Le Cavalier Fortune

Chapitre 25Où Fortune, ne sait plus à quel amour entendre.

Fortune arriva au Châtelet vers dix heures dumatin avec sa belle escorte d’exempts, d’archers et dehallebardiers, derrière laquelle venait encore cette portion dupublic qui veut boire le spectacle.

Le guichetier de la grande geôle, voyantarriver tant de monde, jugea bien qu’il s’agissait d’un personnaged’importance et fit appeler le geôlier. Celui-ci était un bon groshomme à tournure d’aubergiste qui passait pour tenir sa prison unpeu comme une hôtellerie.

À l’appel du guichetier, maître janvierMunier, qui achevait son repas du matin, vint avec un verre de vindans une main et une tartine de raisiné dans l’autre.

– Eh bien ! eh bien ! dit-il envoyant la pompeuse escorte du cavalier Fortune, nous sommes un peuà court de logements, car la pratique donne, c’est unebénédiction ! mais ce jeune gentilhomme a une mine qui ne medéplaît pas. Nous avons trois numéros vacants dans l’ancienne salledes témoins que monsieur le gouverneur a fait cloisonner ettransformer en cellule. Parlez au gentilhomme, maître Lombat.

Maître Lombat était le guichetier. Ils’approcha de Fortune, qui se prêta avec une obéissance machinale àtoutes les cérémonies de son incarcération, et lui demandafranchement s’il avait de l’argent.

Fortune répondit non avec une égalefranchise.

Maître Lombat revint alors à maître janvierMunier qui grommela :

– Je vous avais bien dit tout de suite que cejeune vagabond avait méchante mine. Pourquoi me dérange-t-on sousde pareils prétextes ! Avant de venir me chercher, une autrefois, informez-vous sur la question de savoir si les prisonniersréclament la pistole. Qu’on mette celui-ci où l’on voudra, et, s’iln’y a pas de place à la grande geôle, qu’on se foule un peu. Iln’est pas dit dans les ordonnances que les coquins sont mis enprison pour y être à leur aise.

Maître janvier Munier mordit dans sa tartineet reprenait déjà le chemin de sa salle à manger, lorsqu’un desexempts, qui racontait à un porte-clés l’aventure de la rue desCinq-Diamants, prononça le nom de Chizac-leRiche.

Maître janvier Munier s’arrêta, se retourna etbut une gorgée de son vin. Il appela maître Lombat et luidit :

– Sachez un peu ce que le digne M. Chizacfait dans tout ceci.

Lombat revint au bout d’une minute et, certes,les renseignements qu’il apporta n’étaient ni bien clairs ni bienconcluants, mais ce Chizac était comme les saints dont les sandalesmêmes font des miracles. Maître janvier Munier réfléchit etdit :

– Il vaut mieux risquer une bagatelle que demécontenter un honnête homme qui possède une rue entière, plustrente autres maisons dans Paris, plus… enfin je m’entends !qu’on donne à ce garçon une des cellules de l’ancienne salle dutémoignage.

– Et, demanda Lombat, aura-t-il le vin etl’ordinaire des pistoliers ?

Le geôlier cabaretier réfléchit encore, puisil s’écria :

– Ma foi ! vogue la galère ! Mieuxvaut perdre un jour ou deux de pistole que de désobliger un hommesi respectable. On disait, pas plus tard qu’hier, que son revenumontait à plus de cinq millions tournois.

Le dernier mot que Fortune avait entenduvenant de la foule était celui-ci :

– Bon espoir ! Chizac-le-Riche veillerasur vous.

À l’insu même de Chizac, cette prédiction seréalisait déjà.

L’écrou de Fortune ayant été dressé dans lesformes, on lui enleva ses liens, et maître Lombat le conduisit, àtravers un dédale de corridors noirs et humides, jusqu’à la cellulequi lui était destinée.

La cellule portait le n° 37 : elles’ouvrait à l’extrémité d’un couloir très étroit dont elle occupaitl’extrémité.

Dès que la porte fut ouverte, Fortune entradans une sorte de boîte carrée dont l’ameublement était semblable àcelui de la chambre à coucher du pauvre Guillaume Badin, quicoûtait de loyer 4 800 livres par année.

