XXXVII – De la Princesse Krivobokaia
Chère Comtesse,
Si vous allez aujourd’hui au bal chez lesAnglais, ne prendrez-vous pas Nadenka sous votre protection ?Vous savez que je n’aime la laisser avec personne, fut-ce avec sessœurs : vous êtes la seule femme à qui je puisse me décider àconfier ce trésor. Moi, je n’irai pas : premièrement parce quece malin Piotre Ivanovitch est venu chez moi, c’est vous dire queje suis indisposée pour toute la journée ; et deuxièmement,par patriotisme, car les Anglais, partout où ils le peuvent,mettent des bâtons dans nos roues. En général, la situationpolitique de l’Europe ne me plaît pas ; bien qu’il n’y aitaucune nouvelle extraordinaire, je suis convaincue que Bismarckmitonne quelque chose. Que mitonne-t-il ? je ne sais pasencore, mais cela m’inquiète. Votre bien dévouée,
E.KRIVOBOKAIA.