Le Comte de Moret – Tome II

XV

UN CHAPITRE D’HISTOIRE.

Après chaque guerre, si longue qu’elle soit, même après la guerre de trente ans, la paix se signe, et une fois la paix signée, les rois qui se sont fait la guerre s’embrassent, sans qu’il soit le moins du monde question des milliers d’hommes qui, sacrifiés à ces querelles momentanées, pourrissent sur les champs de bataille, des milliers de veuves qui pleurent, des milliers de mères qui se tordent les mains, des milliers d’enfants qui s’habillent de deuil.

Il est vrai que, grâce à la bonne foi de Charles-Emmanuel, on pouvait être sûr que cette nouvelle paix serait rompue à la première occasion que trouverait le duc de Savoie de la rompre avantageusement.

Un mois ou deux se passèrent en fêtes pendant lesquelles le duc de Savoie envoya ses émissaires à Vienne et à Madrid.

À Vienne, son envoyé était chargé de dire que la violence que le roi venait de lui faire à Suze était moins honteuse et plus avantageuse et moins préjudiciable à lui qu’à Ferdinand, attendu que lui, duc de Savoie, n’avait disputé le passage au roi de France que pour soutenir les droits de l’empire en Italie.

Que le secours porté par la France aux habitants de Cazal était un attentat manifeste contre l’autorité de l’empereur ; puisque la place n’était assiégée par les Espagnols que dans le but d’obliger le duc de Nevers, établi malgré l’empereur dans un fief de l’empire, à rendre l’obéissance légitimement due à Sa Majesté impériale.

À Madrid, son envoyé était chargé de faire comprendre au roi Philippe IV et au comte-duc, son premier ministre, que l’affront fait aux armées espagnoles devant Cazal rendait l’autorité de Sa Majesté Catholique méprisable en Italie, s’il demeurait impuni ; que le roi de France, poussé par Richelieu, méditait de chasser les Espagnols de Milan, et que le cabinet de Madrid devait s’attendre à ce qu’une fois chassé de Milan, les Espagnols ne resteraient pas longtemps à Naples.

De leur côté, Philippe IV et Ferdinand échangeaient des émissaires.

Voici ce qui se décidait entre eux.

L’empereur allait demander aux cantons suisses un passage pour ses troupes. Si les Grisons refusaient le passage, on les surprendrait et l’on marcherait immédiatement sur Mantoue.

Le roi d’Espagne rappelait don Gonzales de Cordoue et mettait à sa place, à la tête-des troupes espagnoles en Italie, le fameux Amboise Spinola, avec ordre d’assiéger et de reprendre Cazal, pendant que les troupes de l’empire assiégeraient et reprendraient Mantoue.

L’effet moral de cette campagne, terminée en quelques jours, avait été immense ; l’affaire surprit l’Europe et fit grand honneur au roi Louis XIII, le seul des souverains, avec Gustave-Adolphe, qui sortît de son palais l’épée au côté et de son royaume l’épée à la main. Ferdinand II et Philippe IV faisaient la guerre partout et toujours, et cruellement, mais ils la faisaient agenouillés devant leur prie-Dieu.

Si le roi et son armée eussent pu rester en Piémont, tout était sauvé ; mais le cardinal s’était engagé à réduire les protestants avant l’été, et les protestants avaient profité de l’absence du roi et du cardinal pour se réunir sous le commandement du duc de Rohan au nombre de quinze mille dans le Languedoc.

Le roi fit ses adieux à son bon oncle le duc de Savoie, ignorant encore toutes les intrigues que celui-ci avait nouées, même pendant sa présence en Piémont. Le 22 avril, il rentrait en France par Briançon, Gap, Châtillon, et marchait sur Privas.

Il évitait Lyon dont les deux reines avaient fui bien vite à cause de la peste.

Quant à Monsieur, nous croyons l’avoir dit déjà, il avait, dans son mécontentement, quitté non-seulement Paris, mais la France, acceptant l’hospitalité que lui avait offerte dans la ville de Nancy le duc Charles IV de Lorraine. En quittant la France, il avait abandonné ses prétentions sur la princesse Marguerite, sœur du duc.

Traqué par quarante mille hommes conduits par trois maréchaux de France et par Montmorency que Richelieu faisait aller où il voulait en lui montrant l’épée de connétable, Rohan finit par faire, lui chef protestant, la même faute qu’avaient commise, le siècle précédent, les chefs catholiques.

Il fit avec l’Espagne, son ennemie mortelle à lui et l’ennemie mortelle de la France, un traité d’argent que l’Espagne ne tint pas. Enfin Privas, sa dernière place forte, fut prise, on pendit un tiers des habitants, on dépouilla non-seulement les pendus, mais tous les autres rebelles de leurs biens ; et enfin, le 24 juin 1629, on signa en vue d’une nouvelle campagne d’Italie, dont les affaires commençaient à se brouiller, une paix dont la principale condition fut de démanteler toutes les villes protestantes.

