Le Comte de Moret – Tome II

XI

LES OISEAUX DE PROIE.

Comme on vient de le voir, le conseil donné par le duc de Savoie avait complétement réussi. « Si la campagne d’Italie est résolue malgré mon opposition, avait-il dit dans sa lettre secrète à Marie de Médicis, obtenez pour monsieur le duc d’Orléans, sous le prétexte de s’éloigner de l’objet de sa folle passion, le commandement de l’armée. Le cardinal, dont toute l’ambition est de passer pour le premier général de son siècle, ne supportera point cette honte et donnera sa démission. Une seule crainte resterait, c’est que le roi ne l’acceptât point. »

Seulement, vers dix heures du matin, on ignorait encore au Louvre la décision du cardinal, et on l’attendait avec impatience ; et chose singulière, la meilleure harmonie du monde semblait régner entre les augustes personnages qui l’attendaient.

Ces augustes personnages étaient : le roi, la reine-mère, la reine Anne et Monsieur.

Monsieur avait feint avec la reine-mère une réconciliation moins sincère que ne l’était sa brouille ; bien ou mal en apparence avec les gens, Monsieur haïssait indifféremment tout le monde ; cœur lâche et déloyal, méprisé de tous, il devinait ce mépris à travers les louanges et le sourire, et rendait ce mépris en haine.

Le lieu de la réunion était le boudoir voisin de la chambre de la reine Anne, où nous avons vu Mme de Fargis, avec l’insouciante dépravation de sa nature spirituelle et cor rompue, lui donner de si bon conseils.

Dans les chambres du roi, de Marie de Médicis, de M. le duc d’Orléans, se tenaient, l’oreille au guet, comme des aides de camp prêts à exécuter les ordres : dans la chambre du roi, La Vieuville, Nogent-Beautru et Baradas, remonté au comble de la puissance ; dans la chambre du duc d’Orléans, le médecin Sénelle à qui du Tremblaye avait soustrait la fameuse lettre en chiffres où Monsieur était invité, en cas de disgrâce, à passer en Lorraine et qui, croyant tout simplement l’avoir perdue, gardait près de lui ce valet de chambre qui, vendu à l’éminence grise, l’avait déjà trahi et, ayant été bien récompensé de sa trahison, se tenait prêt à trahir encore.

Quant à la reine Anne, elle n’était point en arrière des autres, et tenait dans sa chambre Mme de Chevreuse, Mme de Fargis et la petite naine Gretchen, de la fidélité de laquelle, on s’en souvient, avait répondu l’infante Claire-Eugénie qui lui en avait fait cadeau, et que, grâce à l’exiguïté de sa taille, elle pouvait utiliser, en la faisant passer là où ne pouvait point passer une personne de taille ordinaire.

Vers dix heures et demie – on se rappelle que le cardinal l’avait fait attendre – le messager arriva. Comme l’ordre avait été donné par le roi de l’introduire dans le boudoir de la reine, et que l’injonction lui avait été faite par le cardinal de ne remettre sa réponse qu’au roi, il n’éprouva aucun retard et put immédiatement exécuter sa double mission.

Le roi prit la lettre avec une émotion visible, tandis que chacun fixait avec anxiété les yeux sur ce pli qui contenait le sort de toutes ces haines et de toutes ces ambitions, et demanda au messager.

– M. le cardinal ne vous a rien chargé de me dire de vive voix ?

– Rien, Sire, sinon de présenter ses humbles respects à Votre Majesté et de ne remettre cette lettre qu’à elle-même.

– C’est bien, dit le roi, allez !

Le messager se retira.

Le roi ouvrit la lettre et s’apprêta à la lire.

– Tout haut, Sire, tout haut, s’écria la reine Marie, d’une voix où, par une singulière pondération de deux éléments opposés, le commandement se joignait à la prière.

Le roi la regarda comme pour lui demander si cette lecture à haute voix n’avait point ses inconvénients ?

– Mais non, dit la reine, n’avons-nous pas tous ici tous les mêmes intérêts ?

