La Femme pauvre

La Femme pauvre

de Léon Bloy

Pro defunctis fratribus,

propinquis, etbenefactoribus.

À PIERRE ANTIDE EDMOND – BIGAND-KAIRE –capitaine au long cours

La voici, enfin ! cette Femme pauvre que vous avez tant désirée sans la connaître, et que j’ai placée –comme il convenait – sous l’invocation des Défunts.

Je ne sais pas d’homme plus étonnant que vous, mon cher Bigand, et cela, je l’écrirai, quelque jour, le plus somptueusement que je pourrai.

Votre amitié, que je n’avais pas prévue et que j’ai dû croire envoyée du ciel, est certainement une des rares merveilles qu’il m’aura été donné de voir sur terre.

À l’exception de notre grand peintre Henry de Groux, quidonc est descendu aussi profondément que vous et d’aussi bon cœurdans ma fosse noire ? Souvenez-vous que vous fûtes mon hôte,quand j’habitais la maison sans nom, la maison de putréfaction etde désespoir que j’ai essayé de peindre et dont vous avez,j’imagine, emporté l’horreur dans la splendide et sanglanteAsie.

À vous donc, cher ami, ce douloureux livre qui me fut dictépar l’énergie de votre âme et qui serait, sans doute, unchef-d’œuvre, si je n’en étais pas l’auteur.

Que Dieu vous garde du feu, du couteau, de la littératurecontemporaine et de la rancune des mauvais morts !

Grand-Montrouge, mercredi des Cendres,1897.

LÉON BLOY.

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