On avait su devant Privas quelque chose du dessein qu’avait Ferdinand de faire passer des troupes en Italie ; on disait que Waldstein, lui-même, comptait franchir les Alpes grisonnes avec cinquante mille hommes, Enfin on eut connaissance qu’une déclaration avait été lancée par Ferdinand, en date du 5 juin, dans laquelle il déclarait que ses troupes marchaient en Italie, non pour y porter la guerre, mais afin d’y conserver la paix en maintenant l’autorité légitime de l’empereur, et en défendant les fiefs de l’empire dont les étrangers prétendaient disposer au préjudice de ses droits.

Par la même déclaration, l’empereur faisait instance amicale au sérénissime roi d’Espagne, comme à celui qui possédait le fief principal de l’empire en Italie, de pourvoir les troupes impériales de vivres et de munitions nécessaires.

Tout était donc à recommencer en Italie ; par malheur, Louis n’était prêt ou plutôt ne serait prêt pour une guerre étrangère que dans cinq ou six mois.

Faute d’argent, après Privas, Richelieu avait été forcé de licencier trente régiments.

On envoya M. de Sabern à la cour de Vienne pour demandera l’empereur son ultimatum.

De son côté, M. de Créquy fut envoyé à Turin pour inviter Monsieur de Savoie à s’expliquer franchement et à dire, en cas de guerre, quel drapeau il arborerait.

L’empereur répondit :

« Le roi de France est venu en Italie avec une puissante armée sans aucune déclaration à l’Espagne ni à l’empire, et s’y est rendu maître par les armes ou par composition, de quelques localités soumises à la juridiction de l’empereur ; que le roi de France retire ses troupes de l’Italie, et l’empereur souffrira que l’affaire soit jugée par le droit commun. »

Le duc de Savoie répondit :

« Le mouvement des Impériaux à travers les Grisons n’a point rapport à ce qui s’est fait dans le traité de Suze ; mais le roi d’Espagne souhaite que les Français sortent d’Italie et que Suze soit promptement rendue. Si le roi Louis veut donner cette satisfaction à son beau-frère Philippe IV, le duc de Savoie obtiendra de l’empereur Ferdinand qu’il retire ses troupes du pays des Grisons. »

M. de Créquy transmit cette réponse au roi, qui la rendit au cardinal, en le chargeant de répondre.

Le cardinal répondit :

« Dites au duc de Savoie qu’il n’est point question de ce que désirent l’empereur et le roi d’Espagne, mais de savoir purement et simplement si Son Altesse voulait tenir sa parole donnée de joindre ses troupes à celles du roi pour maintenir le traité de Suze. »

Le roi revint à Paris, furieux contre son frère Monsieur, dont il voulait confisquer les propriétés ; mais la reine-mère fit si bien qu’elle raccommoda les deux frères et que Monsieur, qui, comme toujours, avait fait au roi son humble soumission, fit ses conditions pour rentrer, et, au lieu de perdre à son escapade, il y gagna le duché de Valois, une augmentation de cent mille livres de pension par an, le gouvernement d’Orléans, de Blois, de Vendôme, de Chartres, le château d’Amboise, le commandement de l’armée de Champagne et la commission, en cas d’absence du roi, de lieutenant-général à Paris et dans les provinces voisines. Puis cette curieuse réserve était faite : « En se raccommodant avec le roi, Monsieur ne s’engage point à oublier les injures du cardinal de Richelieu, injures dont il le punira tôt ou tard. »

Le cardinal eut connaissance de ce pacte quand il était trop tard pour l’empêcher ; il alla trouver le roi et lui mit le traité sous les yeux.

Louis baissa la tête ; il comprenait tout ce qu’il y avait de profonde ingratitude dans la faiblesse qu’il avait eue de céder aux exigences de son frère.

– Si Votre Majesté fait cela pour ses ennemis, dit le cardinal, que fera-t-elle donc pour l’homme qui lui a prouvé qu’il était son meilleur ami.

– Tout ce que me demandera cet homme, si cet homme est vous.

Et en effet, séance tenante, le roi le nomma vicaire-général en Italie et généralissime de toutes ses armées.

En apprenant ces concessions faites à son ennemi, Marie de Médicis accourut, et ayant pris connaissance de la commission donnée au cardinal :

– Et à nous, monsieur, demanda-t-elle à son fils avec un sourire railleur, quels droits nous réservez-vous donc ?

– Celui de guérir les écrouelles, répondit l’Angély, qui était présent à la discussion.

Avec des efforts inouïs, avec une vigueur admirable, le cardinal improvisa une nouvelle campagne.

Seulement un ennemi barrait le chemin du Piémont « et opposait à l’armée un abîme dans lequel la moitié se fût engloutie. »

Cet obstacle, c’était la peste.

La peste qui avait forcé les deux reines de revenir à Paris et qui avait forcé le roi de passer par Briançon.

