Les Désenchantées

Chapitre 6

 

Le vent a hurlé toute la nuit sur le Bosphore, ce vent de la MerNoire dont la voix lugubre s’entendra bientôt d’une façon presquecontinue pendant quatre ou cinq mois d’hiver. Et ce matin il y aredoublement de rafales, qui viennent secouer la maison d’Andrépour ajouter à la tristesse de son dernier réveil à Thérapia.

– Eh bien ! il en fait, un temps ! lui dit sonvalet de chambre, en ouvrant ses fenêtres.

En face, sur les collines d’Asie, on voit des nuages bas etobscurs, qui se traînent, à toucher les arbres échevelés.

Et c’est sous la tourmente sinistre, sous le coup de fouet desaverses qu’il descend aujourd’hui le Bosphore pour la dernièrefois, passant devant le yali de ses amies, où déjà tout est fermé,calfeutré, des envolées de feuilles mortes dansant la farandole surle quai de marbre.

Le soir donc il se réinstalle à Constantinople, oh ! poursi peu de temps avant le grand départ ! Juste cinquante jours,car il a décidé de rentrer en France par mer et de prendre lepaquebot du 30 novembre, ceci afin d’avoir une date fixée d’avance,inchangeable, à laquelle il faudra bien se soumettre.

Et une lettre de Djénane, à la nuit tombante, lui apporte leverdict des médecins : fièvre cérébrale, d’apparence tout desuite très grave ; la pauvre petite Mélek sans doute vamourir, vaincue par tant de surexcitation nerveuse, de révolte,d’épouvante, que lui a causé ce nouveau mariage.

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