XLVIII – De H. N. Boiarov
Bien estimée Comtesse CatherineAlexandrovna,
Pardonnez-moi de vous déranger de si bonneheure. Ma femme, qui n’était pas sortie depuis près d’un mois,s’est tout a coup décidée hier à aller à la folle journée ;mais, en s’habillant, elle a été prise d’une si forte fièvre que,presque de force, je l’ai retenue à la maison. Le soir, elle a eule délire ; mais, vers cinq heures du matin, elle s’est calméeet endormie. Aujourd’hui, vers dix heures, est venue cetteinsupportable baronne Vizen : elle est entrée dans la chambreà coucher de ma femme, l’a réveillée, en sursaut sans doute, car,après son départ, Mary a eu une telle crise nerveuse que j’ai toutà fait perdu la tête. Elle refuse absolument de voir le docteur, etvous réclame sans cesse. Au nom de Dieu, venez tout de suite !Vous seule pourrez la calmer. Pour ne pas perdre de temps, je vousenvoie la voiture qui était attelée pour moi.
Profondément dévoué,
H.BOIAROV.