Il y avait une escabelle au lieu de billot,une paillasse sur un cadre et une cruche de grès au col de laquellependait une écuelle de fer.

Cette boîte était fort étroite dans le sens desa surface horizontale, mais on n’y manquait point d’air parcequ’elle avait une énorme hauteur d’étage.

Maître Lombat repassa le seuil et la grosseclé cria dans la serrure.

Fortune se laissa tomber sur l’escabelle.

Ce n’était pas la première fois qu’il allaiten prison.

Peut-être même avait-il habité en sa vieerrante et aventureuse des cachots bien autrement lugubres quecette boîte bâtie en planches neuves de trois côtés et abondammentéclairée, d’abord par le haut, ensuite du côté du mur par unemoitié de fenêtre grillée.

L’autre moitié de la fenêtre devait servir àla cellule voisine portant sans doute le n° 38, puisqu’elle étaitla dernière de la série des nombres pairs.

Mais Fortune, il faut bien le dire,n’accordait aucune attention à tout cela. Vous eussiez dit un hommequi a reçu un pavé sur la tête.

Il y a des sensations rétrospectives. Enécoutant tout à l’heure parler à maître Lombat, Fortune s’étaitdit : Voilà le premier signe de vie qui me soit donné de cecôté.

Mais, maintenant, il avait conscience d’avoirentendu déjà ce bruit sourd et patient qui le frappait :seulement étourdi qu’il était, perdu dans le désordre de sespensées, il n’avait pas fait d’abord attention à ce bruit.

Cela ressemblait au travail lent d’un rongeurqui use le bois d’un arbre.

Fortune avait vu du pays ; il sourit etpensa :

– Monsieur le cavalier se creuse un trou detaupe dont on pourra profiter le cas échéant ; c’estdécidément un voisin agréable.

Sur les trente-huit cellules, il y en avaitsans doute quelques-unes de vides, et d’ailleurs maître Lombat nevendait pas de vin à tous les prisonniers. Au bout de dix minutes,la clé tourna dans la serrure de Fortune, et le bienfaisantguichetier parut avec son panier qui ne contenait plus qu’une seuleassiette.

C’était le déjeuner si impatiemment attendu.Maître Lombat déposa l’assiette sur le pied du lit et fit sauter lebouchon d’une bouteille.

Après quoi il tira de sa poche une feuille depapier, une plume et un écritoire.

– Voilà votre affaire, mon jeune coq,dit-il.

Fortune avait déjà découvert l’assiette quicontenait une bonne portion d’oie rôtie.

– Allons ! fit-il, la France est la reinedes nations, décidément ! À Rome, on ne m’eût donné que de laratatouille.

– Vous savez écrire ? demanda maîtreLombat.

– Comme père et mère, répondit Fortune.

– Alors, mon camarade, il faut faire un boutde lettre pour Chizac-le-Riche, qui vous porte de l’intérêt, à cequ’on dit, ou pour tout autre de vos amis à votre choix. Je suispère de famille et ne puis vous donner à crédit plus d’un jour. Siseulement ce bon M. Chizac vous envoie une cinquantaine depistoles, vous mangerez de l’oie tous les jours et vous serez dansle paradis.

– Et si ce bon M. Chizac que je neconnais ni d’Ève ni d’Adam, interrogea Fortune, ne m’envoierien ?

– J’en serai pour un déjeuner, répliqua leguichetier, pour un dîner et les deux bouteilles de vin, à moinsque vous n’ayez l’honnêteté de me signer un écrit qui me donnedroit à votre défroque quand vous n’en aurez plus besoin.

Fortune le regarda de travers.

– Il paraît, poursuivit maître Lombatpaisiblement, que votre histoire n’est pas bonne. Monseigneur lerégent est ennuyé de toutes les coquineries qui se commettent auquartier Quincampoix, et MM. du Bailliage sont bien décidés àfaire un exemple.

Fortune versa du vin dans son verre jusqu’aubord.