Un léger mouvement du sourcil indiqua que le roi ne partageait peut-être pas entièrement sur ce dernier point l’opinion de sa mère ; mais, soit déférence à son désir, soit habitude d’obéissance, il commença de lire cette lettre que nos lecteurs connaissent déjà, mais que nous remettons sous leurs yeux pour les faire assister à l’effet qu’elle produisit sur les différents auditeurs appelés à l’écouter.

« SIRE !…

À ce mot, il se fit un tel silence que Louis leva les yeux de dessus son papier et les reporta sur ses auditeurs pour s’assurer qu’ils n’étaient pas évanouis comme des fantômes.

– Nous écoutons, Sire, dit la reine-mère avec impatience.

Le roi, le moins impatient de tous, parce que seul peut-être il comprenait, au point de vue de la royauté, la gravité du fait qui s’accomplissait, reprit et continua lentement avec une certaine altération dans la voix :

« Sire, j’ai été on ne peut plus flatté de la nouvelle marque d’estime et de confiance que veut bien me donner Votre Majesté…

– Oh ! s’écria Marie de Médicis, incapable de contenir son impatience, il accepte.

– Attendez, madame, dit le roi, il y a un mais…

– Alors, lisez, Sire, lisez !

– Si vous voulez que je lise, madame, ne m’interrompez pas.

Et il reprit avec la lenteur habituelle qu’il mettait à toute chose.

« Mais je ne puis par malheur l’accepter.

Ah ! il refuse, s’écrièrent ensemble la reine-mère et Monsieur, incapables de se contenir !

Le roi fit un mouvement d’impatience.

– Excusez-nous, Sire, dit la reine-mère, et continuez, s’il vous plaît.

Anne d’Autriche, au moins aussi heureuse que Marie de Médicis, mais plus maîtresse d’elle-même par l’habitude qu’elle avait de dissimuler, appuya sa blanche main frissonnante d’émotion sur la robe de satin noir de sa belle-mère, pour lui recommander la circonspection et le silence.

Le roi reprit :

« Ma santé, déjà chancelante, s’est encore empirée pendant le siége de la Rochelle, que, Dieu aidant nous avons mené à bonne fin mais cet effort m’a complétement épuisé, et mon médecin, ma famille et mes amis exigent de moi la promesse d’un repos absolu, que peuvent seuls me donner l’absence des affaires et la solitude de la campagne. »

– Ah ! dit Marie de Médicis en respirant à pleine poitrine, qu’il se repose donc pour le bien du royaume et la paix de l’Europe.

– Ma mère ! ma mère ! dit le duc d’Orléans, qui voyait avec inquiétude s’irriter l’œil du roi.

Anne pressa plus fortement le genou de Marie.

– Ah ! dit celle-ci, incapable de se maîtriser, vous ne saurez jamais tout ce que j’ai à reprocher à cet homme, mon fils.

– Si fait, madame, dit Louis XIII, le sourcil froncé ; si fait, madame, je le sais, et, appuyant avec affectation sur ces derniers mots, il continua avec une impatience mal réprimée.

« Je me retire donc, Sire, en ma maison de Chaillot, que j’avais achetée dans la prévision de ma retraite, vous priant, Sire, de vouloir bien accepter ma démission, tout en continuant de me croire le plus humbles, et surtout le plus fidèle de vos sujets.

« ARMAND, cardinal de Richelieu. »

Tout le monde se leva d’un même mouvement, croyant la lecture terminée ; les deux reines s’embrassèrent, et le duc d’Orléans s’approcha du roi pour lui baiser la main.

Mais le roi arrêta, tout le monde du regard.

– Ce n’est pas fini, dit-il, il y a un postscriptum.

Quoique Mme de-Sévigné n’eût pas encore dit que c’était dans le post-scriptum que se trouvait généralement le point le plus important de la lettre, chacun s’arrêta à ses mots : Il y a un post-scriptum, et la reine mère ne put s’empêcher de dire à son fils :

– J’espère bien, mon fils, que, si le cardinal revenait sur sa décision, vous ne reviendriez pas sur la vôtre.