Elle était passée de Milan – c’est la même que Manzoni peint, dans les Promessi sposi – elle était passée de Milan à Lyon, où elle faisait des ravages terribles. Quelques soldats, disait-on, l’avaient rapportée d’au-delà des Alpes ; elle éclata aux portes de Lyon, dans le village de Vaux. On établit un cordon sanitaire autour du village ; mais la peste, comme tous les fléaux, a des alliés dans les mauvaises passions humaines. La peste s’adressa à la cupidité. Quelques bardes de pestiférés, introduites en fraude et vendues auprès de l’église de Saint-Nizier, importèrent la contagion au cœur de Lyon.

On était aux derniers jours du mois de septembre.

On eût dit en voyant les ouvriers tomber comme frappés de la foudre dans les quartiers populeux de Saint-Nizier, de Saint Jean et de Saint Georges, une raillerie de la nature. Le temps était magnifique ; jamais soleil plus beau n’avait illuminé un ciel plus serein ; jamais l’air n’avait été si doux et si pur, jamais végétation plus luxuriante n’avait paré les admirables paysages du Lyonnais ; point de variations subites dans la température, point de chaleurs extrêmes, point d’orages, aucune de ces intempéries atmosphériques auxquelles on attribue tant d’influence sur l’apparition des maladies contagieuses. Radieuse et sonnante, la nature regardait la corruption et la mort frapper à la porte des maisons.

C’était, au reste, à ne rien comprendre au fléau, tant il était bizarrement capricieux. Il épargnait un côté de la rue, ravageait l’autre. Une île de maisons restait intacte, et les maisons qui entouraient cette île étaient toutes visitées et tendues de noir par la sinistre hôtesse. Elle passait au dessus des quartiers infects et encombrés de la vieille ville et allait attaquer les places de Bellecourt et des Terreaux, les quais, les quartiers les plus beaux, les plus accessibles à l’air et à la lumière ; toute la partie inférieure de la grande cité fut dévastée. Elle s’arrêta, on ne sait pourquoi, vers la rue Neyret, au niveau d’une petite maison sur la façade de laquelle on vit longtemps une petite statue avec cette inscription latine :

Ejus prœsidio, non ultra pestis. 1628.

Il n’y eut pas un seul pestiféré à la Croix-Rousse.

Puis, comme si ce n’était point assez de la peste, en frappant du pied la terre elle en fit sortir le meurtre. Comme à Marseille en 1720, comme à Paris en 1832, le peuple, toujours défiant et crédule, cria à l’empoisonnement. Ce n’était point, comme à Paris, des malfaiteurs qui souillaient l’eau des fontaines ; ce n’étaient point comme à Marseille, des forçats qui corrompaient l’eau du port. Non, à Lyon, c’étaient des engraisseurs qui frottaient d’un onguent mortel les marteaux des portes. C’étaient les chirurgiens, disait-on, qui fabriquaient cette pommade pestilentielle. Un jésuite, le P. Guillot, a vu les engraisseurs et leur graisse. « C’est, dit-il, vers le milieu de septembre que l’on commença de graisser les portes ; le sacristain de l’église des jésuites trouva derrière un banc une masse de cette graisse ; il la fit brûler, mais la fumée était tellement fétide qu’on se hâta d’enterrer ce qui restait du poison.

Le beau livre de M. de Montfalcon, où nous puisons ce détail, ne dit point si le P. Guillot se trouva à point pour donner l’absolution à ceux que ces quelques lignes firent assassiner ; mais le lendemain, un malheureux qui portait une chandelle allumée dont le suif coulait sur ses vêtements, fut lapidé par la population ; un médecin, qui voulait faire prendre une potion calmante à l’un de ses malades de la Guillotière, soupçonné de lui donner du poison, dut boire la potion pour éviter la mort : tout passant inconnu qui approchait par mégarde sa main d’un marteau de porte ou d’une sonnette était poursuivi par ce cri : Au Rhône l’empoisonneur !

Lorsque la peste de Marseille éclata, Chirac, Médecin du régent, consulté par les échevins de la ville, répondit : Tâchez d’être gais !

C’était difficile d’être gai, à Lyon surtout, où la première chose que tirent les prêtres et les moines fut d’annoncer, pour qu’on ne conservât pas même l’espoir, que le fléau était tout simplement le messager de la colère divine. À partir de ce moment, pour les esprits faibles, la peste ne fut plus une simple épidémie dont on pouvait guérir, mais l’ange exterminateur, au glaive flamboyant duquel personne ne devait échapper.

