VIII.
Le baron fit rendre les honneurs funèbres à sa femme, puis ilappuya un pistolet sur son front et voulut se tuer ; mais ilsongea qu’il ne lui avait pas fait élever un mausolée, et il pensaqu’il était plus convenable d’attendre l’érection de cet édificepour se brûler dessus la cervelle.
Le mausolée fut construit à grands frais et s’éleva dans le parcdu château avec cette inscription :
ICI GÎT
LA BARONNE HÉLÈNE DE NOSSAC
NÉE BORELLI,
TRÉPASSÉE VIERGE
À L’ÂGE
DE
VINGT-CINQ
ANS.
D. P.
Quand ce fut fait, l’inconsolable baron apprêta de nouveau sespistolets et se rendit sur la tombe pour y faire le sacrifice de savie aux mânes de sa femme infortunée.
Mais un gentilhomme venant de Paris, à franc étrier, y arriva enmême temps que lui et lui dit :
– C’est fort bien de pleurer sa femme ; mais quant àlui sacrifier sa vie, cela ne se peut… La vie d’un gentilhommeappartient au roi.
Ce gentilhomme était le marquis de Simiane, qui apportait aubaron un brevet de mestre de camp, et l’ordre de se rendresur-le-champ à l’armée d’Allemagne.
Le baron se résigna à vivre, tout en jurant qu’il ne seconsolerait jamais.
Ce qui fit qu’il se consola.