverais dans un long voyage, et le danger que je courrais dans une ville qui pouvait être assiégée et prise d’assaut. En outre, en m’offrant près de Sa Majesté une place qui pouvait satisfaire les désirs d’une jeune fille, même plus ambitieuse que moi…

– Continuez, et dites-moi si vous ne vîtes pas bientôt quelque danger dans cette place que vous occupiez.

– Oui monseigneur, il me sembla que l’on avait spéculé sur ma jeunesse et mon dévouement à ma royale maîtresse. Le roi parut faire à moi une attention que je ne méritais certes pas. Le respect, pendant quelque temps, m’empêcha de me rendre compte des impressions de Sa Majesté, que sa timidité maintenait, du reste, dans les limites d’une galante courtoisie, et cependant un jour il me sembla que je devais compte à la reine de quelques mots qui m’avaient été dits comme venant de la part du roi ; mais à mon grand étonnement, la reine se prit à rire, et me dit : « Ce serait un grand bonheur, chère enfant, si le roi devenait amoureux de vous. » Je réfléchis toute la nuit à ces paroles, et il me sembla qu’on avait eu sur mon séjour à la cour et sur ma position près de la reine, d’autres vues que celles qu’on avait laissé paraître. Le lendemain le roi redoubla d’assiduité ; en huit jours, il était venu trois fois au cercle de la reine, ce qui ne lui était jamais arrivé. Mais au premier mot qu’il me dit, je lui fis une révérence et, prétextant près de la reine une indisposition, je lui demandai la permission de me retirer. La cause de ma retraite était si visible, qu’à partir de cette soirée, le roi non-seulement ne me parla plus, mais ne s’approcha même plus de moi. Quant à la reine Anne, elle parut éprouver de ma susceptibilité un vif déplaisir, et lorsque je lui demandai la cause de son refroidissement envers moi, elle se contenta de répondre : « Je n’ai rien contre vous que le regret du service que vous eussiez pu nous rendre et que vous ne nous avez pas rendu. » La reine-mère fut encore plus froide pour moi que la reine.

– Et, demanda le cardinal, avez-vous compris le genre de service que la reine attendait de vous ?

– Je m’en doutais vaguement, monseigneur, plutôt par la rougeur instinctive que je sentis monter à mon front que par la révélation de mon intelligence. Cependant, comme sans devenir bienveillante, la reine, continua d’être douce pour moi, je ne me plaignis point, et, demeurai près d’elle, lui rendant tous les services qu’il était en mon pouvoir de lui rendre. Mais hier, monseigneur, à mon grand étonnement et à celui des deux reines, Sa Majesté, qui depuis plus de deux semaines n’était point venue au cercle des dames, entra sans avoir prévenu personne de son arrivée, et, le visage souriant, contre son habitude, salua sa femme, baisa la main de sa mère, et s’avança près de moi. La reine m’ayant permis de m’asseoir devant elle, je me levai à la vue du roi, mais il me fit rasseoir ; et, tout en jouant avec la naine Gretchen, qu’a envoyée à sa nièce l’infante Claire Eugénie, le roi m’adressa la parole, s’informa de ma santé, m’annonça qu’à la prochaine chasse il inviterait les reines et me demanda si je les accompagnerais. C’était une chose si extraordinaire que les attentions du roi pour une femme, que je sentais tous les yeux fixés sur moi, et qu’une rougeur bien autrement ardente qua la première me couvrit le visage. Je ne sais ce que je répondis à Sa Majesté, ou plutôt je ne répondis pas, je balbutiai des paroles sans suite. Je voulus me lever, le roi me retint par la main.

Je retombai paralysée sur ma chaise, pour cacher mon trouble. Je pris la petite Gretchen dans mes bras ; mais elle, qui dans cette position voyait mon visage, tout courbé qu’il fût vers la terre, se mit tout haut, à me dire : « Pourquoi donc pleurez-vous ? » Et, en effet, des larmes involontaires coulaient silencieusement de mes yeux et roulaient sur mes joues. Je ne sais quelle signification le roi donna à mes larmes, mais il me serra la main, tira des bonbons de son drageoir et les donna à la petite naine, qui éclata d’un méchant rire, glissa de mes bras et s’en alla parler tout bas à la reine. Restée seule et isolée, je n’osais ni me lever ni demeurer à ma place ; un pareil malaise ne pouvait durer, je sentis le sang bruire à mes oreilles, mes tempes se confièrent, les meubles parurent se mouvoir, les murs semblèrent osciller. Je sentis les forces me manquer, la vie se retirer de moi ; je m’évanouis.

