Triboulet

Chapitre 14MANFRED

Nos lecteurs ont sans doute la légitime curiosité d’apprendrecomment notre héros s’était tiré du charnier de Montfaucon pourtenir sa parole de venir en plein Louvre dire son fait au roi deFrance.

Revenons donc de quelques jours en arrière, c’est-à-dire aumoment même où le grand prévôt, ayant violemment fermé la porte defer du charnier, s’écriait :

– On n’ouvrira que lorsque le truand sera mort !

Manfred, nous l’avons dit, ne put tout d’abord se défendre d’unesorte de terreur. Sa première pensée fut :

– Je vais subir la plus effroyable agonie que puisse rêverl’imagination humaine dans le délire des cauchemars… Mourirlentement de faim et de soif… ici ! parmi ces cadavres… et,vivant encore, prendre place parmi les morts ! Il vaut mieuxen finir tout de suite ! Je ne me laisserai pas mourir… jevais me tuer !

Il avait tiré son poignard et, du bout du pouce, en tâtait lefil ; puis il s’assura que la pointe n’était pas émoussée. Sonbras se leva… Nous sommes forcés d’avouer qu’à cette minutesuprême. Manfred eut l’amer regret de la vie ; un soupirgonfla sa poitrine et ses yeux se voilèrent d’une larme.

– Pauvre hère ! murmura-t-il. C’est décidémentennuyeux de mourir si jeune, alors que je me sens une si bonneenvie de vivre ! Hélas ! je n’ai pourtant fait de mal àpersonne ! Il me semble que je m’arrangerai toujours pour êtreutile, défendre les plus faibles et prêter la force de mon bras àceux qui n’ont point de force ! Pourtant, je vais mourir… etj’ai le cœur plein d’une image que je regrette avec une telleardeur qu’il me semble en éprouver un vrai désespoir ! Adieula vie, adieu, Gillette !

En même temps qu’il levait le bras, Manfred leva la tête par unmouvement naturel…

Et son bras ne s’abattit point sur sa poitrine.

Ce bras retomba lentement, tandis que les yeux du jeune hommerestaient fixés là-haut, vers la voûte du charnier…

Qu’avait-il donc vu ? Pourquoi l’aube d’une espérance follese leva-t-elle soudain dans son esprit ?

Manfred avait simplement vu une faible et pâle rayure de lumièreblafarde… Un filet de lumière, si imperceptible qu’il soit, devientun événement énorme lorsque c’est dans un cachot que cette lumièrepénètre.

Le gibet de Montfaucon était en fort mauvais état.

Ce soubassement de maçonnerie dont nous avons parlé, et dans lesflancs duquel était creusée la cave qui servait de charnier,menaçait ruine.

Or, ce qu’avait vu Manfred, c’était un peu de la lumière grisediffuse dans la nuit, et qui filtrait a travers une crevasse.

– Par les cornes du diable ! par la bedaine du bon roiFrançois qu’il serre si fort pour paraître encore jeune ! parla figure de carême de M. de Monclar ! il me semble que je nesuis pas tout à fait mort encore !

Maintenant, il voulait vivre.

– Ce n’est pas le tout que d’avoir entrevu le ciel, repritManfred, il s’agit d’y atteindre. Et le ciel, en cette occurrence,n’est autre que la voûte de cet enfer, laquelle voûte se trouve àdouze bonnes coudées au-dessus de ma tête…

Il se mit à réfléchir. Comment atteindre à la voûte ?…

Il commença par faire le tour de cette hideuse tombe qui luiservait de cachot, et, partant de la porte de fer, se mit à longerla muraille, en la tâtant de ses mains.

La muraille était lisse. Rien qui lui permît d’essayer uneescalade quelconque ! L’humidité qui suintait le long despierres achevait de rendre impraticable toute tentative.

Plus d’une fois, dans ce court voyage autour de son tombeau,Manfred frissonna en trébuchant contre quelque squelette…

La nuit était opaque… C’était presque un bonheur pour lui… carle spectacle qu’il eût eu sous les yeux si la cave se fût éclairéel’eût sans aucun doute réduit à l’impuissance en le frappantd’horreur.

