Chapitre 13LE DÉSESPOIR DE RAYMOND
Et Raymond, lui, retrouvera-t-ilMarie-Thérèse ?… Encore une tombe ouverte… et encore unemorte !… Ô mystère des dieux ! Mystère du Temple de laMort qui ne rend que ses morts et qui ici garde la jeune épousevivante !… Chancelant, criant, pleurant, enfonçant les onglesdans sa chair, se déchirant, prêt à s’offrir lui-même, pantelantevictime, au dieu féroce à qui il faut de la chair et du sang,Raymond, titubant, tombant, se relevant, traînant derrière lui sapioche inutile qui ne sait plus où frapper… essaie encore decomprendre, de se rendre compte… Son regard insensé fait le tour dece temple circulaire où tous les ornements se répètent, où il estpresque impossible de trouver un point de repère… Alors, il ne saitplus… il va au hasard… Cela vaut peut-être mieux !… Le hasardlui donnera peut-être ce que le raisonnement lui a refusé, luilivrera cette tombe où parmi les quatre-vingt-dix neuf mortes, aété enfouie la vivante. Et il frappe !… Mais combienlourdement maintenant… oh ! combien lourdement !…Ah ! que la pioche est lourde entre ses mainstremblantes !… Il n’en peut plus !… Il ne peutplus !… Elle lui échappe… Et, lui, reste là, les brasballants, les yeux hagards… regardant les yeux des mortes qui lefixent au milieu des débris de sa besogne sacrilège… Il y a combiend’heures qu’il travaille ? Les rayons obliques du soleil ontremonté le long des murs, puis ont disparu, et la lumière qui lessuit s’est retirée à son tour. Et l’ombre est venue. Et la nuit…Sur les marches de l’autel où il s’est traîné, il est étendu,enveloppé par la nuit, qui jette sur son agonie des voiles aussinoirs que ceux des mammaconas et il ferme les yeux pourdormir ou pour mourir. Puisque Marie-Thérèse est morte !…