LXXXVI
J’avais accepté de dîner le lendemain chez cecapitaine baleinier. Nous nous étions convenus à merveille. Iln’avait rien de la manière des hommes policés, mais il n’étaitnullement banal. Et puis, surtout, c’était le seul moyen pour moid’amener Yves à son bord.
Je m’attendais un peu le lendemain matin, aujour, à trouver le baleinier disparu, envolé pendant la nuit commeun oiseau sauvage. Mais non, on le voyait là-bas à son poste, aularge, avec toutes ses franges noires dans ses haubans, sedétachant sur le grand miroir circulaire des eaux, qui étaient cejour-là immobiles, et lourdes, et polies, comme des couléesd’argent.
C’était sérieux, cette invitation, et onm’attendait. Par précaution, le commandant avait voulu que lescanotiers qui me mèneraient fussent armés et restassent là, tout letemps avec moi. Justement cela tombait à merveille pour Yves, et jele pris comme patron.