– J’ai promis, madame, répondit Louis XIII.

– Écoutons le post-scriptum, ma mère, dit Monsieur.

Le roi lut :

« P. S. – Votre Majesté recevra ci-jointe la liste des hommes composant l’armée et l’état du matériel qui y est attaché. Quant à la somme restant des six millions empruntés sur ma garantie, elle monte à trois millions huit cent quatre-vingt-deux mille livres enfermés dans une caisse dont mon secrétaire aura l’honneur de remettre directement la clef à Votre Majesté. »

– Près de quatre millions, dit la reine Marie de Médicis avec une cupidité qu’elle ne prenait point la peine de dissimuler !

Le roi frappa du pied, le silence se fit.

« N’ayant point de cabinet au Louvre, et craignant que, dans le transport des papiers de l’État qui me sont confiés, quelque pièce importante ne s’égare, j’abandonne non-seulement mon cabinet, mais ma maison à Votre Majesté ; comme tout ce que j’ai me vient d’elle, tout ce que j’ai est à elle ; mes serviteurs resteront pour lui faciliter le travail, et les rapports journaliers qui me sont faits, seront faits à elle.

« Aujourd’hui, à une heure, Votre Majesté pourra prendre ou faire prendre possession de ma maison.

« Je termine ces lignes comme j’ai terminé les précédentes, en osant me dire le très-reconnaissant, mais aussi le très-fidèle sujet de Votre Majesté. »

ARMAND † RICHELIEU.

– Eh bien, dit le roi, avec l’œil sombre et la voix rauque, vous voilà tous contents, et chacun de vous croit déjà être le maître.

La reine-mère, qui était celle de tous qui, comptait le plus sur cette royauté, répondit la première.

– Vous savez mieux que personne, Sire, qu’il n’y a ici de maître que vous, et que moi, toute la première, donnerai l’exemple de l’obéissance ; mais, pour que les affaires ne souffrent pas de la retraite de M. le cardinal, je me permettrai d’émettre un avis.

– Lequel, madame ? demanda le roi, tout avis venant de vous sera le bien venu.

– Ce serait de former, séance tenante, un conseil pour diriger les affaires intérieures en votre absence.

– Vous ne voyez donc plus maintenant, à ce que je m’éloigne, madame, les mêmes, inconvénients, pour mon salut et ma santé, lorsque je dois faire la guerre avec mon frère, que lorsque je devais la faire avec M. le cardinal ?

– Vous m’avez paru sur ce point si résolu, mon fils, quand vous avez résisté à mes prières et à celles de la reine votre épouse, que je n’ai pas osé revenir sur ce point.

– Et qui proposerez-vous, madame, pour former ce conseil ?

– Mais, répondit la reine-mère, je ne vois guère que M. le cardinal de Bérulle que vous-puissiez mettre à la place de M. de Richelieu.

– Et après ?

– Vous avez M. de La Vieuville aux finances et M. de Marcillac aux sceaux ; on peut les y laisser.

Le roi fit un signe de tête.

– Et à la guerre ? demanda-t-il.

– Vous avez le maréchal, frère de M. le garde des sceaux. Un pareil conseil présidé par vous, mon fils, suffirait, composé d’hommes dévoués, à pourvoir à la sûreté de l’État.

– Puis, dit Monsieur, il y a là deux amirautés, de Lorient et du Ponant, dont M. le cardinal a sans doute donné sa démission en même temps que de son ministère.

– Vous oubliez, monsieur, qu’il a acheté l’une de M. de Guise et l’autre de M. de Montmorency, et qu’il les a payés un million chacune.

– Eh bien, on les lui rachètera, dit Monsieur.

– Avec son argent ? demanda le roi, à qui un certain instinct de justice faisait paraître assez honteuse cette combinaison, dont il savait Monsieur parfaitement capable.

Monsieur sentit le coup et se cabra sous l’éperon.

