SCÈNE XI
Lecourbe, Daumas, officiers d’état-major, soldats, hussards,un capitaine de hussards
(On aperçoit dans la rue en face deuxhussards poursuivis par quelques cosaques ; les hussardsserrés de près, se retournent à la tête du pont, engagent un combatà l’arme blanche, puis se retirent. Un capitaine de hussards arriveplus loin ; il est entouré de cosaques et s’en dégagerapidement. Deux cosaques s’acharnent à sa poursuite ; il seretourne, abat d’un coup de pistolet le plus proche, puis traversele pont et arrive près de Lecourbe, le sabre pendu au poing. Toutcela se passe en quelques secondes, pendant que le feu s’engage àtoutes les fenêtres.)
Le capitaine de hussards,arrivant au galop. – Général, la reconnaissance estterminée, nous avons poussé jusqu’à portée de canon de Hospenthâl.Les Russes descendent la vallée en colonne de marche. Leuravant-garde, en colonne d’attaque, est de trois bataillons degrenadiers, d’un pulk de cosaques et de deux pièces de huit.
Lecourbe, à Daumas.–Trois bataillons à l’avant-garde, cela suppose un corps d’armée dequinze mille hommes ; Souworow, d’après le rapport d’Ogiski,en amène vingt-cinq mille d’Italie ; que sont devenus les dixmille autres ?
Daumas. – Il a dû faire undétachement à la poursuite de Gudin, sur le Furça.
Lecourbe. – Oui… mais cedétachement ne peut être de dix mille hommes… Deux ou troisbataillons suffisent contre la petite colonne de Gudin. Enfin… nousverrons !… (Au capitaine.) C’est bien, capitaine,allez rallier vos hommes et soyez prêt à charger.
(Le capitaine s’éloigne. La fusilladeredouble ; on voit quelques paysans sortir effarés de chezeux, ouvrir leurs caves et disparaître. Au milieu de la fumée etdes détonations, qui se prolongent dans tout le village, la tête decolonne russe paraît au bout de la rue.)