Quand je repris mes sens, j’étais couchée sur mon lit et Mme de Fargis était assise près de moi.

– Mme de Fargis ! répéta le cardinal en souriant.

– Oui, monseigneur.

– Continuez, mon enfant.

– Je ne demande pas mieux ; mais ce qu’elle me dit est si étrange, les félicitations qu’elle m’adressa sont si humiliantes, les exhortations qu’elle me dit sont si singulières, que je ne sais comment les dire à Votre Éminence.

– Oui, fit le cardinal, elle vous dit que le roi était amoureux de vous, n’est-ce pas ? Elle vous félicita d’avoir opéré sur Sa Majesté un miracle que la reine elle-même n’avait pas pu opérer. Et elle vous exhorta à entretenir du mieux que vous pourriez cet amour, afin que, succédant dans les bonnes grâces du roi à son favori qui le boude, vous puissiez par votre dévouement servir, les intérêts politiques de mes ennemis.

– Votre nom n’a point été prononcé, monseigneur.

– Non, pour le premier jour c’eût été trop, mais j’ai bien deviné ce qu’elle vous a dit, n’est-ce pas ?

– Mot pour mot, monseigneur.

– Et que répondîtes-vous ?

– Rien ; j’avais achevé de comprendre ce dont je n’avais eu, aux premières attentions du roi, qu’un vague pressentiment. On voulait faire de moi un instrument politique. Bientôt, comme je continuais de pleurer et de trembler, la reine entra et m’embrassa ; mais cet embrassement, au lieu de me soulager, me serra le cœur et me fit froid. Il me sembla qu’il devait y avoir un secret venimeux, caché dans ce baiser qu’une femme et surtout qu’une reine, donne à la jeune fille menacée de l’amour de son époux pour l’affermir et encourager cet amour ! – Puis, prenant Mme de Fargis à part, elle échangea bas quelques mots avec elle, en me disant : – Bonne nuit, chère Isabelle, croyez à tout ce que vous dira Fargis, et surtout à ce que notre reconnaissance est disposée à faire en échange de votre dévouement – et elle rentra dans sa chambre. Mme de Fargis resta. À l’entendre, je n’avais qu’à me laisser faire, c’est-à-dire qu’à me laisser aimer du roi. Elle parla longtemps sans que je répondisse, essayant de me faire comprendre ce que c’était que l’amour du roi, et combien cet amour se contenterait de peu. Sans doute elle crut m’avoir convaincue, car elle m’embrassa à son tour et me quitta ; mais à peine eut-elle refermé la porte sur elle que ma résolution fut prise : c’était de venir à vous, monseigneur, de me jeter à vos pieds et de vous tout dire.

– Mais ce que vous me racontez-là, mon enfant, dit le cardinal, est le récit de vos craintes ; or, ces craintes n’étant ni un péché ni un crime, mais au contraire une preuve de votre innocence et de votre loyauté, je ne vois pas pourquoi vous vous êtes crue obligée de me faire ce récit à genoux et de lui donner la forme d’une confession.

– C’est que je ne vous ai pas tout dit, monseigneur : cette indifférence ou plutôt cette crainte que m’inspire le roi, je ne l’éprouve pas pour tout le monde, et ma seule hésitation en venant à vous n’est pas causée par la nécessité de dire à Votre Éminence : Le roi m’aime, mais par celle de lui dire : Monseigneur, j’ai peur d’en aimer un autre.

– Et cet autre, est-ce donc un crime de l’aimer ?

– Non, mais un danger, monseigneur.

– Un danger, pourquoi cela ? Votre âge est celui de l’amour, et la mission de la femme, indiquée à la fois par la nature et par la société, est d’aimer et d’être aimée.

– Mais non pas quand celui qu’elle craint d’aimer est au-dessus d’elle par le rang et par la naissance.

– Votre naissance, mon enfant, est plus qu’honorable, et votre nom, quoiqu’il ne brille plus du même éclat qu’il y a cent ans, marche encore l’égal des plus beaux noms de France.

