15 – Le lierre et le thym
Que je te plains, petite plante !
Disait un jour le lierre au thym :
Toujours ramper, c’est ton destin ;
Ta tige chétive et tremblante
Sort à peine de terre, et la mienne dansl’air,
Unie au chêne altier que chérit Jupiter,
S’élance avec lui dans la nue.
Il est vrai, dit le thym, ta hauteur m’estconnue ;
Je ne puis sur ce point disputer avectoi :
Mais je me soutiens par moi-même ;
Et, sans cet arbre, appui de ta faiblesseextrême,
Tu ramperais plus bas que moi.
Traducteurs, éditeurs, faiseurs decommentaires,
Qui nous parlez toujours de grec ou delatin
Dans vos discours préliminaires,
Retenez ce que dit le thym.