Le nez en l’air, les yeux fixes, le front plissé, Manfredconsidéra un instant cette vague lueur qui lui était apparue commeune aube d’espérance…

Il lui fallut se rendre à l’effrayante évidence : il n’yavait aucun moyen humainement possible de se hisser au plafond… Ileût fallu pour cela entreprendre quelque travail de géant, comme decreuser des degrés dans le granit… et Manfred comprit qu’il seraitmort de faim bien avant d’avoir pu entamer la muraille…

Un bruit de voix lui parvint : c’étaient les soldats quicausaient entre eux en maudissant la corvée qui leur était imposée.Manfred frappa du poing à la porte…

Le sergent qui commandait le poste laissé par Monclars’approcha.

– Vas-tu te taire, suppôt du diable ! Non content denous faire passer la nuit dehors, tu nous romps lesoreilles !

– Mon ami, dit Manfred, un mot… un seul…approchez-vous !… Êtes-vous le chef ?…

– Oui. Après ?

– Voulez-vous gagner cent pistoles ?

– Oui-dà ! Quand vous m’en offririez mille ! Pourêtre pendu… Merci !

Le sergent s’éloigna en ricanant.

– Croyez-vous qu’il a essayé de m’acheter, de mesuborner ! cria-t-il. Vous êtes tous témoins que j’ai refuséles deux mille pistoles que ce truand vient de m’offrir !

En lui-même, le digne homme songeait que son zèle seraitrécompensé en raison directe de la somme refusée par lui… Manfredentendit ces paroles et comprit que de ce côté-là aussi, toutetentative serait vaine.

Alors l’idée de suicide se présenta de nouveau à sa pensée. Ilse donna deux heures de répit.

Si, au bout de deux heures, il n’avait rien trouvé, il setuerait. Pouvait-il, du moins, résister encore deux heures dans cecloaque où l’air ne pénétrait que par les crevasses du plafond, etoù d’affreuses exhalaisons transformaient l’atmosphère qu’ilrespirait en un poison mortel ?

Une rage le saisit… Il se mit à travailler furieusement,fébrilement, pour essayer de démanteler la porte, en creusant lapierre autour des gonds…

Sous les coups précipités de sa dague, la pierre commençabientôt à s’effriter et un peu d’espoir revint encore soutenir lesforces du jeune homme. Il n’avait pas de but précis.

Il entrevoyait vaguement que peut-être il pourrait arriver àjeter bas la porte… alors il se ruerait sur les gardes etpasserait… ou serait tué. Mais surtout, il travaillait pouréchapper à l’horrible impression d’angoisse…

Déjà l’air lui manquait, il respirait avec difficulté… Le pauvrejeune homme sentit que bientôt il allait tomber et que l’agonieallait commencer…

À ce moment, un bruit de voiture qui approche le frappa.Venait-on du côté du gibet ? Qui venait ?…

Le cœur de Manfred se mit à battre à se rompre lorsqu’il compritque la voiture s’arrêtait près des soldats de garde.

Et une bouffée de folle espérance le ranima soudain lorsqu’ilentendit une voix parler aux soldats. La voix disait :

– Pourriez-vous me dire si les portes de Paris sontouvertes à cette heure ?

Ces banales paroles, cette question si simple secouèrent Manfredd’un frisson de joie étrange.

Peut-être, au son de la voix, eut-il l’intuition rapide quecelui qui parlait était un homme bon et brave, un fort, unvaillant ! Il abandonna le furieux travail entrepris…

Et de toute sa voix, il clama :

– À moi, monsieur ! Qui que vous soyez… aide etassistance !…

…  …  …  …  … … .

Manfred ne s’était pas trompé : c’était bien une lourdevoiture de voyage qui venait de s’arrêter près du poste desoldats.

Dans cette voiture, il y avait un homme et une femme. L’hommeparaissait une quarantaine d’années, bien qu’à le regarder de près,sa figure dénonçât un âge plus avancé.

Cet inconnu était de moyenne taille, svelte encore, maigre,nerveux, avec des yeux d’une grande finesse, et un aird’insoucieuse bravoure qui était en lui remarquable.