Et tout le monde le sait d’ailleurs, nos médecins au retour d’Égypte ont constaté le fait, la peste a ses préférences, elle choisit les faibles, affectionne les effrayés. Avoir peur de la peste, c’est déjà en être malade. Et comment n’eût-on pas eu peur, quand on voyait deux frères minimes se chargeant de l’expiation générale, porter à Notre-Dame de Lorette une lampe d’argent sur laquelle étaient gravés les noms des échevins. Comment n’eût-on pas eu peur quand on entendait de tous côtés les prédications des moines annonçant la fin du monde, quand des autels improvisés s’élevaient dans les rues, au milieu des places, aux coins des carrefours, et que, du haut de ces autels, que l’on faisait le plus élevés possibles, on voyait et l’on entendait les prêtres bénissant la ville mourante. Quand un moine ou un prêtre passait dans la rue, les gens du peuple s’agenouillaient sur son passage et demandaient l’absolution. Beaucoup tombaient avant de l’avoir reçue ; des pénitents sillonnaient la ville couvert d’un sac souillé de cendre, une corde autour des reins et une torche allumée à la main, et alors, sans savoir s’ils étaient consacrés ou non, sans s’inquiéter s’ils auraient le droit d’absoudre, des mourants debouts appuyés à la muraille ou couchés, se soulevant sur leurs coudes, leur criaient leurs confessions, préférant le salut de leur âme à la conservation de leur honneur.

Ce fut alors qu’on put voir combien facilement se brisent les liens de la nature aux mains de la terreur tordant ses bras. Plus d’amitié, plus d’amour. Les plus proches parents s’évitaient, la femme abandonnait son mari, le père et la mère leurs enfants, les plus chastes n’avaient plus souci de la pudeur et se livraient à qui voulait les prendre. Une femme racontait en riant d’un rire insensé qu’elle avait cousu dans leur linceul ses quatre enfants, son père, sa mère et son mari. Une autre, six fois veuve en six mois, changea six fois d’époux. La plupart des habitants restaient enfermés dans leurs maisons, et l’oreille tendue, l’œil hagard, regardaient ceux qui passaient à travers les vitres de leurs fenêtres, derrière lesquelles ils apparaissaient pâles comme des spectres, ou à travers les fentes des volets et des portes des magasins. Les passants étaient rares ; ceux qui étaient contraints de sortir couraient à grands pas, échangeant, sans s’arrêter, une parole avec ceux qu’ils rencontraient ; ceux qui, des environs de Lyon, étaient forcés de venir à la ville, y venaient à cheval et passaient au galop, enveloppés d’un manteau qui ne laissait voir que leurs yeux. Les plus lugubres et les plus effrayants de tous étaient les médecins dans le costume étrange qu’ils avaient inventé ; serrés dans une toile cirée, montés sur des patins, couvrant leur bouche et leurs narines d’un mouchoir saturé de vinaigre, ils eussent fait rire en temps ordinaire ; en temps mortel, ils épouvantaient. Au bout de huit jours, au reste, la ville était encore plus dépeuplée par la fuite que par la mort. Plus de riches, par conséquent plus d’argent ; plus de juges, par conséquent plus de tribunaux. Les femmes accouchaient seules, les sages-femmes avaient fui, et la peste occupait tous les médecins ; plus de bruit dans les ateliers vides, plus de chansons d’ouvriers au travail, plus de cris dans les rues, partout l’immobilité, partout le silence de la mort, interrompu et rendu plus lugubre par le bruit de la sonnette attachée aux tombereaux en longues files charriant les cadavres, et le tintement de la grosse cloche de Saint-Jean, qui sonnait tous les jours à midi. Ces deux bruits funèbres exerçaient une funeste influence surtout sur l’organisme nerveux des femmes ; on en voyait l’air taciturne, le corps brisé, un chapelet à la main, faire retentir l’air de hurlements. Il y en eut qui, au bruit de cette sonnette attachée aux tombereaux, tombèrent mortes et comme foudroyées. D’autres, au tintement du beffroi, furent saisies d’une telle frayeur qu’elles tombèrent malades en rentrant chez elles et moururent. Une femme frénétique se jeta dans un puits, une jeune fille, chassée de sa maison, se précipita dans le Rhône.

Il y avait trois grandes mesures à prendre, et on les prit : séquestrer chez eux les malades riches, transporter aux hôpitaux les malades pauvres, enlever les cadavres.

Il y en eut une quatrième, que l’on fut forcé d’adopter avant d’avoir même le temps de mettre les trois autres à exécution, c’était de faire justice des misérables qui, sous prétexte de soigner les mourants ou d’enlever les cadavres, s’introduisaient dans les maisons, dévalisaient les secrétaires, brisaient les serrures des coffres, arrachaient aux moribonds leurs bagages et leurs bijoux.

On dressa sur tous les points de la ville des potences ; les voleurs pris en flagrant délit y étaient conduits et pendus à l’instant même.

Pour séquestrer les malades, on murait les portes, et l’on passait la nourriture et les médicaments par la fenêtre.

