L’Épouse du soleil

Chapitre 11LA PRISON DE GRANIT S’OUVRIRA-T-ELLE ?

Il essaya, posément, tranquillement, domptantla tempête intérieure qui l’eût précipité aveuglément contre cerempart, de trouver le joint. Ordonnant à ses mains de ne pastrembler, il tenta de glisser la partie plate de l’outil entre lesdeux pierres, mais n’y réussit point. C’était le miracle de leurarchitecture que, sans ciment, ces pierres étaient si bienajustées, qu’il était souvent difficile d’en trouver la ligne dedémarcation. Comment les remuait-on ? Comment les avait-onremuées ? Car, enfin, on les avait tirées de leur alvéole.Elles tournaient peut-être sur elles-mêmes ? Mais oùfallait-il toucher ou frapper ? Et, pendant ce temps,Marie-Thérèse mourait dans sa prison de granit.

Désespéré, il reprit la pioche qu’il dutdisputer encore à Orellana, lequel l’étourdissait déjà de sesgémissements effrayants et il lança, à tout hasard, sur la gauchede la pierre, un coup, à toute volée. Il avait donné là toutes sesforces. Il avait rassemblé toutes ses énergies. Il avait donné uncoup de titan. La pierre tourna un peu sur elle-même, à droite.Oui, elle dépassa le joint ! Il poussa un cri de victoire etcontinua de frapper avec rage.

L’alvéole semi-circulaire était ainsi faiteque la pierre pouvait glisser et tourner sur la droite et sortir deson cadre sur la droite. Alors, il commença d’appeler :« Marie-Thérèse ! Marie-Thérèse ! » comme sidéjà elle pouvait entendre, et Orellana qui tournait derrière luicriait : « Maria-Christina !Maria-Christina ! » Raymond frappait, frappait ! Etle moment vint où la pierre fut suffisamment sortie sur la droitepour qu’il pût la prendre entre ses mains, entre ses ongles qui,inutilement s’y arrachèrent. Alors, avec le manche de sa pioche, ilcontinua de pousser à gauche et le côté droit vint tout entier.

Cette fois, il put prendre la pierre etOrellana se joignit à lui et ils attirèrent à eux la pierre, à eux,à eux !… elle venait à eux : Marie-Thérèse !Marie-Thérèse !… Il délivrait Marie-Thérèse !… Ah !elle était sauvée !…

Un suprême effort, un prodigieux han !…et la pierre bascula tout à fait, tomba avec fracas sur le parvisdu temple. Marie-Thérèse !… La figure entourée de bandelettesapparaît au fond de son trou noir… Ce n’est pasMarie-Thérèse !…

Raymond pousse un cri de rage inexprimable…C’est le visage mort d’une reine morte, c’est la momie d’uneancienne coya qu’il a devant lui !… Il s’esttrompé !…

Secoué d’un tremblement affreux, il seretourne vers Orellana, les mains prêtes à étrangler le misérablefou qui s’était attaqué avec sa pioche à une autre tombe ! Etlui, le plus insensé, Raymond, avait continué l’ouvrage dufou !… s’était laissé diriger, à cette minute suprême d’oùdépendait la vie de Marie-Thérèse, par un fou !…

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