La femme, jeune encore, était d’une beauté que lui eût enviéeDiane de Poitiers – la beauté la plus accomplie et la mieuxconservée de son temps. La visible tristesse répandue sur lestraits purs et nobles de cette femme, loin de déparer cette beauté,s’harmonisait admirablement avec le type de son visage…

Achevons de renseigner le lecteur en disant que sur le siège del’énorme véhicule haut perché sur ses roues, comme les carrosses devoyage de cette époque, il y avait un postillon. – et près dupostillon, un homme à figure basanée, à longues moustachesgrisonnantes qui lui donnaient un air assez terrible.

Lorsque la voiture avait approché du gibet, le voyageur s’étaitpenché à la portière et avait ainsi interpellé l’homme juché prèsdu postillon :

– Spadacape !

– Monseigneur ?

– Par quel diable de chemin nous fais-tu passer ?…C’est bien là Montfaucon, si je m’en rapporte aux souvenirs de monenfance !…

– Dame, monseigneur ! répondit celui qui portait cetétrange nom de Spadacape, je ne connais pas les environs de Pariscomme ceux de Rome, moi !

Le voyageur qu’on appelait « monseigneur » s’étaittourné à l’intérieur vers la femme qui l’accompagnait et lui avaitdit :

– Ne regardez pas, chère âme… Fermez vos beaux yeux…

– Je les ferme, dit la dame qui obéit d’instinct ;mais pourquoi ?

– Parce que nous passons devant quelque chose de très laid,de très impur et que je ne veux pas que la pureté de votre regarden soit troublée…

– Je ne regarderai pas, cher ami…

Ces choses furent dites très doucement de part et d’autre. Etcette douceur était de celles qui révèlent de profondes tendresses…C’est alors que le voyageur, s’adressant au sergent d’armes, luiavait demandé :

– Savez-vous si les portes de Paris sont ouvertes à cetteheure ?

Le sergent ouvrit la bouche pour répondre.

Mais cette réponse ne vint pas ; un cri, une clameurlugubre, comme sortie des entrailles du sol, venue d’une tombe,retentit, et fit frissonner la dame :

– Qui que vous soyez !… Aide et assistance !…

…  …  …  …  … … .

Sans une seconde de réflexion, l’inconnu ouvrit violemment laportière de son carrosse et sauta à terre.

– Quelle est cette voix ? demanda-t-il d’un tonrude.

– Celle d’un scélérat enfermé là !…

Le sergent montra la porte de fer. Le voyageur eut un gested’horreur.

– Là ! dit-il. Là !… Mais c’est lecharnier !…

– Oui, monsieur.

– Et vous dites que là on a enfermé une créaturehumaine !… c’est monstrueux, cela !

– Monsieur, vous vous mêlez là de choses dangereuses ;je vous préviens que M. le grand prévôt n’aime guère qu’on lecontrôle…

– À moi ! reprit la voix, plus déchirante, plussinistre…

– Par le ciel ! s’écria l’étranger, quoi que cet hommeait fait, le châtiment dépasse les bornes permises…

– Assez, monsieur ! dit le sergent. Aularge !

L’inconnu toisa le soldat d’un tel air que celui-ci repritaussitôt :

– Excusez-moi, c’est la consigne… Et vous avez tort de vousintéresser à un tel malandrin.

– Il y a des malandrins qui sont des gens de cœur etd’esprit, murmura l’étranger ! il y a d’honnêtes gens qui sontdignes de la corde.

– À moi ! À moi ! Oh ! qu’on me mette devantvingt hommes armés ! Qu’on me tue au grand jour !Monsieur, si vous avez un fils, si vous avez un cœur de père, àl’aide !

– Morbleu ! Ce n’est pas là le cri d’un ribaud !…Cela me remue jusqu’aux entrailles ! Sergent, il faut délivrerce malheureux… Ce châtiment est par trop inhumain !

– Ça, monsieur, êtes-vous fou ? Au large, vousdis-je.