Les hôpitaux furent insuffisants ; on en improvisa un à la quarantaine, sur la rive droite de la Saône. Il ne pouvait malheureusement contenir que deux cents lits ; quatre mille malades y furent entassés ; il y avait des pestiférés partout, non-seulement dans les salles, mais dans les corridors, dans les caves, dans les greniers. On écartait deux morts pour faire une place où coucher un mourant. Les médecins et les gens de service étaient obligés de choisir la place où ils mettaient le pied. Au milieu des cadavres raidis, immobiles, entrant presque immédiatement en putréfaction, on voyait s’agiter les moribonds dévorés par une soif ardente, demandant à grands cris de l’eau ; d’autres, dans une dernière secousse de l’agonie, se levaient de leurs matelas, de leur paille ou des dalles nues sur lesquelles ils étaient couchés, le visage terreux, les orbites caves, l’œil terne et sanglant, battaient, en râlant l’air de leurs bras, poussaient un gémissement profond et tombaient morts. D’autres plus exaspérés encore, s’élançaient comme pour fuir une vision et trébuchaient sur leurs voisins, traînant après eux le drap qui devait leur servir de linceul.

Et cependant cet effroyable hospice était envié par les misérables qui mouraient au coin des rues et au bord des fossés.

On ramassa tout ce qu’il y avait de misérables et de gens sans aveu pour en faire des ensevelisseurs. On leur donnait trois livres par jour, et l’on détournait les yeux quand ils fouillaient dans les poches des cadavres. Ils avaient des crocs de fer avec lesquels ils tiraient les cadavres qu’ils entassaient dans des tombereaux. Du premier et des étages au-dessus, ils les jetaient par les fenêtres. Tout cela était enseveli dans de grandes fosses ; mais elles furent bientôt pleines, se mirent à fermenter, et, comme des volcans vomissant le feu, elles vomirent de la pourriture humaine.

Un vieillard, nommé le père Raynard, avait, vu mourir sa famille entière et restait seul. Il se sentit atteint de la contagion et s’épouvanta des fosses communes, car il ne pouvait plus compter sur personne pour le soigner, l’aider à mourir, et l’ensevelir chrétiennement. Il prit une bêche et un hoyau, résolu d’employer ses dernières forces à creuser sa tombe. Le travail terminé il planta à la tête de la fosse sa bêche, y attacha son hoyau en croix et se coucha sur le bord, comptant sur une dernière convulsion pour le faire rouler dans l’excavation qu’il avait creusée, et sur la pitié d’un passant pour le couvrir de terre.

Ce qu’il y avait de terrible au milieu de cette agonie de tout un peuple, c’était l’hilarité, la joie, l’allégresse de ces hommes chargés de réunir les morts, et qu’on avait baptisés du nom expressif de corbeaux. C’étaient les bons amis de la mort, c’étaient les cousins de la peste. Ils la fêtaient, l’invitaient à frapper dans les maisons épargnées et à se faire longtemps l’hôtesse de la ville. Ils avaient des plaisirs terribles dans le genre de ceux que vante le marquis de Sade et que se donna le bourreau de Marie Stuart ; et on les voyait, quand la mourante était jolie, quand l’agonisante était belle, célébrer l’hymen infâme de la vie et de la mort.

Introduite à Lyon, comme nous l’avons dit, au mois de septembre, pendant trente-cinq jours elle augmenta de violence, puis elle resta deux mois stationnaire. Vers la fin de décembre, lorsqu’un froid rigoureux eut chassé le vent du midi, elle perdit de sa violence. On la crut partie, et l’on célébra son départ par des cris et des feux de joie.

La peste se piqua et profita d’un changement de température pour revenir ; une grande pluie tomba qui ramena la peste et éteignit les feux.

Elle sévit de nouveau, et dans toute sa force, pendant le mois de janvier et de février, puis elle diminua au printemps, se montra de nouveau au mois d’août et disparut en décembre…

Elle avait duré un peu plus d’un an et tué six mille personnes.

L’archevêque, Charles de Miron, était mort des premiers le 6 août 1620, et il avait eu pour successeur l’archevêque d’Aix, Alphonse de Richelieu, frère du cardinal.

Ce fut à son frère que le cardinal s’adressa naturellement pour savoir s’il était possible de tenter une seconde campagne contre le Piémont et faire impunément traverser à trente mille hommes Lyon et le Lyonnais.

L’archevêque répondit que l’état sanitaire était excellent, et que les maisons vides ne manqueraient pas pour loger la cour si, comme la première fois, la cour voulait suivre l’armée.

Le jour même où il reçut cette réponse, le cardinal expédia M. de Pontis à Mantoue pour prévenir le duc du secours qu’on allait lui porter.

M. de Pontis devait se mettre à la disposition du duc Charles de Nevers pour exécuter les travaux de défense de la place.

