La Guerre

SCÈNE XII

 

Les précédents, tête de colonne russe,
qui s’avance de l’autre côté du pont.

 

L’officier d’artillerie. –Canonniers, à vos pièces !

(Alors la tête de colonne russe s’avanceau pas de course. On entend battre ses tambours au milieu de lafusillade. Quelques cosaques tourbillonnent en avant, ets’approchent du pont d’un air de bravade, agitant leurs lances etcriant : Hourrah ! hourrah ! Tout est calme du côtédes Français, sauf le feu des fenêtres. Les compagnies de soutienrestent l’arme au bras ; les canonniers secouent leurs mèchesen attendant le commandement.)

Lecourbe, à l’officierd’artillerie. – Voici le moment.

L’officier. – Feu !

(Les deux pièces du pont tirent, puis lesdeux autres plus loin, dans le coude de la rivière. La scène seremplit de fumée. Grande rumeur du côté des Russes. La fusilladedes fenêtres augmente.)

L’officier. – Chargez !…

Lecourbe, observant lesRusses. – La colonne s’arrête. (Vivement auxcanonniers 🙂 Feu !… Feu !…

(Les deux pièces tirent, puis les deuxautres. Lecourbe s’élance devant le front du bataillon.)

Lecourbe. – En avant lesgrenadiers de la 38e ! À la baïonnette !

(Une compagnie de grenadiers s’élance surle pont ; la fusillade pétille à droite et à gauche. On entenddes cris, des commandements. Quand la fumée se dissipe, on voit lacolonne russe qui se retire en désordre. Les grenadiersrépublicains occupent la tête du pont.)

Lecourbe. – L’attaque estrepoussée ! Cessez le feu ! Que les grenadiers de la38e reprennent leur position.

(Les grenadiers repassent le pont, etviennent reprendre la position qu’ils occupaient. On entend labatterie de « cessez le feu ». La colonne russea disparu. Le feu cesse.)

Lecourbe. – C’est bien… Je suiscontent de vous. À la bonne heure.

(Il rit.)

Daumas. – L’affaire commencebien, général.

Lecourbe. – Oui, ça prend unebonne tournure.

Daumas. – Avec deux ou troisbataillons de plus…

Lecourbe. – Bah ! noustiendrons tout de même… Deux mille hommes déterminés à la tête d’unpont en valent dix mille.

(En ce moment, le feu de l’artillerierusse éclate sur toute la ligne. Les premiers boulets arrivent dansle village, des toits s’affaissent ; l’enseigne duCheval-Blanc tombe. L’artillerie française répond.)

Daumas. – Voici les giboulées quicommencent.

Lecourbe, riant.– Oui,Souworow se fâche. Il ne comptait pas sur nous à Andermatt. (Unboulet renverse la cheminée de l’auberge du Cheval-Blanc ;tout s’écroule avec fracas.) Il s’impatiente, le vieuxfeld-maréchal ; il veut arriver au rendez-vous ; maisj’espère bien lui faire perdre ici quelques heures.

(Un boulet passe dans les rangs desgrenadiers, trois hommes tombent.)

Le commandant, d’une voixcalme. – Serrez les rangs !…

(Un officier d’état-major entre augalop.)

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