Le sergent fit un signe ; ses hommes se rangèrent près delui. Le voyageur haussa les épaules et se tourna vers lavoiture :

– Spadacape ! Défonce-moi cette porte !

– Bien, monseigneur…

Celui qui s’appelait Spadacape sauta à terre, à son tour, et sedirigea droit sur la porte du charnier.

– Holà, monsieur ! cria-t-il. Rangez-vous : jevais défoncer !

Spadacape s’était baissé, avait soulevé d’un violent effort uneénorme pierre, un vrai moellon détaché du mur ; il la levaitau-dessus de sa tête et, la balançant un instant, la lançait àtoute volée contre la porte.

On entendit un bruit métallique répercuté sourdement…

Le sergent avait poussé un juron de fureur et s’était précipitévers Spadacape. Le voyageur le saisit au poignet, l’arrêta net, etlui dit doucement :

– Laissez faire, mon ami… Sans quoi, il pourrait vous encuire.

– Rébellion ! hurla le sergent en frottant son poignetmeurtri par la formidable pression qu’il venait d’éprouver.Rébellion ! On fait violence aux soldats du roi !Sus !

Un deuxième coup asséné sur la porte retentissait à cet instant.Avec des jurons et des cris de fureur, les soldats s’étaientélancés. Mais ils s’arrêtèrent, stupéfaits…

L’étranger avait tout à coup tiré son épée, – une vraie rapière,longue, solide, étincelante.

Et cette rapière décrivait un tel moulinet, une si fantastiquesarabande d’éclairs menaçants que les soldats en étaient muetsd’étonnement, d’admiration et de terreur…

L’étranger, tout en manœuvrant, s’était placé de façon àprotéger Spadacape. Celui-ci, pendant ce temps, continuait sabesogne et, à toute volée, à coups redoublés, lançait son moelloncontre la porte…

Les soldats tourbillonnaient autour de l’étranger à laflamboyante rapière, essayaient de lui porter coup sur coup… Maisces coups étaient parés… l’inconnu semblait s’être mis à l’abriderrière des éclairs…

Bientôt, même, il passa de la défensive à l’attaque… La rapièrepointa, tourbillonna, frappa d’estoc et de taille, si bien qu’avecdes hurlements d’effroi et de fureur, les soldats reculèrentd’abord, puis s’enfuirent à cent pas de là, tout penauds, au momentmême où la porte du charnier tombait avec un bruit infernal…

Manfred, d’un bond, fut dehors. Il apparut, l’épée à la main, lafigure convulsée. D’une large aspiration, il huma l’air pur, puis,d’une voix tonnante :

– À nous, maintenant ! Approchez ! Fussiez-vousvingt ! fussiez-vous cent ! Je me sens de force à tenirtête à tous les suppôts du Monclar d’enfer !…

L’étranger regardait avec une réelle admiration ce jeune homme àla male stature, à la physionomie fine et loyale, et luidit :

– Fuyez, monsieur, ne vous attardez pas !

– Fuir ? M’en aller, tout au plus ! Et m’enaller, non par crainte de ces misérables lièvres, mais parinvincible horreur de ce lieu… Mais quelle que soit ma hâte,monsieur, je ne m’en irai pas avant de vous avoir dit combien jevous admire et vous aime de votre intervention…

– Croyez-moi, jeune homme, mettez-vous à l’abri…

– Par la morbleu !… Sur mille qui fussent passés, pasun n’eût fait ce que vous avez fait pour délivrer un homme qui,peut-être, est un grand scélérat puisqu’il est condamné à un aussiabominable supplice ! Ah ! monsieur, ceci est grand etvraiment digne des héros de la chevalerie… Votre main, je vousprie !

L’étranger tendit sa main. Manfred la saisit.

Et avant que l’inconnu eût pu s’en défendre, il avait portécette main à ses lèvres et l’avait baisée.

S’étant incliné, Manfred se redressa et fixa un regard fier surcelui à qui il venait de rendre un tel hommage, lui qui ne baissaitla tête devant personne.

– Monsieur, dit-il, voulez-vous me dire votrenom ?