Un an à peu près s’était donc écoulé depuis que Richelieu, confiant dans le traité de Suze ou feignant de s’y confier, forcé qu’il était d’aller combattre les huguenots du Languedoc, avait quitté le Piémont. Pendant cette année, comme il l’avait promis au roi Louis XIII, il avait anéanti les espérances des protestants, déjà cruellement frappés à la Rochelle ; il avait organisé une armée, fait rentrer de l’argent dans les caisses de l’État, signé son fameux traité avec Gustave-Adolphe, battant les protestants en France avec les catholiques, s’apprêtant à battre les catholiques en Allemagne avec les protestants ; il avait envoyé à la diète de Soleure le maréchal de Bassompierre, colonel-général des Suisses, pour se plaindre du passage des Allemands par les Grisons, s’y opposer s’il était possible et ramener cinq ou six mille Suisses auxiliaires.

Enfin, ne pouvant secourir efficacement Mantoue, il lui avait envoyé de France son meilleur ingénieur, M. de Pontis, et de Venise le maréchal d’Estrée. Puis, la poste de Lyon finie, il s’était remis en marche avec son armée, et, comme nous l’avons dit, un an après avoir forcé le pas de Suze et imposé la paix à Charles-Emmanuel, il se retrouvait exactement dans la même condition, seulement le pas de Suze forcé, la citadelle de Gélasse aux mains des Français, le Piémont lui était ouvert, et il pouvait plut facilement porter secours au marquis de Thoyras assiégé dans Cazal par Spinola, qui avait succédé, dans le commandement des troupes espagnoles, à don Gonzalès de Cordoue.

Cette fois le cardinal, à peu près sûr du roi, grâce aux preuves de trahison qu’il avait avec tant de peines réunies contre Marie de Médicis, contre Anne d’Autriche et contre Monsieur, n’avait pas jugé à propos d’emmener le roi avec lui ; d’ailleurs son amour propre était flatté, d’abord, de commencer la campagne, car il ne doutait point qu’il y eût une nouvelle campagne à entreprendre ; ensuite, de frapper en l’absence du roi quelque coup délicat dont la gloire revint à lui seul. Tout homme de génie a sa faiblesse : Richelieu en avait deux au lieu d’une : il voulait être non-seulement un grand ministre, ce que personne ne lui contestait, mais grand général, ce que lui contestaient Créquy, Bassompierre, Montmorency, Schomberg, le duc de Guise, tous les hommes d’épée enfin, et grand poète, ce que lui contesta à plus juste titre la postérité.

Le cardinal était donc à Suze vers le commencement de mars 1630 négociant à grands coups d’ambassadeurs et d’envoyés extraordinaires avec cet insaisissable protée nommé Charles-Emmanuel, serpent couronné qui, depuis cinquante années, glissait avec une égale adresse aux mains des rois de France, des rois d’Espagne et des empereurs.

Le cardinal avait déjà passé plus d’un mois en négociations qui n’avaient abouti à rien. Prenant patience, de peur que le duc de Savoie ne l’empêchât de jeter des vivres et des provisions dans Cazal, qui commençait à en manquer. Le duc de Savoie n’était point assez fort pour résister à la France sans l’appui de l’Espagne ou de l’Autriche. Mais l’appui de l’Espagne, il l’avait dans le Milanais ; et l’appui de l’Autriche, il allait l’avoir par les troupes de Waldstein, que l’on faisait filer par les Grisons. Mais il pouvait disputer les chemins du Montferrat avec plus de bonheur peut-être qu’il n’avait disputé le pas de Suze.

Impatient de tous ces délais, il fit venir le duc de Montmorency, et s’adressant franchement à lui :

– Monsieur le duc, lui dit-il, vous savez ce qui est convenu entre nous : la campagne d’Italie finie, l’épée de connétable vous est acquise. Mais la campagne d’Italie, vous le voyez vous-même, ne sera finie que quand une paix solide sera faite, qui assurera Mantoue au duc de Nevers. Or, la guerre de l’an dernier n’a été qu’une escarmouche en comparaison de que va être celle-ci, surtout si nous ne mettons pas le duc Charles dans ses intérêts. Eh bien, nous n’en finirons pas, tant que nous traiterons par intermédiaires ou par correspondants ; partez pour Turin, la situation n’est point encore tellement gâtée entre nous et le duc de Savoie, que vous ne puissiez y faire un voyage de plaisir. Les dames de la cour du duc de Savoie sont belles ; vous êtes, galant, monsieur le duc, et en vous imposant un voyage de plaisir, je ne crois pas avoir agi en tyran à votre endroit ; de plus, laissez moi aborder avec la franchise qui convient à deux hommes comme nous le côté délicat de la question ; de plus vous êtes parent, par votre femme, de la reine Marie. Vous avez été, comme beaucoup, le serviteur de la reine Anne, mais dans une mesure qui, sans donner défiance au roi, doit donner confiance à ses ennemis ; usez de cette excellente position que vous font tout à la fois votre rang et le hasard, et arrangez, au milieu des fêtes et des plaisirs, une conférence directe avec le duc de Savoie, ou tout au moins entre son fils et moi.