– J’avais une étoile, grommela-t-il ; àquoi elle songe, corbac ! je n’en sais rien ; mais sielle me laisse conduire jusqu’au gibet, que le diablel’emporte ! À votre santé, bonhomme. Il vida son verre etreprit :

– Est-ce que mon voisin, que vous avez appeléMonsieur le chevalier, est aussi en passe d’être pendu ?

– Le n° 38 ? Non pas, c’est une histoirede cour. Il en a pour jusqu’à la fin de sa vie, voilà tout.

– Il est jeune.

– Oh ! tout jeune.

– Beau garçon ?

Maître Lombat jeta sur Fortune un regard où ily avait de la compassion.

– Après M. le duc de Richelieu et vous,répondit-il, c’est le plus joli brin d’homme que j’aierencontré.

– Et vous le nommez ?

– Parbleu ! celui-là peut dire son nom àses amis et à ses ennemis. C’est le petit Bourbon, comme onl’appelle, le chevalier Pierre de Courtenay, qui est deux ou troisfois cousin de Sa Majesté.

– Bon ! pensa Fortune ; alors, s’ilépouse Mlle Aldée, ce ne sera pas une mésalliance.

Il attaqua vaillamment son déjeuner, et maîtreLombat, reprenant son panier, se dirigea vers la porte.

– Écrivez, dit-il en passant le seuil, écrivezplutôt deux lettres qu’une. Un poli garçon comme vans ne doit pasêtre au dépourvu dans Paris, et pour le peu que vous avez à vivre,je n’aimerais pas vous voir vivre de pain sec.

Il sortit. Pendant le quart d’une minute lamâchoire de Fortune ralentit son mouvement.

– La mule du pape ! pensa-t-il, lebonhomme n’y va pas par quatre chemins ! Il a l’idée que jevais être pendu, et il doit s’y connaître.

– Après tout, se dit-il en dépêchant à bellesdents sa portion ; je suis innocent comme l’enfant qui vient,de naître. Je vais écrire à Chizac… Mais quel diable de tic il a,ce Crésus, et quel singulier regard ! On aurait dit qu’ilavait peur de ce drôle de corps maître Bertrand, l’inspecteur, avecsa figure d’innocent, je vais écrire, à Muguette ; elle nepeut rien pour moi, mais c’est égal. Et encore elle ne peutrien ! maintenant qu’elle connaît tant de grandes dames !… Je vais écrire à Thérèse Badin, quand ce ne serait que pour luidire : « Je ne peux pas aller à notre rendez-vous… »Je voudrais bien savoir si je l’aime mieux que Muguette ?… Jevais écrire à la duchesse du Maine… à La Pistole… au Parlement… aurégent !

Il s’arrêta, la bouche pleine, et se versa untroisième verre.

– Tiens ! dit-il après avoir bu, onn’avait pas entendu la mécanique du petit Bourbon pendant que leguichetier était là ; mais voilà qu’il reprend sabesogne ! Achevons notre déjeuner d’abord, nous ferons ensuitenotre correspondance, et puis nous entamerons la conversation avecce joli cœur.

Pour ce qui regarde le déjeuner, ce ne fut paslong.

Fortune, ayant rongé sa cuisse d’oie jusqu’àl’os, essuya la dernière goutte de sauce avec son dernier morceaude pain et but le fond de sa bouteille.

– Là ! fit-il en secouant les miettes quiétaient tombées sur son pourpoint, je ne me suis jamais senti plusdispos et ce serait grand dommage si messieurs du Châtelet mecondamnaient à la mort subite. Voyons ce qu’il y a au fond de notreécritoire.

Il approcha l’escabeau du lit et s’arrangea deson mieux pour libeller sa lettre.

Ce n’était pas un clerc bien habile que notreami Fortune, mais il en savait cependant assez long pour remplirune page ou deux avec des fautes d’orthographe. C’était beaucouppour le temps. Il y avait alors de parfaits gentilshommes quieussent été bien embarrassés pour écrire la fameuse lettre duconscrit.

Fortune avait une grande diablesse d’écrituretremblée et lourde qui tenait beaucoup de place.

