XXII – De A. V. Mojaïsky
Chère Kitie,
Je suis peut-être très coupable enverstoi ; sans doute, ta lettre est chez moi à la campagne, maisje ne puis encore me débarrasser d’Odessa. La liquidation de mesaffaires touche à sa fin. J’ai consenti à tout, il était impossibled’agir autrement. Dans trois semaines, j’espère être à ta campagnede Peterhoff.
Ici, les Sapounopoulo m’ont emmené à leurluxueuse campagne au bord de la mer, et, par tous les moyens, on medonne à comprendre qu’il me faut épouser la fille grecque. Latante, une horrible créature que j’ai surnommée« Euménide », m’a un jour conseillé franchementd’essayer, me faisant espérer que je n’aurais pas un refus, etpuis, qu’est-ce qu’un refus ?… Je ne dis rien, je n’ai réponduni oui, ni non, mais quand tout sera fini chez le notaire, je mesauverai immédiatement et avec une telle rapidité que je leurrappellerai leur célèbre compatriote « Achille aux piedslégers ».
Au revoir, à bientôt, ma chère Kitie.Écris-moi à Odessa.
TonA. M.