C’était écrit

Chapitre 58

 

Lady Harry et Fanny Mire entretenaient unecorrespondance suivie, c’était au tour de celle-ci de prendre laplume, mais elle attendait pour écrire à avoir lu à tête reposée lapremière lettre de sa maîtresse, lettre annonçant son arrivée enAngleterre et l’étrange surprise qui l’y attendait.

Avant de quitter Paris, lady Harry avaittélégraphié à Mme Vimpany de la venir attendre à lagare. Les premières paroles de la voyageuse furent pour s’informerde la santé de son père. Sur la réponse qu’il ne s’était jamaismieux porté, Iris fut aussi heureuse qu’étonnée d’apprendre que ledanger fût si vite conjuré. Mme Vimpany s’empressade donner les explications suivantes :

« La maladie de M. Henley, dit-elle,n’a jamais présenté l’ombre d’un danger. J’ai lu dans un journalqu’il avait eu un accès de goutte, rien de plus. Je reconnais quec’est mal, très mal à moi, de vous avoir induite en erreur, maispour fâcheuse que fût la nouvelle, elle avait cependant sa raisond’être. Entre l’alternative de sauver sa conscience ou de voir ladyHarry à la merci de ceux qui semblaient acharnés contre elle,l’hésitation n’était plus possible. Oh ! ne repartez pas, degrâce », dit-elle d’une voix émue.

Iris s’empressa de la rassurer, ajoutantqu’elle n’avait point l’intention de retourner à Passy tant que ledocteur et son malade y séjourneraient. La compassion deMme Vimpany, son regret d’avoir jonglé avec lavérité, sa contrition, en un mot, touchèrent le cœur de lady Harry,qui avait horreur du mensonge.

Fanny Mire relut avec une attention extrême lepassage de la lettre où lady Harry racontait sa première entrevueavec Montjoie, et sa très vive satisfaction en revoyant l’ami deson enfance fit penser, à Fanny, qu’il passerait bien de l’eau sousle pont avant que sa maîtresse revînt à Passy ; elle en inféraque les actions de Montjoie étaient en hausse et celles de lordHarry en baisse ! En réalité, lady Harry se bornait à demanderà Fanny s’il était toujours en aussi bons rapports avec cerastaquouère de Vimpany. Après tout, lady Harry pouvait sedispenser de confier à une simple servante les sentiments vraisqu’elle éprouvait pour son mari. Tout compte fait, la santé duDanois paraissait justifier les prévisions optimistes du docteur etde son complice.

Or Fanny, sans démordre de ses craintes, etplus résolue que jamais à tenir lady Harry à l’écart, gardait ausujet de la santé de M. Oxbye « de Conrart le silenceprudent ».

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