Chapitre 16
Mais le surlendemain arriva ce faire-part[15]manuscrit, dans lequel André, dès qu’il déchira l’enveloppe, crutreconnaître l’écriture de Djavidé Hanum :
« Allah !
« Feridé-Azâdé-Djénane, fille de Tewfik Pacha Darihan Zâdéet de Seniha Hanum Kerissen, vient de mourir ce 14 Zilkada1323.
« Elle était née le 22 Redjeb 1297, à Karadjiamir.
« Suivant sa volonté, elle a été inhumée dans le Turbé desvénérés Sivassi d’Eyoub, pour y dormir son dernier sommeil.
« Mais ses yeux, qui étaient purs et beaux, se sontrouverts déjà, et Dieu, qui l’a beaucoup aimée, a dirigé son regardvers les jardins du paradis, où Mahomet, notre prophète, attend sesfidèles.
« Nous tous qui mourrons, notre prière monte vers toi, ôDjénane-Feridé-Azâdé, et te demande de ne pas nous oublier dans tonappel. Et nous, tes humbles amies, nous suivrons la voie lumineuseque tu nous auras tracée.
« Ô Djénane-Feridé-Azàdé,
« que le rahmet[16] d’Allahdescende sur toi !
« Khassim-Pacha, 15 Zilkada1323. »
Il avait lu avec hâte et avec trouble ; d’abord la formeorientale de cette note ne lui était pas familière, et puis, tousces noms différents qu’avait Djénane, il ne les connaissait pas àpremière vue ils le déroutaient… Et il fallut presque des minutesavant qu’il eût bien irrévocablement entendu qu’il s’agissaitd’elle…