– Mais non, Sire, dit-il, avec la permission de Votre Majesté, je rachèterai l’une, et je crois que M. de Condé rachèterait volontiers l’autre, à moins que le roi ne préfère que je les rachète toutes deux ; ce sont d’habitude les frères du roi qui sont grands-amiraux du royaume.

– C’est bien, dit le roi ; nous aviserons.

– Seulement, dit Marie de Médicis, je vous ferai observer mon fils, qu’avant de mettre M. de La Vieuville, comme contrôleur des finances, en possession de la somme laissée en caisse par le cardinal de Richelieu, le roi pourrait, sans que personne en sût rien, faire certaines largesses qui ne seraient que des actes de justice.

– Pas à mon frère, en tous cas : il est plus riche que nous, ce me semble ; ne disait-il pas tout à l’heure qu’il avait les deux millions prêts pour racheter l’amirauté du Ponant et de l’Orient.

– Je disais que je les trouverais, Sire ; M. de Richelieu en a bien trouvé six sur sa parole ; j’en trouverais bien deux, je présume, en hypothéquant mes biens.

– Moi qui n’ai pas de biens, dit Marie de Médicis, j’avais grand besoin des 100,000 livres que j’avais demandées à M. le cardinal, 100,000 sur lesquelles il n’a pu me donner que 50,000 ; sur les 50,000 autres je comptais donner un à-compte à mon peintre, M. Rubens, qui n’a encore reçu que 10,000 livres sur les vingt deux tableaux qu’il a exécutés pour ma galerie du Luxembourg et qui sont consacrés à la plus grande gloire de la mémoire du roi votre père.

– Et en mémoire du roi mon père, dit Louis XIII avec un accent qui fit tressaillir Marie de Médicis, vous les aurez, madame.

Puis, se tournant vers Anne d’Autriche :

– Et vous madame, demanda-t-il, n’avez-vous pas quelque réclamation du même genre à me faire ?

– Vous m’avez autorisée, Sire, dit Anne d’Autriche en baissant les yeux, à rassortir chez Lopez un fil de perles que vous m’avez donné, et dont quelques-unes sont mortes ; mais ces perles sont si belles que les pareilles, trouvées à grand’peine ont dépassé la somme énorme de 20,000 livres.

– Vous les aurez, madame, et ce n’est pas payer la dixième partie de ce qu’il mérite, l’intérêt si sincère que vous prenez à ma santé quand vous êtes venue me supplier de ne pas m’exposer aux neiges des Alpes, en faisant la campagne avec M. le cardinal ; n’avez-vous pas encore quelque autre prière à m’adresser ?

Anne se tut.

– Je sais que la reine ma fille, dit Marie de Médicis en prenant la parole pour Anne d’Autriche, serait heureuse de récompenser par un don d’une dizaine de mille livres le dévouement de sa dame d’honneur, Mme de Fargis, laquelle enverrait la moitié de la somme reçue à son mari, ambassadeur à Madrid, lequel ne saurait, avec les faibles appointements qu’il reçoit, représenter dignement Votre Majesté.

– La demande est si modeste, dit le roi, que je ne saurais la refuser.

– Quant à moi, dit Monsieur, j’espère que Votre Majesté sera assez généreuse, eu égard au commandement élevé qu’il me donne sous ses ordres, de ne point, exiger que je fasse la guerre à mes frais, comme l’on dit, et voudra bien me faire compter une entrée en campagne de…

Monsieur hésita sur le chiffre.

– De combien ? demanda le roi.

– Mais, de cent cinquante mille livres au moins.

– Je comprends, dit le roi avec un léger accent d’ironie, que venant de dépenser deux millions pour la charge de deux amirautés, vous vous trouviez un peu gêné pour votre entrée en campagne ; mais je vous ferai observer que M. le cardinal, qui n’était que mon ministre, et qui, lui aussi, avait dépensé ces deux millions pour acheter ces mêmes charges de MM. de Guise et de Montmorency, au lieu de se faire donner par moi ou par la France 150,000 livres pour son entrée en campagne, nous prêtait six millions à la France et à moi. Il est vrai qu’il n’était pas mon frère, et que la parenté se paye.