– Cet idiot de maître Lombat, pensa-t-il, nem’a donné qu’une feuille de papier, je ne pourrai pas écrireaujourd’hui à tout le monde. Voyons ce que je vais dire àChizac-le-Riche.

Il s’appliqua comme un malheureux et traça entête de sa feuille.

« Monsieur Chizac, la présente est à finde vous apprendre…

Il s’arrêta pour essuyer la sueur de sonfront.

– Pour lui apprendre quoi ? sedemanda-t-il. Il en sait aussi long que moi… et peut-être pluslong !

Ce dernier mot fut prononcé d’un air pensif.Chez tout autre que Fortune, il eût amené très certainement uneréflexion ou un calcul.

Mais Fortune ne réfléchissait qu’à la dernièreextrémité.

– Par la corbleu ! gronda-t-il, je n’aimepas le tic de ce blafard et je préfère écrire à Muguette.

Il déchira bien proprement le haut de safeuille de papier et recommença son travail de calligraphie.

« Ma chère petite Muguette, la présenteest à fin de te dire…

Il s’arrêta encore ; la sueur perlaitsous ses cheveux.

– Corbleu ! fit-il, j’aimerais mieuxaller à pied d’ici jusqu’à Fontainebleau, et au pas de courseencore. Faut-il lui apprendre que mon voisin envoie des lettres àAldée ? Comment lui avouer que j’ai perdu mes quinze centspistoles ! Je me suis présenté hier comme un vainqueur,disant : Je vais vous apporter l’aisance ; et maintenant,faut-il lui demander quelques louis ?

Bien proprement encore, il déchira le haut dupapier.

– S’en donne-t-il, au moins, ce petitBourbon ! pensa-t-il en prêtant l’oreille. Je voudrais bienavoir fini ma correspondance pour lui demander où en est sabesogne.

Sa plume, trop chargée d’encre, fit un beaupâté, mais il écrivit nonobstant :

« Ma chère mademoiselle Thérèse, laprésente est à fin de vous informer… »

Au lieu de continuer, il rougit.

– Corbac ! fit-il, celle-là me tient aucœur ! il n’y a pas dans l’univers entier une si bellefille ! et c’est drôle, oui, chaque fois que je pense à elle,le pauvre petit minois de Muguette passe devant mes yeux, et il mesemble qu’elle pleure. J’aime bien Muguette, mais je le lui ai dità elle-même : ce n’est pas de l’amour, tandis que Thérèse… iln’y a pas à dire, elle m’a fait pleurer comme un enfant, là-bas. Sielle me commandait d’aller au Palais-Royal et de prendre monsieurle régent par le bout du nez… mais s’il fallait me jeter à l’eaupour Muguette aussi… Eh bien, non ! il faut être juste !je n’écrirai pas à Thérèse puisque je n’ai pas écrit àMuguette.

Le papier fut déchiré, encore, et vous pensezqu’il diminuait. déplorablement.

Fortune se dit :

– Il s’agit d’écrire la bonne lettre, cettefois.

Et il traça cet en-tête :

« Mademoiselle la sœur d’Apollon, laprésente est à cette fin de vous mettre à même de me rendre ungrand service… »

Il s’interrompit brusquement pourécouter ; le bruit qui se faisait dans la cellule voisineavait changé de nature.

Au lieu de creuser le sol ou d’user la pierre,M. le chevalier de Courtenay semblait s’attaquer au bois mêmede la cloison mitoyenne, et le bruit qu’il faisait maintenantchangeait à chaque instant de place. Cela montait, montait…

Fortune mit sa tête entre ses mains comme unpoète qui cherche une rime rebelle et fit un effort désespéré pourcontinuer la lettre.

Il en résulta un second pâté et une secondephrase ainsi conçue :

« Ledit service consiste en ce qu’ilm’est arrivé un accident malheureux, dont j’ai l’espérance que vousvoudrez bien m’appuyer favorablement auprès de Mme la duchessedu Maine pour…»

Impossible d’aller au-delà ! Fortune fità son imagination un appel terrible, mais derrière ce pouril n’y avait rien !

Et le papier était désormais trop raccourcipour qu’il fût possible de recommencer une autre lettre.

