12 – La coquette et l’abeille
Chloé, jeune, jolie, et surtout fortcoquette,
Tous les matins, en se levant,
Se mettait au travail, j’entends à satoilette ;
Et là, souriant, minaudant,
Elle disait à son cher confident
Les peines, les plaisirs, les projets de sonâme.
Une abeille étourdie arrive enbourdonnant.
Au secours ! Au secours ! Crieaussitôt la dame :
Venez, Lise, Marton, accourezpromptement ;
Chassez ce monstre ailé. Le monstreinsolemment
Aux lèvres de Chloé se pose.
Chloé s’évanouit, et Marton en fureur
Saisit l’abeille et se dispose
À l’écraser. Hélas ! Lui dit avecdouceur
L’insecte malheureux, pardonnez monerreur ;
La bouche de Chloé me semblait une rose,
Et j’ai cru… ce seul mot à Chloé rend sessens.
Faisons grâce, dit-elle, à son aveusincère :
D’ailleurs sa piqûre est légère ;
Depuis qu’elle te parle, à peine je lasens.
Que ne fait-on passer avec un peud’encens !