– Mais, dit Marie de Médicis, si l’argent ne va point à votre famille, mon fils, à qui ira-t-il ?

– Vous avez raison, madame, dit Louis XIII, et nous avons là-dessus un emblème. C’est le pélican qui, n’ayant plus de nourriture à donner à ses enfants, leur donne son propre sang. Il est vrai que c’est à ses enfants qu’il le donne. Il est vrai que je n’ai pas d’enfant, moi ! mais s’il n’avait pas d’enfant, peut-être le pélican donnerait-il son sang à sa famille. Votre fils, madame, aura ses cent cinquante mille livres d’entrée en campagne.

Louis XIII appuya sur le mot votre fils, car, en effet, tout le monde savait que Gaston était le fils bien-aimé de Marie de Médicis.

– Est-ce tout ? demanda le roi.

– Oui, dit Marie ; cependant, moi aussi j’ai un fidèle serviteur que je voudrais récompenser, et, quoique aucune récompense ne paie un dévouement aussi absolu que le sien, on m’a toujours objecté, lorsque j’ai demandé quelque chose pour lui, la pénurie d’argent dans laquelle on se trouvait, aujourd’hui que la Providence veut que cet argent qui nous manquait…

– Prenez garde, madame, fit le roi, vous avez dit la Providence ; c’est de M. le cardinal et non de la Providence que vient cet argent ; si vous confondiez l’un avec l’autre, et que M. le cardinal devint pour vous la Providence, nous serions des impies de nous révolter contre lui, car ce serait nous révolter contre elle.

– Cependant, mon fils, je vous ferai observer que, dans la répartition de vos grâces, M. Vauthier n’a rien obtenu.

– Je lui accorde la même somme que j’ai accordée à l’amie de la reine, à madame de Fargis ; mais arrêtez-vous là, je vous prie, car sur les trois millions huit cent quatre-vingt mille livres que la Providence, non, je me trompe, que M. le cardinal nous laisse, voilà déjà deux cent quarante mille livres enlevés, et l’on doit bien compter que moi aussi, j’ai quelques serviteurs fidèles à récompenser, quand ce ne serait que mon fou l’Angély, lequel ne me demande jamais rien.

– Mon fils, dit la reine, il a la faveur de votre présence.

– Seule faveur que personne ne lui dispute, ma mère ; mais il est midi, fit le roi en tirant sa montre de sa poche ; à deux heures, je dois prendre possession du cabinet de M. le cardinal, et voici M. le premier qui gratte à la porte pour m’annoncer que mon dîner est servi.

– Bon appétit, mon frère, dit Monsieur, qui, se voyant déjà amiral des deux amirautés et lieutenant général des armées du roi, avec cent cinquante mille livres d’entrée en campagne, était au comble de la joie.

– Je n’ai pas besoin de vous en souhaiter autant, monsieur, dit le roi, car sous ce rapport, Dieu merci, je suis rassuré.

Et sur ce trait, le roi sortit assez étonné que les affaires de l’État eussent déjà eu l’influence de lui faire retarder son dîner, opération qui avait régulièrement lieu de onze heures à onze heures dix minutes du matin.

Si le digne médecin Hérouard n’était pas mort depuis six mois, nous saurions à une cuillerée de potage et à une guigne sèche près, ce que Sa Majesté Louis XIII mangea et but à ce repas qui inaugurait l’ère réelle de sa royauté ; mais tout ce qui en est parvenu jusqu’à nous, fut qu’il dîna en tête à tête avec son favori Baradas : qu’à une heure et demie il monta en carrosse, en disant au cocher : Place loyale, hôtel de M. le cardinal ; et qu’à deux heures précises, conduit par le secrétaire Charpentier, il entrait dans le cabinet et s’asseyait dans le fauteuil du ministre disgracié, en poussant un soupir de satisfaction et en murmurant avec un sourire ces mots dont il ne connaissait ni le poids ni la portée :

– Enfin ! je vais donc régner !

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