Pendant ce temps, moi qui ne serait point distrait par la beauté des dames et le son des instruments, j’interrogerai tous les points de l’horizon, et, à votre retour, mon cher duc, selon votre réponse, nous prendrons un parti ; seulement, à votre retour, tâchez de rapporter ou la paix ou la guerre dans le pli de votre manteau.

C’était là une de ces missions comme les aimait le fastueux, l’élégant et beau duc de Montmorency. Il avait en effet épousé, la fille du duc de Braciano, c’est-à-dire, de ce Vittorio Orsini qui avait été l’amant, de Marie de Médicis avant son mariage et peut-être même après, de sorte que si les bruits qui, couraient sur la naissance de Louis XIII étaient réels, Montmorency se trouvait le beau-frère du roi. Il avait été en effet le serviteur de la reine Anne, mais Buckingham était venu se jeter au travers de ses amours naissantes ; et l’on sait que l’heureux ambassadeur de Charles 1er avait, en laissant toutes ses perles sur les parquets du Louvres, retrouvé dans les jardins d’Amiens, la plus précieuse de toutes les perles. Un cœur amoureux, un homme comme le duc de Montmorency ne devait, en conséquence, inspirer aucune défiance à la cour du duc de Savoie, si ce n’était aux maris des belles Piémontaises.

Le duc accepta donc l’ambassade moitié politique, moitié galante dont il était chargé, et partit pour Turin, laissant le cardinal étudier, comme il l’avait dit, les différents points de l’horizon, obscurcis, il faut l’avouer par un imminent orage.

En Allemagne, c’est-à-dire au nord Waldstein, grossissait à vue d’œil : arriver à ce point de puissance, il ne pouvait plus s’arrêter. Nommé duc de Friedland par l’empereur, riche des domaines immenses que Ferdinand lui avait concédés en Bohême, domaines confisqués sur ceux que l’on appelait les rebelles, il avait levé à ses frais une armée de 50,000 hommes, refoulé les Danois, battu Mansfeld au pont de Dessau, défait ses alliés et Betlem Gabor, regagné le Brandebourg… conquis le Holstein, le Slesvig, la Poméranie, le Mecklembourg, et ajouté, en mémoire de cette conquête, le titre de duc de Mecklembourg à celui de duc de Friedland.

Mais là s’était, momentanément du moins, arrêté sa période croissante ; Ferdinand cédait aux plaintes qui s’élevaient de tous côtés ; contre ce chef de bandits, cherchait un moyen de l’éloigner le plus possible de l’Autriche, du Danemark, de la Hongrie, de tous les points de l’Allemagne. Des recrues lui arrivaient en foule, il avait envoyé un corps en Italie, il venait d’en envoyer un autre en Pologne ; une masse énorme, quarante mille hommes, restait sur la Baltique, mangeant un pays déjà mangé. Il lui fallait se faire conquérant, ou périr ; il lui fallait surtout retomber sur les riches villes impériales, sur Worms, Francfort, la Souabe, les environs de Strasbourg, et c’est ce qu’il avait fait. Son avant-garde avait occupé un fort dans l’évêché de Metz, et Richelieu n’ignorait pas que Monsieur, tandis qu’il était en Lorraine ; s’était mis en rapport avec Waldstein, et qu’il avait été sérieusement question d’appeler en France les barbares, ostensiblement contre Richelieu, en réalité contre Louis XIII. Un général italien, avec deux chefs de bande, Galas et Aldungen, commandaient les troupes détachées vers l’Italie pour assiéger Mantoue et porter secours à Charles Emmanuel.

À l’est, c’était Venise et Rome qui fixaient les regards du cardinal ; Venise avait promis de faire une diversion en attaquant le Milanais, mais Venise n’en était plus au temps de ces coups de main hardis qui lui donnèrent une partie de Constantinople, Chypre et la Morée. Mais, d’un autre côté, les Vénitiens firent ce qu’ils avaient promis : ils pourvurent Mantoue de blé, y jetèrent les renforts et des munitions, fournirent de l’argent au duc et coupèrent les vivres aux assiégeants.

Privés de blé, de rafraîchissements, de fourrages, ne pouvant attaquer Mantoue qu’à l’aide du canon, atteints par les maladies qui se font les auxiliaires de la disette, les Allemands allaient lever le siége, lorsqu’ils retrouvèrent un secours là où ils s’attendaient le moins à le trouver. Le pape leur permit de s’approvisionner dans l’État ecclésiastique, à la condition que l’un de ses neveux (celui-là n’était pas placé à ce qu’il paraît) se ferait marchand de pain, de vin et de paille. Ainsi, comme toujours, c’était le pape, et un pape italien, qui, comme toujours, trahissait l’Italie. Mais aussi c’était un Barberino, et ses neveux étaient ces fameux Barberini qui enlevèrent jusqu’aux plaques de bronze du Panthéon d’Agrippa.