L’étranger fut sur le point de répondresympathiquement :

– Et vous ? Comment vous appelez-vous ?

Mais il réfléchit que demander son nom à un homme poursuivi,traqué, ce serait indigne de lui… Et, très simplement, ilrépondit :

– Je m’appelle le chevalier de Ragastens.

– Le chevalier de Ragastens… murmura Manfred. Jamais,jamais je n’oublierai ni le nom ni la physionomie…

Et, faisant un geste d’adieu, il s’élança légèrement, et bientôtdisparut derrière des bouquets de ronces que le soleil levantéclairait de ses premiers rayons.

Pendant quelques minutes, le chevalier de Ragastens regarda,pensif, du côté par où Manfred avait disparu…

Puis il secoua la tête, poussa un soupir, et remonta en voiture,tandis que Spadacape escaladait le siège.

Terrorisés, les soldats avaient assisté de loin à toute cettescène, sans oser intervenir. Le chevalier de Ragastens, enremontant dans le carrosse qui s’ébranla aussitôt, avait pris lesmains de la dame. Sans doute celle-ci avait en lui une de cesprodigieuses confiances comme certains êtres d’élite savent eninspirer à la femme qui les a compris…

Car, pendant toute la bagarre, elle n’avait pas jeté un cri,elle avait gardé les yeux fermés.

– Chère Béatrix, dit-il, voici que nous arrivons dansParis…

– Paris ! répondit la dame. Je ne sais pourquoi… j’aipeur… pour vous, mon aimé… peur de ce sombre Paris !

Sans répondre, le chevalier pressa les mains de la dame pour larassurer… Ses yeux se perdirent au loin.

– Paris ! murmura le chevalier de Ragastens.Paris ! Terre de mon enfance ! Je te revois avecémotion ! Paysages de ma jeunesse, je vous salue !Puissé-je retrouver celui que je veux chercher dans les profondeursde Paris !

…  …  …  …  … … .

Après le départ de la voiture, les soldats revinrent près duvaste soubassement du gibet et tinrent conseil. Le sergent tint celangage :

– Pleutres ! manchots ! couards ! valets decuisine ! cancres ! gibier faisandé ! bonnesfemmes ! Est-ce la hallebarde ou la quenouille que vousportez ?

Les soldats, bien que très vexés de la phénoménale épithète de« bonnes femmes » ne bronchèrent pas et reçurentstoïquement l’averse d’éloquence.

– Ce n’est pas tout, reprit le sergent. Vous ne méritez pasque je m’égosille à vous traiter selon vos mérites. Mais qu’est-cequi va être pendu, dans cette affaire ? Pas moi ! Car jedirai que vous avez fui…

Un grognement parcourut le rang des hallebardiers.

– Oui ! Vous serez pendus !

– Vous aussi ! s’écria l’un des soldats.

Le sergent ne le savait que trop. Il feignit de n’avoir pasentendu l’exclamation et se hâta de continuer :

– Au fond, vous êtes de bons drilles. Nous avons vidéensemble pas mal de bouteilles ; nous avons fait la guerreensemble et couru de compagnie par monts et par vaux. Aussi, jeveux vous sauver…

Il y eut un murmure approbatif.

– Écoutez, acheva le sergent. Je ne dirai rien, moi. Sivous vous taisez sur ce qui vient d’arriver, qui le saura ? M.le grand prévôt croira que le truand achève de pourrir dans cetrou. Il n’ira pas y voir. Donc, gardons le silence.

Les soldats jurèrent de se taire, et nous pouvons affirmer lasincérité de leur serment.

– Il ne reste plus qu’à faire disparaître les traces del’événement, termina le sergent qui, d’un geste expressif, désignala porte défoncée…

On se mit aussitôt à l’œuvre, et, après deux heures d’un travailacharné, la porte se trouva réparée, remise en place, et l’œil deM. de Monclar lui-même n’eût distingué aux abords du gibet lamoindre trace de ce qui venait de se passer. Lorsque le grandprévôt vint faire sa ronde, il trouva les soldats à leur poste,montant leur garde avec un zèle et une attention vraiment dignes deses éloges…

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