Fortune était en train de s’arracher lescheveux, lorsqu’un joyeux éclat de rire retentit au-dessus de satête.

Il se leva en fureur et regarda au plafond oùil vit un blond et charmant visage penché au-dessus de la cloison,dans, l’espace laissé libre par la courbe de la voûte.

La colère de Fortune ne tint pas contrel’inattendu de cette apparition ; par un singulier effet debascule, le blond visage se contracta, exprimant un soudaincourroux.

– De par tous les diables ! dit la voixsonore et mâle que Fortune avait déjà entendue parlant à maîtreLombat, est-ce bien vous que je retrouve ici !

Fortune ouvrit de grands yeux et rassembla sessouvenirs, se demandant où et quand il avait pu exciter la colèrede M. le chevalier de Courtenay.

Celui-ci poursuivait :

– Si vous n’avez pas d’armes, moi je possèdetout ce qu’il faut dans ma cellule. Vous plaît-il de monter ousouhaitez-vous que je descende ? Cette fois, monsieur le duc,nous allons en découdre pour tout de bon !

– À la bonne heure ! fit notre cavalier,je n’ai pas besoin de me creuser la tête, c’est le quiproquoéternel.

« Monsieur le chevalier, ajouta-t-il enélevant la voix, si je n’avais eu de nombreuses dépêches à rédiger,mon intention était d’entrer plus tôt en relations avec vous.

– Palsambleu ! s’écria Courtenay, nosrelations sont tout entamées. À défaut de rapières, j’ai deuxcouteaux et ma lime. Nous tirerons au sort, et si ces armes ne teconviennent pas, duc de malheur, nous jouerons à qui de toi ou demoi étranglera l’autre !

Il avait l’air méchant, ce petit Bourbon, etses yeux bleus lançaient des éclairs.

Au fond de l’âme, Fortune était toutparticulièrement ravi de trouver un ennemi de ce duc qui était sabête noire.

– Monsieur le chevalier, répondit-il,regardez-moi plus attentivement, je vous prie. Je ne me reconnaiscoupable d’aucune offense envers vous, si ce n’est peut-êtred’avoir perdu mes 15000 livres, hier au soir, au lieu de gagner ladot de 100 000 écus que je vous destinais dans ma magnificence.

– Est-ce que je me tromperais, murmuraCourtenay qui se mit à cheval sur la cloison, ou se moque-t-on demoi ?

– Vous n’êtes pas le premier à vous tromperainsi, ni le centième non plus, monsieur le chevalier, répliquaFortune ; pour mon malheur, il paraît que je ressemble à ceduc qui tourne la tête à toutes les coquines de Paris, bourgeoisesou princesses, et même à quelques honnêtes femmes, ditl’histoire.

– Est-ce bien possible ! murmura lechevalier. Palsambleu ! je veux en avoir le cœurnet !

Il glissa rapidement sur le faîte des planchesjusqu’à l’angle droit formé par les deux cloisons. Arrivé là, iljeta sa seconde jambe en dedans, puis s’aidant des pieds et desmains avec une merveilleuse prestesse qui eût fait la réputationd’un funambule, il se laissa couler le long des madriers.

Fortune n’eut que le temps de pousser un cride surprise et d’effroi. Le petit Bourbon était déjà en face de luiet lui plantait ses deux mains sur ses épaules.

– Par la morbleu ! s’écria-t-il enretrouvant soudainement sa gaieté, c’est pourtant vrai !… maisvoilà une ressemblance qui tient du miracle ! Seulement vousêtes plus gros, plus brun… et vous n’avez pas ce regard de femme…et encore ce misérable duc a l’air d’un coquin, tandis que, j’enferais serment, vous êtes un honnête garçon !

– C’est mon avis, monsieur le chevalier, ditFortune qui se laissait regarder avec un rire de bonne humeur.

– Enfin, poursuivit le petit Bourbon, vousauriez une barbe de sapeur, si vous vouliez, et ce misérablebellâtre n’a pas un poil sur la joue. Par la morbleu ! vous meplaisez, et pour peu que cela vous convienne, nous allons être unepaire de camarades tous les deux !

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