Au temps de la comète

Chapitre 2LES DERNIERS JOURS DE MA MÈRE

1.

Cher cœur ! Il ne lui restait plus que quelques courtsinstants à passer dans le monde renouvelé. Je ne savais pas alorsquelle serait la durée de ce temps, mais le peu que je pouvaisfaire, – peut-être, après tout, que ce peu fut beaucoup pour elle,– je le fis pour compenser mes jours de dureté et de révolte. Jepris soin d’être toujours auprès d’elle, car je comprenaismaintenant son étrange besoin de moi. Ce n’était pas que nouseussions des idées à échanger, mais elle aimait me voir à table, autravail, ici et là. Il n’y avait plus, pour elle, de besognessordides, elle se livrait seulement à ces petites occupations quisont agréables aux femmes âgées et fatiguées, et je crois qu’ellefut heureuse vers sa fin.

Elle conserva, sans la rectifier en rien, sa vieille conceptionXVIIIe siècle de la religion. Elle avait trop longtemps porté sonamulette pour jamais s’en défaire. Cependant, l’influence duChangement était perceptible dans cette persistance même.

– Mais, chère mère, – lui demandai-je un jour, – croyez-voustoujours à cet enfer de flammes… vous, dont le cœur est sitendre ?

Elle affirma qu’elle y croyait.

Quelque subtilité théologique lui imposait cette croyance, mais,tout de même…

Elle considéra pensivement un parterre de primevères, puis,appuyant sa main tremblante sur mon bras :

– Tu sais, Willie, mon enfant, – dit-elle, comme voulantéclaircir pour moi une méprise enfantine, – je ne crois pas quepersonne aille jamais dans cet enfer. Je n’ai jamais pensécela…

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