– Monseigneur, monseigneur, ne m’encouragez pas dans une espérance folle et surtout dangereuse.

– Croyez-vous donc que celui que vous aimez ne vous aime pas ?

– Je crois qu’il m’aime au contraire, monseigneur, et c’est ce qui m’épouvante.

– Vous vous êtes aperçue de cet amour ?

– Il m’en a fait l’aveu.

– Et maintenant que la confession est faite, vous m’avez parlé d’une prière.

– La prière, la voici, monseigneur cet amour du roi, si peu exigeant qu’il soit deviendra une tache du moment où je l’aurai autorisé, et même du moment où je l’aurai repoussé, car on aura intérêt à y faire croire, et je ne veux pas être un instant soupçonnée par celui qui m’aime et que je crains d’aimer ; la prière est donc, monseigneur, de me renvoyer à mon père. Quel que soit le danger là-bas, il sera moins grand qu’ici.

– Si j’avais affaire à un cœur moins pur et moins noble que le vôtre, moi aussi je me joindrais à ceux qui ne craignent pas de ternir votre pureté et de briser votre cœur ; moi aussi je vous dirais : « Laissez-vous aimer, de ce roi qui n’a jamais rien aimé au monde et qui, peut-être par vous, commencera enfin, à aimer ; » Je vous dirais : « Feignez d’être la complice de ces deux femmes qui travaillent à l’abaissement de la France, et soyez mon alliée, à moi, qui veux sa grandeur. » Mais vous n’êtes pas de celles à qui l’on fait de ces propositions ; vous désirez quitter la France, vous la quitterez ; vous désirez retourner près de votre père, je vous en donnerai les moyens.

– Oh ! merci, s’écria la jeune fille en saisissant la main du cardinal et en la baisant avant que celui-ci ait eu le temps de s’y opposer.

– La route ne sera peut-être pas sans danger.

– Les véritables dangers, monseigneur, sont pour moi à cette cour, où je me vois menacée de périls mystérieux et inconnus, où je sens trembler incessamment sous mes pieds, le terrain sur lequel je marche, et où l’innocence de mon cœur et la virginité de mes pensées sont des chances de plus de succomber. – Éloignez-moi de ces reines qui conspirent, de ces princes qui feignent des amours qu’ils n’ont pas, de ces courtisans qui intriguent, de ces femmes qui conseillent, comme toutes simples et toutes naturelles, des choses impossibles, et de ces bouches augustes qui promettent, à la honte, les récompenses dues à l’honneur et à la loyauté. Éloignez-moi d’ici monseigneur, et tant qu’il me sera donné par le Seigneur de rester honnête et pure, je vous serai reconnaissante.

– Je n’ai rien à refuser à qui me prie pour une pareille cause et par de semblables instances. Relevez-vous, dans une heure tout sera sinon prêt, du moins arrêté pour votre départ.

– Ne m’absolvez-vous pas, monseigneur ?

– À qui n’a point commis de faute, l’absolution est inutile.

– Bénissez moi au moins, et votre bénédiction effacera peut-être le trouble de mon cœur.

– Les mains que j’étendrais sur vous, mon enfant, chargé d’affaires et de préoccupations mondaines comme je le suis, seraient moins pures que ce cœur, tout troublé qu’il est. C’est à Dieu de vous bénir, mais pas à moi, et je le prie ardemment de remplacer par sa suprême bonté, mon insuffisante tendresse.

En ce moment neuf heures sonnèrent. Richelieu s’approcha de son bureau et frappa sur un timbre.

Guillemot parut.

Les personnes que j’attendais sont-elles arrivées ? demanda le cardinal.

– En ce moment même le prince vient d’entrer dans la galerie des tableaux.

– Seul, ou accompagné ?

– Avec un jeune homme.

– Mademoiselle, dit le cardinal, avant de vous rendre une réponse, je ne dirai pas définitive, mais détaillée, j’ai besoin de causer avec les deux personnes qui viennent d’arriver. Guillomot, conduisez Mlle de Lautrec chez ma nièce, dans une demi-heure vous entrerez pour demander si je suis libre.

Et saluant respectueusement Mlle de Lautrec, qui suivit le valet de chambre, il alla ouvrir lui-même la porte de la galerie de tableaux où se promenaient, mais depuis quelques minutes seulement, le duc de Montmorency et le comte de Moret.

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer