C’était écrit

Chapitre 73

 

C’était fini ! Iris avait restituél’argent en son nom. Elle habitait désormais une petite maison avecFanny qu’elle appelait sa cousine ; elle ne sortait pour ainsidire jamais. Tout était devenu pour elle un sujet d’effroi. Elletremblait d’entendre un cri poussé derrière elle, de lire unjournal, d’apprendre que lord Harry était arrêté sous inculpationde vol.

Or, un jour, elle entend des pas d’hommerésonner sur les marches de l’escalier ; à ce bruit, elledevient blême ;… elle s’attendait à voir paraître un agent depolice. Rien de ce genre ne la menaçait, mais la voix de laconscience l’avait rendue peureuse.

C’était Montjoie !

« J’ai découvert le lieu de votre refuge,dit-il, grâce à Fanny Mire, qui savait qu’aucune indiscrétionn’était à craindre de ma part lorsqu’il s’agit de vous. Pourquoivous cachez-vous, Iris ?

– Vous ne savez pas tout, Hugues,autrement vous ne m’auriez pas adressé cette question,hélas !

– Je sais tout, Iris, absolument tout,aussi suis-je venu vous demander de quitter ce logis,… de reprendrevotre nom… Vous n’avez pas lieu de vous cacher. Vous avez quittéPassy avant que cet acte criminel eût été perpétré. Vous êtesrevenue après les obsèques ; vous êtes allée chez l’avouéchargé de faire vos affaires. Or vous n’avez absolument rien àcraindre. »

Nous ferons observer au lecteur que Huguesn’avait pas eu connaissance de la lettre écrite au conseild’administration de la Compagnie d’assurances sur la vie, dont il aété question, plus haut.

« Savez-vous quelque chose relativement àl’argent ? demanda Iris.

– Certainement ; vous avez restituétout ce que vous pouviez : 125 000 francs, cela suffit àétablir votre innocence.

– Hugues, vous savez que je suiscoupable ?

– Écoutez-moi, le monde sera d’un autreavis ; en tout cas, vous pouvez aller et venir sans crainte.Dites-moi quels sont vos plans ?

– Je n’en ai aucun. Tout ce que jesouhaite, c’est de me faire oublier.

– Nous parlerons de cela tout àl’heure ; sachez, d’abord, que je vous apporte desnouvelles.

– Ciel ! quellesnouvelles ?

– Des nouvelles excellentes, destinées àvous causer une vive surprise.

– Je ne sache pas qu’il puisse y avoir debonnes nouvelles pour moi.

– Votre mari a restitué la somme encoredue à la Compagnie.

– Quoi ! que dites-vous ?s’écrie Iris.

– Tout est payé. Il a écrit deux lettres,l’une aux avoués l’autre à la compagnie. Celle-ci ayant accepté lerecouvrement, vous êtes à l’abri des poursuites. La seule chose quel’on puisse faire, c’est de s’en prendre à la maison Erskine. Toutela question est là. Une fraude a été commise, mais par qui ?Je ne me rends pas bien compte de la chose, ni des conséquencesqu’elle peut avoir. Seulement, les gens compétents m’ont assuré quenous n’avions absolument rien à craindre. Tout estfini ! »

Iris pousse un profond soupir etmurmure :

« Alors, il est en sûreté ?

– Oh ! s’écria Hugues avec jalousie,c’est à lui que vous pensez d’abord, oui, il est en sûreté,… loinde l’Angleterre où il ne doit jamais plus remettre les pieds. Quantau docteur Vimpany, dont je ne peux prononcer le nom avec calme, ilest destiné à subir un jour ou l’autre le sort qui attend sespareils : n’importe où qu’il aille, il ne cessera de tremblerpour sa vie.

– Vous me dites que pour mon proprecompte je n’ai rien à redouter, reprit Iris, et que l’opinionpublique m’absout ; mais moi je sais que je devrais rentrersous terre de honte ;… en ce disant, elle se couvrit le visagede ses mains.

– Iris, nous savons les raisons qui vousont décidée à accepter le rôle que vous avez joué. À quoi bon enparler davantage. À partir de maintenant, c’est une question àjamais fermée entre nous. Il nous reste à décider ce que vousvoulez faire et où vous souhaitez demeurer ?

– Je l’ignore absolument. Fanny est avecmoi et Mme Vimpany ne demande qu’à venir se joindreà nous. Je suis riche, du moment que je puis compter sur ledévouement de deux femmes et d’un ami.

– Si vous estimez ainsi vos richesses, machère Iris, vous êtes assurée de rouler toujours sur l’or et surl’argent. Je tiens à vous dire que je possède une villa, loin deLondres, en Écosse. C’est une vraie solitude, mais la maison estjolie, le jardin agréable et l’on y jouit d’une vue de mer superbe.Je vous offre cette villa,… dites oui et passez tout le temps quevous voudrez.

– Non,… non… je ne puis accepter votreoffre généreuse.

– Ma chère Iris, il le faut, je vous ledemande comme une preuve d’amitié et rien autre ;… il n’y aqu’une chose que je redoute pour vous, c’est la solitude.

– Hélas ! je dois m’y habituer.

– Vous n’aurez là aucun voisin, aucunesociété…

– De la société ? Ciel ! c’estfini pour moi.

– Parfois, je m’installe dans levoisinage, pour la pêche au saumon ; vous me permettrez biende venir prendre de vos nouvelles ?

– Qui donc a autant de droit que vous àfaire visite à la pauvre ermite.

– Alors vous acceptez ?

– Oui, je sens que je le dois etj’accepte votre proposition avec la plus vivereconnaissance. »

Le lendemain, Iris partait pour l’Écosse parle train de nuit, emmenant avec elle Mme Vimpany etFanny Mire.

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