Plus rapproché du cardinal, mais dans la même direction, c’était Spinola ; le condottiere génois au service de l’Espagne, qui entrait dans le Monferrato en même temps que les Impériaux entraient dans le duché de Mantoue, et qui, sans faire précisément le siége de Cazal, se contentait de bloquer la ville. Il y avait six mille hommes de pied et trois mille chevaux. Il devait avec ces neuf mille hommes s’opposer aux Français, s’ils tentaient d’aller secourir Mantoue. Jusqu’au moment où Mantoue serait prise, les vingt-cinq ou les trente mille Impériaux qui l’assiégeaient, viendraient à son aide pour s’emparer de Cazal et chasser les Français d’Italie.

À l’Ouest, l’horizon était plus sombre encore, Colatto et Spinola étaient des ennemis visibles, faisant la guerre au grand jour, en bataille rangée, à visage découvert ; mais du côté de la France, il n’en était pas ainsi ; les ennemis du cardinal étaient de sombres mineurs qui creusaient souterrainement pour ébranler sa fortune et ne reparaissaient au jour qu’un masque sur le visage. Louis, qui sentait sa vie et sa renommée liés à celles de son ministre, se lassant de cette lutte incessante, était plus mélancolique qu’il ne l’avait jamais été ; dégoûté de tout, même de la chasse, il vivait, lui, dans une inquiétude continuelle ; tous ceux qui l’entouraient, mère, femme, frère, vivaient, eux, dans une espérance unique, la chute du cardinal, et chacune de leurs paroles, chacune de leurs actions était un ébranlement porté à cette conviction qui s’obstinait sourdement dans la cour de Louis, qu’il n’y avait pas de royauté, pas de grandeur pas d’influence sans le cardinal.

Il commençait, au reste, à s’apercevoir que le premier ministre n’était qu’une espèce d’ouvrage avancé qu’il fallait prendre, soit par ruse, soit d’assaut, pour arriver à le battre en brèche, lui-même. Louis était donc disposé à défendre de tout son pouvoir le cardinal, convaincu que c’était se défendre lui même.

Depuis la fuite du duc d’Orléans à Nancy, fuite prévue par la lettre en chiffres traduite par Rossignol, depuis surtout, les négociations impies échangées entre le prince de Waldstein, le roi comprenait qu’il arriverait un moment où Gaston, soutenu à l’extérieur par l’Autriche, l’Espagne et la Savoie, à l’intérieur par la reine Marie de Médicis, la reine Anne et les mécontents de tous les parties, lèverait l’étendard de la révolte.

En effet, les mécontents étaient nombreux.

Le duc de Guise était mécontent de n’avoir pas obtenu dans l’armée le commandement qu’il attendait, et ne cessait avec Mme de Contis et la duchesse d’Elbeuf, de cabaler contre Richelieu.

Les juges du Châtelet de Paris, soulevés par certaines taxes exigées cette année des officiers de judicature, étaient mécontents et, dans leur mécontentement, cessaient de rendre la justice.

Enfin le Parlement lui-même était si mécontent, qu’il offrait secrètement au duc d’Orléans de se déclarer en sa faveur, s’il voulait décréter l’abolition de quelques impôts qui lui seraient désignés.

Nous nous sommes étendu avec trop de détails sur la manière dont la police du cardinal était faite pour que nous ayons besoin de dire qu’il était au courant de toutes ces menées et suivait de l’œil tous ces mécontentements.

Mais il vivait dans cette rassurante conviction que le roi tiendrait la promesse qu’il lui avait faite de venir le rejoindre, et cette conviction était en lui pour deux raisons : la première, c’est qu’il était certain que cette incurable mélancolie, cet ennui de toute chose pousserait le roi du côté de l’armée, ne fût-ce que pour entendre se renouveler le bruit glorieux qui s’était fait une année auparavant autour de son nom ; la seconde, c’est que comme au départ du roi, Gaston devait être nommé lieutenant-général à Paris et commandant de l’armée de Champagne, Gaston, pour toucher les émoluments des deux grades, pousserait, avec l’aide de sa mère et de la reine, Louis XIII hors de Paris et même hors de France.

Il y avait bien la possibilité que Gaston profitât de l’absence du roi pour nouer quelque conspiration contre le cardinal et même contre le roi ; mais, une fois Louis XIII près de lui, Richelieu ne craignait rien, et il connaissait assez Gaston pour être sûr qu’à la vue d’une armée commandée par le cardinal et par le roi en personne, non-seulement il abandonnerait alliés et complices, mais encore les livrerait quels qu’ils fussent, comme il avait fait jusqu’alors, contre son pardon et une augmentation de revenus.

Cette revue de l’Europe faite, le cardinal comprit que tous les dangers réels étaient dans le lointain et, plus tranquille, se tourna du côté de Turin et essaya de voir, malgré la distance, si Montmorency y suivait exactement ses instructions.

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