SCÈNE II
Les précédents, puis undomestique
Zampieri, criant.–Descendrez-vous, canailles ! Des-cendrez-vous !
(Les enfants se laissent glisser et sesauvent.)
Jonas. – Quelle race !
Le domestique, arrivant toutessoufflé. – Le signor Zampieri ?
Zampieri, arrivantderrière. – Me voilà.
Le domestique. – Signor Zampieri,la signora Isabella vous demande de lui faire la grâce…
Zampieri, encore fâché.– Je sais… je sais… la signora veut voir passer le feld-maréchalSouworow, avec son petit casque et son grand sabre… Il lui faudraitune fenêtre sur la place… Toutes mes fenêtres sont louées.
Le domestique. – Pour lasignora…
Zampieri. – Pour la signoraIsabella, j’entends bien. Toutes mes fenêtres sont louées, ilfallait venir hier.
Le domestique, d’un accentpathétique. – Ah ! signor Zampieri, vous êtes cruel.
Zampieri, avecemportement. – Hé ! je ne puis pas trouver de fenêtresdans ma maison, quand il n’y en a plus.
Le domestique. – Oh ! signorZampieri, pour la signora !
Zampieri, se fâchant.–Allez au diable ! Pour la signora !… pour lasignora !
Marietta, arrangeant desvêtements à l’étalage. – Allez chez l’épicier du coin, tenez,là… il en a, lui… mais dépêchez-vous, le Te Deum vafinir.
Le domestique, s’enallant. – La sainte Madone vous entende ! signoraMarietta.
Zampieri, à Jonas.– Quelennui… Des fenêtres… des fenêtres, pour voir passer ce vieuxbarbare !…
Jonas, regardant lesbalcons. – Je voudrais bien en avoir quelques-unes à louer,cela ne m’ennuierait pas du tout, au contraire.
(Un général russe et un vieillard encostume d’émigré paraissent à droite.)